Madagascar deviendra une terre de paix et de joie

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Message des évêques

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Dieu, bénis notre patrie, et Madagascar deviendra une terre de paix et de joie

Que la Paix du Christ soit toujours avec vous…

Très chers Frères dans le Christ, 

Nous terminons le premier semestre de l’année. Parmi les faits marquants que nous avons vécus ensemble, il y a l’alternance entre les deux Papes Benoît et François qui nous ont donné un témoignage d’humilité, d’audace et d’amour de l’Eglise. Nous n’allons pas citer ici ce qui ont été dit et écrit sur le sujet. Loin de nous décourager, tout cela a affermi notre foi. La vie de l’Eglise continue, dans l’espérance et dans la charité. 

Pour ce qui est de la vie de la nation, nous vous avons adressé de nombreux messages qui invitent à la réflexion. Entre autres, celui du novembre 2012, destiné surtout aux responsables politiques et à la Communauté Internationale. Nous confirmons ici que ce n’est pas du ressort de l’Eglise de proposer un projet de société ou de nouvelles structures d’Etat. Mais Eglise, Mater et Magistra (Mère et éducatrice), a le devoir de mettre en garde contre ce qui mène à la dérive, et d’encourager à suivre de bons chemins. 

Que vivons-nous actuellement et laisserons-nous comme héritage aux générations futures ? 

Voilà plus de 50 ans que nous sommes indépendants, mais que constatons-nous ? La majorité des Malgaches vit dans la misère, et une infime minorité seulement dans l’opulence. Il est triste de voir les riches et les puissants profiter ainsi des pauvres. De plus, le nombre de familles divisées, la corruption, l’insécurité et un climat général de violence ne cessent d’augmenter. 

L’abondance de nos richesses en ressources naturelles contraste de manière saisissante avec la pauvreté ambiante de la grande majorité de la population.  Nous aurons bientôt du pétrole et avons déjà toutes sortes de minéraux et de pierres précieuses, mais ce potentiel n’est pas transformé dans le pays. Au lieu de créer des emplois et d’améliorer le niveau des Malgaches, il est pillé par les multinationales avec la complicité des responsables nationaux. N’est-ce pas du vol caractérisé ? De plus, beaucoup de ces sociétés échappent aux impôts, aussi bien dans notre pays que dans leur pays d’origine, en plaçant leurs bénéfices dans des paradis fiscaux, privant ainsi les communautés locales des ressources qui leur reviennent de droit. Nos dirigeants sont complices, ne pensant qu’à s’enrichir et ne se souciant en rien du bien commun. 

Nous constatons également l’ingérence des étrangers dans nos affaires nationales, provoquée par le manque de volonté politique et par l’absence de tout sens patriotique de la part de nos dirigeants. L’autorité de l’Etat est inexistante, elle ne protège plus le peuple, elle n’est plus fiable. Le bien commun et le bien des personnes ne sont plus respectés. Un nuage inquiétant s’étend sur les jeunes et sur des générations futures. Les essaims de criquets qui recouvrent plus de la moitié de Madagascar, et que chacun regarde sans aucune réaction, ne sont-ils pas l’image forte de ce que nous vivons ? Le pays est moribond…

Malgré ces nuages menaçants, des lueurs d’espoirs existent, qui nous poussent à aller de l’avant. Ne nous laissons pas décourager par la situation alarmante que nous vivons, levons-nous !

Le premier espoir vient ce que nombre de personnes acceptent de reconnaître leur péché et décident de se convertir. Etant prêtes à se réconcilier entre elles, elles deviennent, de ce fait, réconciliatrices. C’est là une démarche conforme aux valeurs chrétiennes. Nous encourageons toutes ces personnes à persévérer, et souhaitons que beaucoup d’autres entrent dans la même voie.

Par ailleurs, beaucoup mettent leur espoir dans les prochaines élections car elles sont une expression de la souveraineté nationale. Nous demandons instamment que les citoyens puissent exprimer librement leur choix, et que les résultats des différents scrutins ne soient pas manipulés. 

Nous nous tournons vers les candidats aux prochaines échéances électorales, à tous les niveaux. Que le bien commun et le respect des personnes soient au centre de vos discours et de vos actes tout au long des campagnes électorales à venir ; que la démagogie n’y ait pas sa place ; ne mettez pas notre pays aux enchères, soyez fidèles à la parole donnée, et restez des personnes dignes de confiance. Vous les hommes politiques de bonne volonté, vous les intellectuels, espoir de la nation, vous les militaires, rempart du pays, vous les patriotes, ravivez les valeurs ancestrales : l’attachement au Fihavanana (réconciliation et bonnes relations), l’amour de la vie et la crainte de Dieu.

Cela exigera de vous un changement de comportement, une nouvelle gouvernance de la nation, et l’utilisation de nos richesses pour tous. Ainsi, notre pays deviendra indépendant et progressera pour le bien de tous. Nous encourageons fortement tous ceux qui veulent réaliser cette ambition. « Ne te laisse pas vaincre par le mal, mais triomphe du mal par le bien » (Rm 12, 21), pour le bien de chacun et pour le salut du pays.  

Vous les jeunes, n’acceptez pas « le découragement qui est une défaite ». Dans ce combat, prenez comme bouclier les valeurs positives pour bâtir votre personnalité. Ainsi vous deviendrez des personnes responsables qui construiront une nation prospère. Sachez prendre des leçons du passé pour ne pas refaire les mêmes erreurs que certains de ceux qui vous ont précédés, mais retenez ce qui a été positif pour faire mieux et porter haut l’avenir de notre patrie.

Beaucoup, avec raison, ont recours à la prière. Ils se tournent vers Dieu car ils sont convaincus que rien n’est impossible à Dieu (Lc 1, 37). L’appel du Pape Benoît à se renouveler et à prier, reste d’actualité : « Le Christ appelle constamment à la metanoia, la conversion (Africae Munus n° 32). Nous vous proposons donc cette prière pour la paix, en vous exhortant à la faire au sein de nos familles, de nos communautés, sur nos lieux de travail, et partout où nous avons l‘habitude de nous rassembler. Restons unis dans la prière.

PRIÈRE POUR LA PAIX

Dieu, Père de la Miséricorde, 

Tu nous as créés pour former une seule famille avec toi, 

Et tu ne cesses pas de nous protéger pour notre bien. 

Nous n’avons pas su répondre à ton amour.

Au contraire, nous sommes éloignés de toi, 

Et nous voilà dans la difficulté. 

Nous nous sentons perdus et peinés,

Notre société est dominée par l’égoïsme et par la jalousie. 

La famille souffre à cause des divisions, 

Beaucoup de jeunes sont noyés dans la violence et dans la drogue,

Et ceux qui en profitent vont jusqu’à faire couler le sang.

Nous nous tournons vers toi, Père.

Nous implorons ton pardon.

Embrase nos esprits pour connaître la justice,

Unique source de paix. 

Fais-nous tendre nos mains 

Pour nous mettre en relation avec les autres 

Et faire régner le fihavanana

Ouvre nos cœurs pour savoir aimer même nos ennemis.

Illumine nos collectivités respectives 

Pour que nous sachions t’accueillir, toi notre Fihavanana.

Bénis notre vie quotidienne,  

Donne-nous ton Esprit 

Pour que nous sachions lutter contre le mal.

Nous te le demandons en union avec Marie, 

Mère de Jésus et notre Mère, Reine de la paix. Amen 

Antananarivo, 24 mai 2013

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ZENIT Staff

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