“Marie et l’œcuménisme”, vidéo conférence du Prof. Julian Porteous

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CITE DU VATICAN, Mardi 6 décembre 2004 (ZENIT.org) – Cette conférence sur “Marie et l’œcuménisme”, du Prof. Julian Porteous, a été présentée lors d’une vidéoconférence de la congrégation pour le Clergé (www.clerus.org) en mai dernier, nous la publions à l’occasion de la grande neuvaine de l’Immaculée Conception.

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“Marie et l’œcuménisme”, par le Prof. Julian Porteous

La Bienheureuse Vierge Marie a toujours occupé une place spéciale dans le cœur des catholiques de l’Église en Australie dans son histoire relativement brève. L’‘Église-mère’ d’Australie, la cathédrale Sainte-Marie de Sydney, construite en 1821, atteste la dévotion des premiers catholiques de Sydney, tant du clergé que des laïcs, puisqu’elle porte le nom de la Sainte Vierge. Notre premier évêque, John Bede Polding, qui avait une dévotion particulière pour la Vierge Marie, mettait ses initiales en tête de tous ses documents. Deux ans après la mise en place de la hiérarchie australienne, Marie Auxiliatrice des chrétiens fut proclamée Patronne d’Australie. La dévotion à la Bienheureuse Vierge Marie, qui au XXe siècle s’exprimait surtout par l’amour pour le rosaire, est un trait marquant du catholicisme australien. Ces derniers temps, d’authentiques mouvements dévotionnels ont renouvelé l’amour pour la Bienheureuse Vierge Marie, après une baisse de la dévotion dans le dernier quart du siècle dernier.

Après le Concile Vatican II, l’Église a entendu relever sérieusement le défi de l’œcuménisme en Australie, un pays qui, de par son histoire, se présente comme une mosaïque d’Églises anglicane, catholique et protestante, et après les migrations consécutives à la Deuxième Guerre mondiale, des Églises catholique-orthodoxe et orthodoxe, avec ces derniers temps une présence accrue de l’Islam et des religions orientales telles que le bouddhisme.

Alors qu’elle est très présente dans la tradition des Églises d’Orient, tant catholique qu’orthodoxe, la dévotion à la Sainte Vierge est bien souvent un « point de friction » avec les chrétiens de confession protestante. Ce qui nous est généralement reproché, à nous les catholiques, c’est que nous recourrons inutilement à un canal de médiation avec Dieu en invoquant l’intercession de la Bienheureuse Vierge Marie, et que nos pratiques dévotionnelles et l’emploi d’images sont une forme d’idolâtrie. Récemment, les Églises Pentecôtistes se sont montrées particulièrement critiques vis-à-vis de la dévotion catholique, et elles ont mis en doute la virginité perpétuelle de la Madone en affirmant que Marie avait d’autres enfants.

Dans plusieurs de ses documents, le Concile Vatican II a cherché à poser les bases de l’œcuménisme, afin d’établir un dialogue permanent avec les autres Églises, « nos frères séparés ». Ainsi, le document sur l’Église, Lumen Gentium, présente la mariologie comme partie intégrante de l’ecclésiologie. Les premiers mots du dernier chapitre du document sur l’Église témoignent d’une forte sensibilité œcuménique :

« Nous n’avons qu’un médiateur, selon la parole de l’Apôtre : ‘Il n’y a qu’un Dieu et qu’un médiateur entre Dieu et les hommes, l’homme-Christ Jésus, qui s’est lui-même donné pour tous comme rançon’ (1 Tim. 2, 5-6) ». (LG 60)

Tout de suite après, le Concile ajoute que « le rôle maternel de Marie envers les hommes ne voile ou ne diminue en aucune manière cette médiation unique du Christ ».

Le but de l’œcuménisme authentique, comme nous l’a rappelé le Pape Jean-Paul II dans Ut Unum Sint, (n. 77), est de rétablir la pleine unité visible de tous les baptisés : « Les progrès déjà accomplis dans notre connaissance mutuelle et les convergences doctrinales atteintes ont pour conséquence un approfondissement affectif et effectif de la communion : mais ils ne peuvent satisfaire la conscience des chrétiens qui confessent l’Église une, sainte, catholique et apostolique. Le but ultime du mouvement œcuménique est le rétablissement de la pleine unité visible de tous les baptisés ».

Nul rapprochement œcuménique effectif ne peut ignorer le rôle de la Vierge Marie. Les études bibliques et patristiques montrent bien la place de Marie dans l’ecclésiologie et dans la foi et la spiritualité de l’Église depuis ses origines. Les catholiques ne peuvent pas, au nom d’une fausse sensibilité œcuménique, rester silencieux sur Marie. On a assisté à une tendance en ce sens dans les premières années du mouvement œcuménique.

En réalité, notre dévotion et notre vénération pour Marie peuvent devenir précisément la base d’un dialogue constructif et clarificateur, en particulier avec les protestants, en relevant le défi d’une approche fondamentaliste à la foi basée sur une interprétation limitée des textes bibliques et en révélant la riche dimension incarnationnelle du catholicisme, afin de vaincre la réticence à accepter le caractère sacramentel et ecclésial du christianisme.

La réflexion sur les rapports entre Marie et l’Esprit Saint, et entre Marie et l’Église, est une base possible dans les débats œcuméniques. Loin d’être un obstacle vers l’œcuménisme, l’amour et la dévotion des catholiques pour Marie peuvent représenter la base d’un débat œcuménique sérieux.

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ZENIT Staff

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