Audience aux mercédaires, 2 mai 2016 - L'OSSERVATORE ROMANO

Mercédaires: "Pour libérer, nous faire petits" (traduction complète)

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8e centenaire de l’ordre des Mercédaires, audience du pape François

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« Pour libérer, nous devons nous faire petits », explique le pape François dans sa méditation sur le charisme des Mercédaires.
Le pape François a en effet reçu en audience, dans la Salle du Consistoire du Vatican, lundi 2 mai, quelque 50 membres du chapitre général de l’Ordre de Notre-Dame-de-la-Merci (Mercédaires) qui célèbrent le huitième centenaire de leur Ordre.
Cet ordre religieux a été fondé en 1218 à Barcelone (Espagne), par saint Pierre Nolasque (1180/1182-1245, dont la fête est le 6 mai), originaire du Languedoc (France), pour racheter les chrétiens captifs des pirates maures et réduits en esclavage. A l’époque, les incursions des pirates « barbaresques » étaient fréquentes en Méditerranée et de nombreux chrétiens étaient enfermés dans des cachots. Aujourd’hui, les Mercédaires secourent les captifs au sens large, visitant les prisonniers et les malades. Six des neuf provinces de l’Ordre sont latino-américaines : Pérou, Chili, Argentine, Equateur, Mexique et Brésil. Les trois autres sont européennes: deux espagnoles et une italienne.

« Le prophète, a dit notamment le pape, sait aller dans les périphéries dont il doit s’approcher avec un bagage léger. L’Esprit est un vent léger qui nous pousse en avant. Évoquer ce qui a poussé vos pères et vers où ils ont été portés vous engage à suivre leurs pas. Ils ont été capables de rester en otages à côté du pauvre, du marginal, de l’exclu de la société pour lui apporter la consolation, souffrant avec lui, complétant dans leur chair ce qui manque à la passion du Christ. Et cela tous les jours, dans la persévérance, dans le silence d’une vie donnée librement et généreusement. »
Il a indiqué le chemin : « Les suivre, c’est accepter que, pour libérer, nous devons nous faire petits ; nous unir au prisonnier, dans la certitude qu’ainsi, non seulement nous réaliserons notre détermination à racheter, mais que nous trouverons nous aussi la vraie liberté parce que, dans le pauvre et dans le prisonnier, nous reconnaissons la présence de notre Rédempteur. »
Voici notre traduction complète de l’allocution du pape François.
A.B.
Discours du pape François
Chers frères et sœurs,
Je vous souhaite la bienvenue et je remercie le père Pablo Bernardo Ordone pour les paroles qu’il m’a adressées. Je confie au Seigneur les travaux de cette assemblée capitulaire et les projets de bienfaisance programmés pour les six années à venir, remettant à la protection maternelle de Notre Dame de la Merci le nouveau groupe de gouvernement qui naîtra de vos délibérations.
Sous le titre de « L’Ordre de la Merci : mémoire et prophétie dans les périphéries de la liberté », vous abordez ce Chapitre général qui s’ouvre par la prochaine célébration du huitième centenaire de l’Ordre. Une mémoire qui évoque les grandes entreprises réalisées en ces huit siècles : l’œuvre de rachat des prisonniers et la mission audacieuse dans le Nouveau Monde, ainsi que de nombreux membres illustres par leur sainteté et par leurs lettres qui ornent votre histoire. Il y a certainement beaucoup à rappeler et cela nous fait du bien de nous souvenir.
Cependant ce souvenir ne doit pas se limiter à une exposition du passé, mais il doit être un acte serein et conscient qui nous permette d’évaluer nos succès, sans oublier nos limites et surtout d’affronter les défis que nous pose l’humanité. Ce chapitre peut être une occasion privilégiée pour un dialogue sincère et utile qui ne s’arrête pas sur le passé glorieux, mais qui examine les difficultés rencontrées sur ce chemin, les hésitations et aussi les erreurs. La vraie vie de l’Ordre doit être recherchée dans un effort constant pour s’adapter et se renouveler, afin de pouvoir donner une réponse généreuse aux besoins réels du monde et de l’Église, en vous gardant fidèles à ce patrimoine pérenne dont vous êtes dépositaires.
C’est dans cet esprit que nous pouvons parler réellement de prophétie, nous ne pouvons pas le faire autrement. Parce qu’être prophètes, c’est prêter notre voix humaine à la Parole éternelle, nous oublier nous-mêmes afin que ce soit Dieu qui manifeste sa toute-puissance dans notre faiblesse. Le prophète est un envoyé, il est oint, il a reçu un don de l’Esprit pour le service du saint peuple de Dieu. Vous aussi, vous avez reçu un don et vous avez été consacrés pour une mission qui est une œuvre de miséricorde : suivre le Christ en apportant la bonne nouvelle de l’Évangile aux pauvres et la libération aux prisonniers (cf. Lc 4,18).
Chers frères, notre profession religieuse est un don et une grande responsabilité, parce que nous la portons dans des vases d’argile. Ne nous fions pas à nos seules forces sans nous confier toujours à la miséricorde divine. La vigilance et la persévérance dans la prière, pour cultiver notre vie intérieure, sont les piliers qui nous soutiennent. Si Dieu est présent dans notre vie, la joie de porter son Évangile sera notre force et notre bonheur. Dieu nous a aussi appelés à le servir à l’intérieur de l’Église et à l’intérieur de la Communauté. Soutenez-vous sur ce chemin commun ; que la communion fraternelle et la concorde dans vos bonnes actions témoignent, avant les paroles, du message de Jésus et de son amour pour l’Église.
Le prophète sait aller dans les périphéries dont il doit s’approcher avec un bagage léger. L’Esprit est un vent léger qui nous pousse en avant. Évoquer ce qui a poussé vos pères et vers où ils ont été portés vous engage à suivre leurs pas. Ils ont été capables de rester en otages à côté du pauvre, du marginal, de l’exclu de la société pour lui apporter la consolation, souffrant avec lui, complétant dans leur chair ce qui manque à la passion du Christ (cf. Col 1,24). Et cela tous les jours, dans la persévérance, dans le silence d’une vie donnée librement et généreusement. Les suivre, c’est accepter que, pour libérer, nous devons nous faire petits ; nous unir au prisonnier, dans la certitude qu’ainsi, non seulement nous réaliserons notre détermination à racheter, mais que nous trouverons nous aussi la vraie liberté parce que, dans le pauvre et dans le prisonnier, nous reconnaissons la présence de notre Rédempteur.
En ce huitième centenaire de votre Ordre, ne cessez pas de « proclamer une année de grâce du Seigneur » à tous ceux auxquels vous avez été envoyés : aux persécutés à cause de leur foi et à ceux qui ont été privés de leur liberté, aux victimes de la traite et aux jeunes de vos écoles, à ceux que vous assistez dans vos œuvres de miséricorde et aux fidèles des paroisses et des missions qui vous ont été confiées par l’Église. À chacun d’eux et à la famille mercédaire tout entière, je donne ma bénédiction et je vous demande aussi de ne pas oublier de prier pour moi.
© Traduction de Zenit, Constance Roques

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Constance Roques

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