Maroc : « Le printemps est-il aussi pour l'Eglise ? », par Mgr Landel

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Réflexion de l’archevêque de Rabat

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ROME, Vendredi 8 juillet 2011 (ZENIT.org) – Nous reprenons ci-dessous l’éditorial de l’archevêque de Rabat, au Maroc, publié dans la revue diocésaine « Ensemble ». Mgr Vincent Landel, s.c.j. s’interroge sur la mission des chrétiens présents aujourd’hui dans les pays arabes en proie à de profonds changements.

Le Printemps, est-il aussi pour l’Eglise ?

En fin d’année pastorale, n’est-il pas bon de faire le point sur ce que nous avons vécu ; mais aussi sur ce que notre pays d’accueil a vécu.

Nous avons tous été surpris par les événements qui ont commencé en Tunisie et dont l’esprit s’est propagé vers le Moyen Orient et jusque vers chez nous. Dans de nombreux médias, nous avons lu ou entendu parler de ce « Printemps Arabe ». Le printemps n’est-il pas

– le temps où la nature reprend vie,

– un temps où l’on se prépare à accueillir tout ce qui jaillira de ces bourgeons;

– un temps où l’on voit jaillir des couleurs, toujours nouvelles, partout, même, parfois, au milieu des champs de rocailles!

– un temps où, même physiquement, chacun de nous se sent revivre.

C’est vrai que dans tel ou tel pays, la violence a pris le dessus ; mais nous,

– n’avons-nous pas à prendre le temps d’accueillir ce Printemps qui, en quelque sorte est déjà là…

– n’avons-nous pas à nous préparer, dans l’espérance, à accueillir cette nouvelle vie qui, pour le moment, n’est qu’à l’état de bourgeon.

Nous ne pouvons pas rester des spectateurs de tout ce qui se transforme. C’est pour nous un temps pour laisser pénétrer dans nos cœurs toutes ces informations « vérifiées » ; un temps pour lire tel ou tel texte qui va permettre de mieux gérer l’avenir. C’est vrai, beaucoup d’entre nous, nous ne sommes que de passage ; mais nous ne pouvons négliger toute cette dynamique que ce peuple qui nous accueille s’apprête à vivre. Ne soyons pas des oiseaux de mauvaise augure, intéressons-nous à tout ce qui va éclore !

Et en tant que chrétiens, n’avons-nous pas à « rendre compte de l’espérance qui est en nous » en étant au service de la paix, de la justice et de la réconciliation ! Là où nous sommes semés. Au printemps, ces bourgeons de paix de justice et de réconciliation peuvent aussi éclore !

Notre Église au Maroc n’est-elle pas aussi à un moment de printemps ; à un moment où la vie continue à jaillir, même si la terre est continuellement remuée, même si les semences que nous sommes sont en perpétuel changement. Il ne s’agit pas de mettre des graines trafiquées dans nos champs, mais les graines que nous sommes et qui n’avons que le désir de germer.

Le printemps ne se manifeste-t-il pas

– par toutes nos célébrations liturgiques qui manifestent tellement une foi vivante et dynamique

– par toutes ces préparations aux sacrements vécues dans les différentes catéchèses

– par toutes ces réflexions qui se font dans tel ou tel mouvement ou groupe informel

– par ces nombreux baptêmes ou confirmations de chrétiens étrangers

– par toute notre présence dans l’économie du pays ou dans les universités; ce témoignage gratuit n’est-il pas le plus fort….une graine semée en terre ne fait pas de bruit!

– par toutes ces rencontres que nous pouvons faire au niveau plus religieux

– par toutes cette présence auprès des migrants, mais aussi de nombreuses associations marocaines à caractère social ou éducatif

– par toute cette présence dans le domaine de la scolarisation et de la santé.

Saurons-nous nous réjouir pour ce printemps de l’Eglise auquel nous participons.

Saurons-nous, auprès des personnes que nous rencontrons, témoigner que ce printemps de l’Église est quelque chose de merveilleux. Un printemps qui peut éclater au cœur de ce monde musulman. Oui c’est un véritable printemps car notre foi est obligée de grandir !

Et en fin d’année pastorale, pour nous qui avons la grâce d’appartenir à l’Église au Maroc, aurons-nous assez d’audace pour dire sur tous les continents que nous pouvons vivre une foi vivante et vivifiante au cœur du monde l’Islam.

L’Église au Maroc ne peut que s’enrichir de ce « Printemps Arabe ».

Les mots de liberté, justice, dignité, participation, honnêteté, responsabilité…..ne sont pas vide de sens pour nous baptisés !

+Vincent LANDEL s.c.j.

Archevêque de Rabat

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ZENIT Staff

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