Lourdes 2010, par le Dr Theillier, ancien président du Bureau médical

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« Pour ce qui est des miracles, où en est-on ? »

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ROME, Jeudi 4 février 2010 (ZENIT.org) – « Pour ce qui est des miracles, où en est-on ? », explique le Dr Patrick Theillier, dans le numéro à paraître le 12 février de France Catholique (n°3199), qui nous autorise aimablement à anticiper sur la fête de Notre Dame de Lourdes en publiant cet article du Dr Patrick Theillier, ancien président du Bureau Médical des Sanctuaires.

Il annonce un Congrès Mondial sous l’égide de la Fédération Internationale des Associations Médicales Catholiques, à Lourdes, du 6 au 9 mai sur le thème « Notre foi de médecin ». Ce Congrès-Pèlerinage est sous le haut patronage du Conseil pontifical pour la pastorale des services de la santé, qui fête cette année ses 25 ans.

Lourdes 2010, par le Dr Theillier

Avec l’anniversaire de la première apparition de Marie à Bernadette Soubirous, le 11 février, Lourdes entame sa 152ème saison.

Le 11 février est la fête de Notre-Dame de Lourdes, seule fête universelle dans l’Eglise correspondant à une apparition. On sait combien la hiérarchie catholique est prudente pour reconnaître une apparition du Ciel. Sur 2400 apparitions référencées, elle n’a admis canoniquement à ce jour qu’une quinzaine d’apparitions mariales, tout en sachant qu’il y a un véritable raz de marée d’allégations d’apparitions depuis 1980.

Ce 11 février est aussi la 18ème Journée Mondiale des Malades, instaurée par Jean-Paul II en 1993 qui avait voulu, en la créant, que cette Journée ait lieu chaque année en la fête de Notre-Dame de Lourdes parce qu’il existe un lien étroit entre la Vierge Marie et le monde de la souffrance et de la maladie. Elle s’est tenue deux fois à Lourdes en 1993 et en 2004. Cette année, cette Journée se passe à Rome à l’occasion des 25 ans du Conseil Pontifical pour la pastorale de la Santé. Fait exceptionnel, la statue de Notre-Dame de Lourdes sera portée en procession le long de l’avenue de la Conciliazione jusqu’à la basilique Saint-Pierre avec les reliques de sainte Bernadette. Le pape Benoît XVI présidera lui-même la célébration de la messe pour les malades en la basilique vaticane.

Maintenant, pour ce qui est des miracles, où en est-on ?

La dernière miraculée, la 67ème, Anna Santaniello, reconnue en 2003 par l’évêque de Salernes, avait guéri d’une insuffisance cardiaque terminale en …1952 ! Jean-Pierre Bély, le 66ème, que j’ai pu présenter au CMIL1 à ma prise de fonction au Bureau Médical en 1998, a été reconnu par Mgr Claude Dagens, son évêque, en 1999 ; il avait guéri de la sclérose en plaques en 1987, cela fait 23 ans ! Depuis, aucun des dossiers sérieux (5 ou 6 par an en moyenne sur la trentaine déclarés chaque année) n’a pu progresser jusqu’à la reconnaissance. Je ne voyais pas poindre un 68ème miracle… Etant dorénavant membre du CMIL, j’ai tout de même repris espoir avec la réflexion que nous avons entamée ces derniers temps et j’espère bien qu’on arrivera assez rapidement (cette année si Dieu le veut) à aboutir à une reconnaissance officielle pour au moins une guérison qui s’est passée en 2004, l’année de la venue de Jean-Paul II malade à Lourdes.

Sur ce sujet des miracles, je voudrais vous laisser méditer une citation de saint Grégoire le Grand qui me semble correspondre assez bien au déroulement de l’histoire des guérisons de Lourdes depuis 150 ans : « Voici les miracles qui accompagneront ceux qui auront cru… » (Mc 16, 17). Est-ce à dire, mes frères, que vous n’ayez pas la foi puisque vous ne faites pas ces miracles? Non, mais ces miracles ont été nécessaires au début de l’Eglise. En effet, pour que la foi grandisse, il fallait qu’elle fût soutenue par des miracles : nous aussi, quand nous plantons des arbustes, nous les arrosons pendant toute la période où nous les voyons produire en terre leurs racines, mais une fois les racines fixées, nous cessons de les arroser…

