Mémorandum des évêques polonais sur la collaboration avec la Police secrète

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Entretien avec le cardinal Stanislaw Dziwisz

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ROME, Dimanche 3 septembre 2006 (ZENIT.org) – Vendredi 25 août, la conférence épiscopale polonaise a rendu public un « Mémorandum sur la collaboration de certains prêtres avec les organes de sécurité de la Pologne au cours des années 1944-1989 », un texte long et bien construit.

Le Mémorandum a été effectué sur la base des indications fournies par la Commission « mémoire et sollicitude » composée de prélats et d’historiens.

A travers cette instruction théologique et pastorale, la conférence épiscopale polonaise cherche a fournir des critères de discernement pour un phénomène qui, dans la grande majorité des cas, a été déterminé par la situation de chantage que le régime réussissait à mettre en œuvre également à l’égard de certains prêtres.

En Pologne, les médias publient chaque jour des articles et des services de presse sur de présumés collaborateurs du régime. En Italie, la nouvelle s’est répandue à travers une agence de presse, selon laquelle l’Eglise polonaise demanderait aux présumés collaborateurs de la Police secrète de « renoncer au sacerdoce ».

Afin de mieux comprendre et d’apporter des éclaircissements sur cette affaire, Zenit a interviewé le cardinal Stanislaw Dziwisz, ancien secrétaire de Jean-Paul II, archevêque de Cracovie. (Propos recueillis pour Zenit par Wlodzimierz Redzioch).

Q : Eminence, vendredi dernier l’épiscopat polonais a publié le Mémorandum sur la question de la collaboration de certains membres du clergé avec les organes de sécurité en Pologne au cours des années du régime communiste. De quoi s’agit-il ?

Card. Dziwisz : Il s’agit d’un document préparé par la Commission « Mémoire et sollicitude » que j’ai convoquée en concomitance avec ce que l’on appelle la « vérification de la collaboration » (lustracja) du clergé, à Cracovie et dans d’autres villes de Pologne. En effet, après l’ouverture des archives des services de sécurité communistes, on a constaté qu’un certain nombre de prêtres, religieux ou religieuses auraient collaboré avec ces derniers. Dans certains cas cependant il s’agissait d’accusations fausses basées sur une documentation fausse provenant de ces mêmes services. Il a été préparé une sorte d’« instruction » de type théologique et pastoral, qui explique quel est le niveau moral des diverses formes de collaboration et comment l’Eglise doit se comporter à l’égard des membres du clergé incriminé.

Q : A quelles conclusions est-on parvenu ?

Card. Dziwisz : Le document est relativement long, ainsi il est difficile de le résumer en deux mots. Avant tout, il a été clairement affirmé que chaque collaboration délibérée et libre avec les organes de sécurité communiste est un péché. Au plus il s’agit là d’un péché public. En conséquence, une personne qui souhaiterait se voir ôter cette faute devrait la confesser en conscience, devant Dieu et les hommes auxquels le mal a été fait et qui ont subi le préjudice. La personne devrait ensuite demander pardon et réparer le mal. Le « Mémorandum » rappelle toutefois que tout cela doit conduire à la conversion et non à la damnation, au pardon et non à la haine et à la vengeance.

Q : A propos du clergé, qu’est-ce que cela signifie de manière concrète ?

Card. Dziwisz : Un prêtre devrait spontanément confesser à son évêque, ou s’il s’agit d’un religieux à ses supérieurs, d’avoir collaborer avec les communistes, en en donnant les raisons, en présentant le type de contacts et les éventuels dommages faits aux autres. Ensemble ils décideront comment expier et réparer le scandale public. Dans certains cas, il sera probablement nécessaire que ceux qui assument une charge dans l’Eglise (notamment une charge importante), démissionnent de cette charge. En tout état de cause, ceux qui se présenteront spontanément peuvent compter sur la miséricorde et sur le pardon. Aussi parce que je ne pense pas qu’il y ait eu beaucoup de collaborateurs parmi les prêtres.

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ZENIT Staff

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