Message pour la Journée Mondiale du Tourisme 2008 (27 septembre)

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« Le Tourisme relève le défi du changement climatique »

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ROME, Lundi 29 septembre 2008 (ZENIT.org) – Voici le Message du Saint-Siège pour al Journée 2008 du Tourisme.

Conseil Pontifical pour la Pastorale des Migrants

et des Personnes en Déplacement

Message pour la Journée Mondiale du Tourisme 2008 (27 septembre)

Thème : Le Tourisme relève le défi du changement climatique

            La Cité du Vatican est devenue le premier Etat souverain « à zéro émission» d’anhydride carbonique (C02) avec la création, en 2007, d’une zone boisée en territoire hongrois, lui appartenant. Ce plan, visant à régénérer la végétation, constitue un engagement écologique significatif vis-à-vis de notre planète, de la part de l’Eglise catholique dans son expression la plus haute. Un témoignage supplémentaire indiquant combien ce problème tient à cœur au Saint-Siège est fourni par le projet d’un équipement photovoltaïque à panneaux solaires qui procurera à la Cité du Vatican une quantité d’énergie quotidienne couvrant une partie importante de sa consommation totale. Il s’agit là de deux exemples concrets qui doivent faire réfléchir au difficile avenir écologique concernant les changements climatiques de la planète, au fléau de la déforestation et au phénomène du réchauffement du globe.

            1. A cet égard, pour en venir à notre thème spécifique, précisément le tourisme est un des vecteurs des changements climatiques, dans la mesure où il contribue au processus du réchauffement de la Terre (cf. Discours du Secrétaire Général de l’OMT, mars 2007). En effet, considérant qu’actuellement 900 000 personnes se rendent en voyage touristique à l’étranger (et l’on prévoit qu’elles seront 1, 6 milliard en 2020), leurs déplacements, par avion, par mer et par terre, utilisent des carburants polluants et les hôtels qui les accueillent, avec des équipements à air conditionné, provoquent des émissions de gaz nocifs.

            Certes, il ne s’agit pas seulement du tourisme, car de nombreuses autres activités entraînent la pollution, le réchauffement global et, en conséquence, un appauvrissement de l’atmosphère, avec des effets négatifs sur le climat et l’environnement. De fait, nous pouvons dire que nous nous trouvons face à une phase précaire et délicate de l’histoire de l’humanité, à un carrefour. Devant nous s’ouvrent les deux routes proverbiales du bien et du mal, comme nous l’enseigne la Bible (cf. Dt 30, 15 ; 1 Jn 3, 14).

            Ainsi, le texte de la Genèse relatif à la création a certes été l’inspirateur de traités qui gouvernent le monde, mais il a pratiquement été oublié, comme le démontrent les décisions tardives des peuples pourtant les plus avancés en matière d’écologie globale, de même que les efforts timorés de ceux qui hésitent a ratifier certains protocoles internationaux tendant à la conservation de l’environnement et à la réduction d’émission d’anhydride carbonique.

            Si, en revanche, nous écoutions la Parole de Dieu dans sa vérité, sa beauté et sa poésie (Gn 1, 1-31), l’univers nous apparaîtrait comme une offrande à conserver, un don, un « Eden » où tout se conjugue dans l’harmonie et dans la joie de vivre. La Terre est un jardin, un lieu où les créatures louent l’amour de Celui qui les a créées et où l’équilibre est la norme, dans l’extase précisément d’un jardin florissant où abondent les fruits, les arbres et la vie.

            Mais là où régnait la beauté, contemplée par l’Auteur sacré inspiré, la porte, en régime de liberté sans vérité ni amour, demeure ouverte à l’horreur et au péché : l’équilibre a laissé la place au désordre ; la paix est attaquée par la violence, la torture et la guerre ; après la végétation luxuriante viennent sécheresse et catastrophes ; là où brillait la lumière qui alternait avec les ténèbres pour scander les temps du travail et du repos, nous trouvons l’excès, la confusion rythmée et le chaos ; là où régnait le dialogue de l’amour entre l’homme et la femme dans la paix des sens, dominent le péché, l’accusation d’Adam contre Eve, son épouse, l’inimitié, le crime fratricide, le déluge.

            Le jardin est alors devenu un désert, les fleurs se sont fanées, l’eau a englouti et détruit ce qu’elle a trouvé sur son chemin diluvial grandissant, tandis que d’autres obstacles se sont élevés, les bombes ont formé des cratères, la contemplation s’est transformée en usurpation, le dialogue est devenu monologue de toute-puissance, les frères on réduit leurs frères en esclavage et les peuples n’ont plus trouvé l’arbre de la vie dans le Jardin, car ils ont mangé du fruit de l’arbre du bien et du mal.

