Liban : Mgr Béchara Raï successeur du patriarche Sfeir

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Pasteur de trois millions de fidèles

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ROME, Mardi 15 mars 2011 (ZENIT.org) – Mgr Béchara Raï, O.M.M., 71 ans, évêque de Jbeil-Byblos, sera le nouveau patriarche de l’Eglise maronite : il succède au cardinal Nasrallah Pierre Sfeir.

Les cloches des églises ont annoncé la nouvelle dans tout le Liban pour fêter son élection par le synode des évêques maronites comme 77e patriarche d’Antioche et de tout l’Orient.

Le cardinal Sfeir, âgé de 90 ans, a présenté sa démission pour limite d’âge à Benoît XVI qui l’a acceptée le 26 février dernier.

Ordonné prêtre en 1967 et évêque en 1986, il a également été responsable du programme de Radio Vatican en arabe de 1967 à 1975.

L’Eglise maronite compte quelque 3 millions de fidèles dont les deux tiers habitent dans la diaspora. L’Eglise maronite compte 23 diocèses et deux vicariats au Liban, et dans d’autres régions du monde : Jordanie, Israël, Palestine, Egypte, Syrie, et Chypre, mais aussi Argentine, Brésil, Mexique, Etats-Unis, Canada, et Australie.

Elle tire son origine de saint Maron et de son couvent, qui se trouve en Syrie, dans l’antique Apamée. Une petite communauté monastique s’y installa au Ve siècle, avant de partir pour les montagnes libanaises, sous la pression de l’hérésie des « monophysites » qui ne reconnaissaient pas dans la personne du Christ, en même temps que sa nature divine sa nature humaine.

L’Eglise Maronite a scellé son union avec Rome en 1182. Sa formation n’a donc pas son origine dans une opposition avec l’Eglise orthodoxe.

Lors de la présentation du synode des évêques pour le Moyen-Orient, en octobre 2010 (cf. Zenit du 11 octobre 2010), Mgr Raï a souligné que les trois buts du synode étaient d’une part, une nouvelle « prise de conscience de la variété des chrétiens et du sens de leur présence historique au Moyen-Orient, de leur grande contribution à la vie de leurs pays » ; d’autre part, de « consolider les liens de communion ecclésiale », et enfin de « favoriser le témoignage chrétien, du point de vue spirituel, pastoral, social ».

Il soulignait que la grande question était : « Qu’est-ce que l’Esprit Saint dit aux Eglises du Moyen-Orient pour relever les défis qui se présentent ? On en attend des fruits, des initiatives ».

« Il est aussi clair que l’on « touchera les blessures du Moyen-Orient : Comment pouvoir assurer une vie de paix, d’entente et de prospérité ? », a-t-il demandé.

Mgr Raï a aussi déploré, dans son intervention au synode du 13 octobre 2010 (cf. Zenit du 15 octobre 2010), les divisions entre chrétiens et même catholiques au Liban en s’appuyant sur le n° 34 de l’Instrumentum Laboris: « Au Liban, les chrétiens sont divisés au plan politique et confessionnel et personne n’a un projet acceptable par tous ».

Mgr Raï a commenté : « Il n’existe pas une division au plan confessionnel, mais une diversité d’Églises sui iuris catholiques, orthodoxes et évangéliques ayant chacune son propre patrimoine, liturgique, théologique, spirituel et disciplinaire. Il existe par contre une division sur le plan politique, qui ne touche pas l’essence mais les options stratégiques. »

« Quant à l’essence, a-t-il fait observer, les chrétiens sont d’accord autour des constantes nationales, définies dans le document dit « les constantes » publié par le Patriarcat Maronite le 6 décembre 2006, lequel a été accepté et signé par les chefs des partis politiques chrétiens. Ces constantes ont été développées dans un autre document paru en 2008 sous le titre: « Charte de l’action politique à la lumière de l’enseignement de l’Église et de la spécificité du Liban ». »

Au plan politique, il analysait la situation en ces termes : « Quant aux options politiques, la division des Chrétiens est centrée sur la stratégie relative à la protection desdites constantes et à la présence efficace et effective des chrétiens. Cette division est causée par les conditions politiques actuelles, tant internes que régionales et internationales. »

« Car il existe, a-t-il précisé, dans le monde arabe une forte division entre les sunnites et les chiites, apparente, sur le plan régional, dans la coalition, du côté sunnite, entre l’Arabie Saoudite, l’Égypte et la Jordanie, et du côté chiite entre l’Iran et la Syrie. Cette division s’est transformée en conflit sanglant entre les sunnites et les chiites en Irak. Sur le plan international, le conflit se situe entre les États-Unis et ses alliés en faveur des sunnites d’un côté, et l’Iran de l’autre à cause de ses ambitions régionales et de son programme nucléaire. »

Le futur patriarche a expliqué qu’au Liban, c’est dans le conflit politique entre les chiites et les sunnites que se situe la division des chrétiens. « Pour sauver le régime libanais et leur présence effective, une partie choisit l’alliance avec les sunnites, une autre avec les chiites et une troisième appelle à de bonnes relations avec les sunnites et les chiites et à ne pas se laisser entraîner dans la politique des axes régionaux et internationaux. »

Il concluait son analyse en disant : « Le projet politique acceptable par tous consiste à parfaire l’État civil, dont les éléments se trouvent dans les « Constantes », la « Charte de l’action politique » et la Constitution. C’est ce qui différencie le Liban des autres pays du Moyen-Orient, ayant tous de régimes religieux. »

Anita S. Bourdin

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ZENIT Staff

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