Marie est l'écho de Dieu

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Notre-Dame du Rosaire, 7 octobre

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La prière du rosaire s’est constituée progressivement. Les chrétiens aimèrent d’abord saluer Marie avec les mots de l’archange Gabriel, au jour de l’Annonciation. Ces mots, ils pouvaient les faire leurs : « Je vous salue, Marie, pleine de grâce. » Ils y ajoutèrent la bénédiction prononcée par Elisabeth : « Vous êtes bénie entre toute les femmes… ». La seconde partie – « Sainte Marie, Mère de Dieu… » – remonte, au moins au 15èmesiècle.

Chaque invocation était considérée comme une rose (« rosaire ») qui contribuait à former un petit chapeau (« chapelet »).  Ainsi coiffait-on à l’époque les statues vénérées.

Les 150 Ave Maria remplacèrent progressivement les 150 Pater que récitaient ceux des moines qui, ne sachant pas lire, ne participaient pas à l’office choral : le nombre de 150 correspondait au nombre des psaumes dans la Bible. Une petite cordelette avec des nœuds permettait de se repérer dans le nombre d’invocations récitées.

Ces pratiques couraient dans diverses congrégations : bénédictins, cisterciens, chartreux. Déjà se mettaient en place des séries de 50 Ave Maria, chaque dizaine étant séparée par un Pater. Mais l’essor  du Rosaire est dû aux dominicains et, plus spécialement, au Frère Alain de la Roche, au 15ème siècle. Il eut l’idée de fonder une confrérie du Rosaire. L’initiative qui fut lancée à Douai en 1470 se répandit dans la vallée du Rhin, en Italie et sans doute ailleurs. Elle fut avalisée par les Maîtres de l’Ordre et une pieuse légende, devenue tradition, reporta même cette dévotion au fondateur de l’Ordre, saint Dominique.

Comme les Dominicains étaient des prêcheurs, ils associèrent à chaque dizaine un « mystère », c’est-à-dire un des moments de la vie du Christ, à laquelle sa Mère est intiment liée, depuis son Fiat jusqu’à son couronnement. En priant le rosaire, nous demandons à Marie de nous faire entrer en communion avec le Christ Jésus. Qui serait mieux placée pour cela, elle qui est à la fois sa Mère et notre Mère ?

A la clôture du Jubilé de l’an 2000, le pape Jean Paul II avait demandé à l’Eglise de, sans cesse, « repartir du Christ » et d’être une école où s’enseigne « l’art de la prière ». Deux ans après, il réunit ces deux affirmations en proposant aux catholiques (au moins, aux catholiques de rite latin) la récitation du rosaire. Dans ce but, il écrivit une lettre intitulée « Le Rosaire de la Vierge Marie » (16 octobre 2002). Cette lettre est, à la fois, profonde et concrète. Toute personne qui veut comprendre et pratiquer cette dévotion ferait bien de lire ce texte. Le pape sait toutes les critiques qui entourent le rosaire. Il explique, dans le détail, comment éviter le rabâchage et faire, du rosaire, un moyen simple pour méditer l’Evangile.

Pour qu’il soit bien clair que le rosaire nous tourne vers la personne de Jésus, le pape Jean Paul II ajouta les « mystères lumineux » aux trois cycles traditionnels : mystères joyeux, douloureux et glorieux. Les mystères lumineux vont du Baptême à l’Institution de l’Eucharistie, en passant par Cana, la prédication du Royaume et la Transfiguration. Il proposa aussi d’inclure, dans chaque Ave Maria, la mention du mystère médité. Par exemple, pour l’Annonciation : « … vous êtes bénie entre toutes les femmes et celui qui a été conçu du Saint-Esprit, Jésus, le fruit de vos entrailles… ».

Le rosaire ne consiste pas seulement dans la répétition des Pater et des Ave. La récitation commence par le signe de la Croix avec l’invocation du Nom de Dieu : ce signe est comme « la synthèse de toute notre foi », disait Jean Paul II. Vient ensuite le Credo : le bienheureux Newman disait que le rosaire n’était autre chose que « le Credo tourné en prière ». Chaque dizaine s’achève par le Gloria Patri et Filio et Spiritui Sancto. Sainte Bernadette disait d’ailleurs que c’était seulement quand elle prononçait ces mots-là que la Dame de Massabielle remuait les lèvres. Saint Louis Marie Grignon de Montfort l’avait dit à l’avance : « Marie est l’écho de Dieu. Lui crie-ton Marie, elle répond Dieu. »

En 1569, un des prédécesseurs de Jean Paul II, le pape Pie V avait solennellement encouragé la récitation du rosaire et les confréries qui s’y adonnaient. A Rome, le premier dimanche de chaque mois, les confréries du Rosaire se rassemblaient et organisaient des processions. Le dimanche 7 octobre 1571, l’intention était toute trouvée : que soit repoussée la menace turque qui pesait sur le monde chrétien. Or, ce jour-là, la flotte turque fut défaite à proximité de Lépante. La prière et la victoire furent associées. Une fête liturgique fut instituée qui fut étendue au calendrier universel en 1716.  

Tous les papes, depuis Pie V, ont recommandé la récitation du rosaire. Notamment Léon XIII qui lui consacra de multiples encycliques (moins longues autrefois qu’aujourd’hui). Le pape Benoît XVI disait : « Le rosaire est une prière contemplative accessible à tous. » Il ne serait, sans doute, pas difficile de trouver une parole du pape François allant dans le même sens.

Dans sa lettre de 2002, le pape Jean Paul II « recommande volontiers à l’efficacité de cette prière la cause de la paix dans le monde et celle de la famille ». Alors que s’achève l’Année de la foi, nous pourrions joindre à ces deux intentions la nouvelle évangélisation et l’unité des disciples du Christ, « afin que le monde croie ».  

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Jacques Perrier

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