            2. Mais quel est pour nous le chemin du bien écologique pour nous opposer au changement climatique néfaste, thème de notre Journée cette année ? Le grand défi semble consister à surmonter un certain narcissisme malsain, à combattre l’égoïsme et à regarder avec lucidité et honnêteté la terre qui risque d’être détruite. Nous ne voulons pas dire par-là que l’homme doit se laisser abattre par la déception ; au contraire, cela signifie qu’il doit assumer ses responsabilités aux niveaux individuel et collectif, pour recréer l’harmonie possible après le péché originel et faire en sorte que la planète suive son cycle vital, en l’aidant en cela. Concrètement, cela signifie ne pas contribuer davantage encore à l’augmentation du réchauffement global, par des actions humaines concertées ou inconscientes, porteuses d’une ruine prématurée. Le mal réside dans les structures ou les choses qui accélèrent la pollution, sans qu’on prenne garde à la voix intérieure de l’homme qui l’invite à se rendre compte des limites, sans évaluer les décisions à prendre dans un horizon de fraternité et de bienveillance miséricordieuse envers les générations à venir et le bien commun universel, dans une perspective d’avenir. Il n’est pas juste que les êtres humains provoquent la fin de la Terre et de la succession des générations par négligence ou à cause de décisions égoïstes et de consommation exaspérée, comme si les autres, ceux qui viendront après nous, ne comptaient pas. Il existe, en somme, un égoïsme face au futur qui se révèle dans le manque de pondération et de perspective, dans l’indolence et l’abandon.

            3. Quel est alors l’appel qui jaillit ici, pour nous, pour la pastorale du tourisme, inspirés par le thème qui nous est proposé par l’Organisation Mondiale du Tourisme et que nous voulons accueillir ? C’est celui de cultiver l’éthique de la responsabilité, de la part de tous – et pour nous en particulier de la part des touristes. Ce type d’éthique implique aussi le respect du futur et des conditions écologiques et climatiques capables de le rendre possible.

            Concrètement encore, nous souhaitons la contribution de tous, par conséquent des touristes aussi, dans le cycle de la Terre où nous vivons, afin que l’on prête attention aux comportements et aux actions concertées, qui nuisent le moins possible à la planète, au-delà des plaintes, bien que légitimes, portant sur le déséquilibre, les dommages et un éventuel naufrage.

            Le touriste – au service duquel nous proposons une pastorale spécifique – par son attitude peut, en effet, contribuer à maintenir en vie la planète et à freiner l’escalade d’un changement climatique qui nous alarme. On peut donc choisir – il existe toujours deux voies devant nous – d’être touriste contre la terre ou en sa faveur, par exemple en marchant à pied, en préférant les hôtels et les lieux d’accueil plus en contact avec la nature, en emportant moins de bagage, afin que les moyens de transport émettent moins de quanti
té d’anhydride carbonique, en éliminant les déchets de façon appropriée, en consommant des repas plus « écologiques », en plantant des arbres pour neutraliser les effets polluants de nos voyages, en préférant les produits de l’artisanat local à d’autres plus coûteux et nocifs, en se servant de matériaux recyclables ou biodégradables, en respectant la législation locale et en mettant en valeur la culture du lieu que nous visitons.

            Nous avons parlé concrètement, en osant présenter des propositions idéales, que peut-être tous ne partagent pas, et des solutions capables de moins nuire à la nature, en écoutant la voix de Celui qui frappe à la porte, et qui nous encourage à mettre en œuvre de nouvelles façons de faire du tourisme, le tourisme durable.

            4. Dans cette logique « écologique », il est extrêmement important de revenir au sens de la limite, contre le progrès fou et à tout prix, en fuyant l’obsession de posséder et de consommer. Le sens de la limite se cultive aussi lorsque l’on reconnaît l’altérité entre semblables et la transcendance du Créateur par rapport à ses créatures. Il existe quand nous ne prenons pas la place de ceux qui sont à côté de nous et quand nous accordons aux autres les droits que nous réclamons pour nous. Cela signifie que nous nous ouvrons à la conscience de la fraternité sur une Terre qui est à tous et pour tous, aujourd’hui et demain.

            Chaque être humain – et le chrétien davantage encore – doit répondre de la planète durable, de la qualité de notre terre, qui sera aussi celle des prochaines générations. Tous les touristes, de même que toute la communauté internationale, devraient donc respecter et encourager une culture « verte » respectueuse de l’environnement, caractérisée, pour nous chrétiens en particulier, par les valeurs éthiques, au-delà des valeurs morales. Le livre de la Genèse parle d’un commencement où Dieu place l’homme comme gardien de la terre, pour la faire fructifier. Nos frères musulmans voient en lui le « majordome » de Dieu.

            Par ailleurs, quand l’homme oublie d’être un fidèle serviteur de Dieu et de la terre, celle-ci se rebelle et devient un désert qui menace la survie. Il faut donc construire des liens forts entre les diverses générations afin que l’avenir soit possible ; il faut développer une austérité joyeuse, en choisissant ce qui n’est pas transitoire ni périssable. Il est nécessaire de cultiver la charité envers la terre aussi, en désarmant la logique de la mort et en encourageant l’amour pour ce cher espace qui nous appartient à tous, dans la mémoire du don, dans la responsabilité de chaque instant et dans le service constant de la fraternité, notamment en vue de ceux qui viendront après nous. De la sorte, une culture du tourisme responsable se développera aussi à l’égard des changements climatiques.

            Ce sont notre vœu et notre souhait, pour lesquels nous élevons notre prière en cette année de grâce 2008.

 

 

Renato Raffaele Cardinal Martino

Président                                                                          

+ Archevêque Agostino Marchetto

Secrétaire

Du Vatican, le 18 Juin 2008

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ZENIT Staff

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