En fait, la sainte Église accomplit tous les jours spirituellement ce qu’elle accomplissait alors matériellement par les Apôtres. Lorsque ses prêtres, en imposant la main aux croyants pour leur conférer la grâce de l’exorcisme, s’opposent à ce que les esprits mauvais habitent leur âme, que font-ils d’autre que chasser des démons ? Et de leur côté, les fidèles qui abandonnent le verbiage mondain de leur vie antérieure proclament les saints mystères, chantent les louanges et la puissance de leur Créateur autant qu’ils le peuvent, que font-ils d’autre que parler des langues nouvelles ? Et ceux qui par leurs bons conseils chassent la malice du cœur des autres prennent des serpents…

Ces miracles d’ailleurs sont d’autant plus grands que ce ne sont pas des corps mais des âmes qu’ils régénèrent et ces miracles-là, mes très chers frères, vous les réalisez si vous voulez, sous l’instigation de Dieu ».

N’en est-il pas de même à Lourdes ?

Il faut se rendre à l’évidence, les guérisons physiques extraordinaires sont devenues rares. On ne peut qu’en prendre acte. Dieu agit d’abord par les médiations humaines, par la médecine et les médecins. C’est heureux et normal, L’Eglise n’a jamais dit le contraire ! Ce qui ne veut pas dire qu’il n’y a plus de guérisons miraculeuses (même si elles ne sont pas labellisées « miracle ») : est-ce que nous n’avons pas besoin, plus qu’il y a 100 ou 150 ans, d’être soulagés de souffrances morales et des blessures de la vie, d’ordre psycho-spirituel, qui dépassent la médecine ? C’est là où Lourdes répond à un besoin très actuel, correspondant sûrement plus à son message originel. C’est le sujet de mon dernier livre : « Lourdes : des miracles pour notre guérison »2 où je reprends les plus belles guérisons de Lourdes depuis 150 ans pour montrer que tous nous pouvons recevoir à Lourdes une guérison si nous la demandons et l’attendons avec foi et persévérance, guérison qui ne sera peut-être pas spectaculaire au point en effet d’être considérée comme un miracle, mais guérison qui touche profondément et durablement la personne qui la vit dans tout son être, corps, âme et esprit.

Et ces guérisons-là sont véritablement innombrables.

Ceux qui devraient les premiers en bénéficier ne devraient-ils pas être les médecins qui combattent aux premières lignes contre la maladie et la mort ? C’est pourquoi j’avais lancé en 2005 et 2007, sous l’impulsion du cardinal Barbarin, deux Congrès-Pèlerinages de médecins catholiques qui avaient rassemblé plus de 300 médecins francophones3.

Cette année, nous organisons à Lourdes un Congrès Mondial sous l’égide de la FIAMC (Fédération Internationale des Associations Médicales Catholiques), qui se déroulera du 6 au 9 mai avec pour thème « Notre foi de médecin ». Ce Congrès-Pèlerinage aura lieu sous le haut patronage du Conseil Pontifical pour la Pastorale de la Santé, avec le concours de l’Association Médicale Internationale de Lourdes (AMIL), du Centre Catholique des Médecins Français (CCMF) et de la branche médicale de « Amour et Vérité » (Communauté de l’Emmanuel).

Mon espérance actuelle, c’est que de nombreux médecins catholiques qui souffrent beaucoup actuellement à cause de leur foi, on ne le dit pas assez, viennent trouver auprès de Notre Dame consolation et guérison.

Je convie chaleureusement tous les médecins qui le peuvent à venir à Lourdes (informations et inscription sur le site Web : www.fiamclourdes2010.fr ) pour rencontrer des confrères du monde entier, entendre toute une série d’interventions sur le thème du Credo en relation avec le médecin et la médecine, et faire un pèlerinage donnant l’occasion unique de vivre la guérison dont nous avons tous besoin.

« Parlez-en à votre médecin » ! Comme ceux qui étaient venus a
ux Congrès précédents en ont témoigné, les médecins présents pourront expérimenter la miséricorde de Dieu en ce lieu de grâces. A nous d’y croire.

Dr Patrick Theillier

Ancien président du Bureau Médical des Sanctuaires

© France Catholique 2010

1 Comité Médical International de Lourdes qui certifie les guérisons avant le passage du dossier à l’évêque du diocèse où habite la personne guérie.

2 Presses de la Renaissance Paris 2008

3 Actes aux Editions Parole et Silence

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ZENIT Staff

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