Messe pour les politiciens italiens: la plaie de la corruption

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500 députés, sénateurs et ministres italiens à Saint-Pierre

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Le pape Français appelle les politiciens à rester proches du peuple, sans céder aux « intérêts de partis » et aux « luttes internes », qui font « glisser vers la corruption ». Car une fois entré dans la corruption, « il est si difficile de changer de route ».

Il met aussi en garde contre la « théologie du devoir » où « il n’y a pas de place pour le Seigneur ».

Le pape François a célébré la messe en présence de quelque 500 députés, sénateurs et ministres italiens, ce matin, 27 mars 2014, en la basilique Saint-Pierre, à l’autel de la Chaire de Saint-Pierre : neuf ministres et les présidents du Sénat, Pietro Grasso, et de la Chambre des députés, Laura Boldrini, étaient présents.

Dans son homélie, le pape a commenté l’Évangile, soulignant le fossé entre Jésus et « une classe dirigeante qui s’était éloignée du peuple, qui l’avait abandonné » pour suivre « sa propre idéologie », ses « intérêts de partis », ses « luttes internes ».

Tout autant de priorités qui font « glisser vers la corruption », a-t-il mis en garde : « Le cœur de ces personnes s’était tellement endurci avec le temps qu’il leur était impossible d’entendre la voix du Seigneur. Et de pécheurs, ils ont glissé, ils sont devenus corrompus. »

« Il est si difficile pour un corrompu de changer de route. Le pécheur, oui… Mais le corrompu est fixé sur les choses ». Il devient aveugle : dans l’Évangile, ils ne reconnaissent pas le Messie et l’accusent d’être « un guérisseur des troupes de Satan… Jésus, par sa simplicité, par la force de Dieu, les dérangeait ».

« Ils se sont trompé de route. Ils ont résisté au salut d’amour du Seigneur et ont glissé de la foi, d’une théologie de foi, à une théologie du devoir », a poursuivi le pape.

Dans la première lecture, le prophète Jérémie exprime les lamentations de Dieu envers ces « corrompus » : « ils n’ont pas écouté, ils n’ont pas prêté l’oreille, ils ont suivi les mauvais conseils de leur cœur obstiné », selon le prophète Jérémie. 

« Ils ont refusé l’amour du Seigneur et ce refus les a conduits sur la route de la logique de la nécessité, où il n’y a pas de place pour le Seigneur. » Dieu au contraire propose « la route de la dialectique de la liberté ».

« Dans la dialectique de la liberté il y a le Seigneur bon, qui aime tant ! Au contraire, dans la logique de la nécessité il n’y a pas de place pour Dieu : on doit faire, faire… » et cela enferme les hommes « dans des comportements ». Ils deviennent « hommes de bonnes manières, mais de mauvaises habitudes. Jésus les appelle ‘sépulcres blanchis’ ».

Durant le carême, le pape a invité à cet examen de conscience « Suis-je sur cette route de liberté et d’amour ? Ou bien suis-je en danger de me justifier et de suivre une autre route ? »

« Prions le Seigneur qu’il nous donne la grâce d’aller toujours par la route du salut, de nous ouvrir au salut qui vient de Dieu seul, de la foi, et non pas de ce que proposaient ces ‘docteurs du devoir’, qui avaient perdu la foi en dirigeant le peuple avec cette théologie pastorale du devoir », a-t-il conclu.

Selon Graziano Delrio, sous-secrétaire à la présidence du Conseil, « le pape a prêché sur la nécessité de rester proche du peuple », et s’il a eu « des paroles très dures sur la corruption, je les partage », a-t-il confié aux media italiens à l’issue de la messe.

A l’issue de la célébration, Laura Boldrini a publié un tweet où elle estime que face au message « cinglant » du pape François, les classes dirigeantes « ne doivent pas se retrancher, mais être capables d’écouter et de donner des réponses ».

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Anne Kurian-Montabone

Baccalauréat canonique de théologie. Pigiste pour divers journaux de la presse chrétienne et auteur de cinq romans (éd. Quasar et Salvator). Journaliste à Zenit depuis octobre 2011.

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