Madagascar : Expulsion non motivée d’un jésuite français

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Le P. Sylvain Urfer missionnaire depuis 30 ans

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ROME, Mardi 15 mai 2007 (ZENIT.org) – Le gouvernement malgache vient d’expulser un prêtre catholique français, membre de la Compagnie de Jésus, oeuvrant sur la grande île de l’Océan Indien depuis plus de 30 ans, le P. Sylvain Urfer, rapporte l’agence missionnaire italienne Misna.

La nouvelle de l’expulsion du prêtre, surnommé le « curé des pauvres », est tombée sans préavis jeudi dernier, 10 mai, quand les autorités d’Antananarivo ont sommé le jésuite de quitter le pays dans les 48 heures.

Le père Urfer s’est envolé samedi, 12 mai, peu après minuit à bord d’un avion d’Air France pour Paris.

Cette expulsion a fait naître un vif débat dans la presse malgache et sur la scène politique, les raisons qui ont déterminé une telle mesure n’ayant pas été rendues publiques.

Cette absence de motivations officielles a engendré une série d’hypothèses et celles qui semblent le plus crédibles tournent autour de l’engagement du missionnaire.

Responsable et fondateur (1989) du centre « Foi et Justice », un centre d’études et une maison d’édition qui a publié des ouvrages traitant des principaux problèmes du pays, le P. Urfer est aussi considéré un membre de premier plan de « l’Observatoire de la vie publique » (la « Sefafi », Sehatra fanaraha-maso ny Fiainam-pirenena), une Ong qui publie régulièrement des rapports sur la situation politique, économique et sociale, quitte à être critique à l’égard de l’action gouvernementale.

« Des rapports parfois critiques, mais toujours élaborés dans une optique positive, offrent de possibles solutions aux problèmes du pays », précise une source religieuse de Misna contactée sur l’île.

Mais selon des sources journalistiques locales et internationales, la raison de l’expulsion serait liée aux récentes critiques formulées à l’encontre du gouvernement sur la gestion du référendum constitutionnel.

Mais il ne s’agit pour l’instant que d’hypothèses du fait que les autorités malgaches n’ont pas fourni d’explications, pas même aux diplomaties française ou vaticane.

« Les interventions de l’ambassade de France et de la Nonciature auprès du gouvernement ont été vaines, il n’y a eu aucun dialogue. Tout s’est passé très rapidement », poursuit la source de Misna.

« Le religieux a été convoqué au ministère de l’Intérieur, où il aurait été interrogé pendant quelques minutes avant de recevoir la communication que son visa avait été suspendu et qu’il était interdit d’entrée sur le territoire », a t-on précisé.

« L’Église catholique et la Compagnie de Jésus ont demandé un moment de réflexion. Des déclarations officielles seront faites dans le courant de la semaine. On sait que depuis quelques mois, l’Église catholique, qui avait eu un rôle prédominant dans la montée de Marc Ravalomanana à la présidence de la République (2002) a pris ses distances des positions du gouvernement, surtout sur le référendum sur la Constitution. L’Église locale avait soulevé le problème du référendum, en soulignant l’excessive rapidité avec laquelle il avait été organisé et le manque de prise de conscience de la part des citoyens sur les changements de la nouvelle Constitution », a encore expliqué la même source à Misna.

De son côté, le gouvernement français a déclaré lundi, 14 mai, « regretter » la « décision d’expulsion » prise par les autorités malgaches à l’encontre du P. Urfer (cf. http://www.diplomatie.gouv.fr).

« La France regrette cette décision d’expulsion, qui n’a été motivée par aucune infraction à la législation malgache et qui frappe un religieux présent à Madagascar depuis plus de trente ans et très proche de la population », a déclaré le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, Jean-Baptiste Mattéi.

Arrivé à Madagascar en 1974 avec un diplôme de l’Institut d’études politiques de Paris, le P. Urfer a enseigné dans les grands collèges d’Antananarivo, Saint-Michel et Saint-Antoine. En 1980 il a été nommé curé de la paroisse d’Anosybe, l’un des quartiers les plus pauvres de la capitale, où il est resté jusqu’en 2005.

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ZENIT Staff

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