« Merci aux réfugiés irakiens », par l’archevêque maronite de Damas

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L’Eglise de Damas salue la fécondité de la présence de chrétiens irakiens

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ROME, Mercredi 9 mars 2011 (ZENIT.org) – Nous publions ci-dessous une lettre de l’archevêque maronite de Damas (Syrie), Mgr Samir Nassar, qui salue le dynamisme des chrétiens irakiens réfugiés en Syrie, qui « renforcent la foi chrétienne en Syrie en apportant un nouveau souffle à nos paroisses ».

Dans cette lettre intitulée « Merci aux réfugiés irakiens », il revient sur ces « missionnaires ambulants qui ont marqué l’Eglise » du pays et qui, malgré un avenir incertain, la perte de proches, les difficultés du quotidien, la pauvreté, vivent « la foi et l’espérance chrétienne ».

* * *

La Syrie a facilité l’accueil des réfugiés irakiens. Ils sont venus par milliers, surtout à Damas, et continuent à venir par dizaines et centaines pour fuir la mort et les violences dont ils sont victimes depuis 2003. Les services des Nations Unies organisent leur exode vers d’autres cieux plus cléments… En attendant d’obtenir leur visa, ces réfugiés irakiens restent à Damas quelques fois deux à trois ans et parfois plus.

Ces chrétiens bien formés, pieux et pratiquants se réfugient dans la Foi et l’Espérance chrétienne. ILS REMPLISSENT NOS EGLISES, dynamisent nos paroisses et renforcent la Foi chrétienne en Syrie en apportant un nouveau souffle à nos paroisses :

Pratiquants quotidiens, les réfugiés Irakiens sont assidus à la messe de chaque jour venant de loin, à pieds ou en transport public.

Demandant la confession avant la communion, ces réfugiés ont accéléré le retour au confessionnal qui retrouve les queues d’attente.

Leur dévotion pour les Saints et vénération de la Vierge relance les fabriques de cierges et les oratoires des Saints à l’intérieur comme à l’extérieur des églises qui sont illuminées jours et nuits.

Leurs enfants sont nombreux aux classes de catéchisme et de première communion. Leurs jeunes s’engagent dans les chorales des différentes Eglises et Liturgies.

La guerre a répandu assez vite l’informatique en Irak. Ces réfugiés débarqués à Damas sont bien familiers avec l’Internet et le web. Ils ont mis leur savoir généreusement au service des paroisses et des communautés. Ainsi, grâce à eux, nos paroisses se sont dotées de sites Internet et de websites, instrument d’avant-garde au service de l’évangélisation à l’échelle universelle.

Poussés par une forte piété, ils se bousculent par dizaines, deux à trois fois par semaine, pour faire le grand ménage de la cathédrale et de la place de l’Eglise et ceci jusqu’à l’obtention de visa. Avant de voyager, ils assurent la relève de cette activité.

Ils sont présents dans les soirées de prière, l’Adoration eucharistique, les pèlerinages et les processions dans les rues de Damas pendant la Semaine Sainte et surtout le mois de Mai. Leur dynamisme spirituel attire les autres communautés, un de nos prêtres donne un coup de main à la paroisse chaldéenne.

Malgré leur pauvreté et leur condition de vie précaire, ils sont généreux et vivent le partage. Il faut les voir à la sortie des messes offrir et donner avec joie, sourire et larmes.

Ils vivent les moments les plus intimes dans le silence devant le Saint-Sacrement, en tête-à-tête avec le Seigneur. Pendant des heures, pleurer des proches disparus et s’interroger sur l’avenir. Et chercher à comprendre POURQUOI.

Ils se présentent nombreux à l’archevêché, chaque semaine, pour dire au-revoir avant de voyager vers l’inconnu, et des fois en ordre dispersé : les parents vers l’Australie, les enfants vers le Canada. Même en terre d’exil ils ne doivent plus vivre en famille. Un déchirement encore plus douloureux.

Ces réfugiés Irakiens qui ne font que passer à Damas sont des missionnaires ambulants qui ont marqué l’EGLISE DE SYRIE qui les regarde passer et S’INTERROGE SUR SON PROPRE AVENIR.

Le Synode des chrétiens d’Orient fut une chance et un espoir sans toutefois arrêter l’hémorragie et l’exode. Ces réfugiés missionnaires dispersés dans les quatre coins du monde ne sont liés entre eux que par la prière et l’Internet qu’ils maîtrisent, coupés de leurs racines et devant le crépuscule de leur Eglise. Pourraient-ils, ces réfugiés Irakiens, avec leur vitalité religieuse, apporter un souffle nouveau aux Eglises d’Occident qui les accueillent ?

Damas 2011.

+ Samir NASSAR

Archevêque maronite de Damas

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ZENIT Staff

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