Les trois mots qui rendent plus belle la vie de la famille

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Lors de sa 14e catéchèse sur la famille, le pape François a expliqué ce qu’il entendait par ces trois mots-clefs de la vie familiale – et sociale – harmonieuse : « s’il te plaît », « merci » et « pardon ». Nous vous proposons cette traduction intégrale de la catéchèse du pape en italien.

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« Beaucoup de blessures des sentiments, beaucoup de déchirements dans les familles commencent avec la perte de ce terme précieux : « pardon » », explique le pape François dans sa catéchèse de ce 13 mai, place Saint-Pierre.

Le pape ajoute ce conseil : « Si vous vous êtes disputés, ne finissez jamais la journée sans faire la paix en famille. »

Voici notre traduction intégrale de la catéchèse du pape François en italien.

A.B.

Catéchèse du pape en italien

Chers frères et sœurs, bonjour !

La catéchèse d’aujourd’hui est comme la porte d’entrée d’une suite de réflexion sur la vie de famille, sa vie réelle, avec ses temps et ses événements. Sur cette porte d’entrée, sont écrits trois mots, que j’ai déjà employés plusieurs fois sur cette place. Et ces mots sont : « s’il te plaît », « merci » et « pardon ». En effet, ces mots ouvrent la voie pour bien vivre en famille, pour vivre en paix. Ce sont des mots simples, mais pas si simples à mettre en pratique ! Ils contiennent une grande force : la force de garder la maison, même à travers milles difficultés et épreuves ; en revanche, quand ils manquent, cela ouvre des fissures qui peuvent aller jusqu’à la faire s’écrouler.

En général, nous considérons que ces mots font partie de la « bonne éducation ». C’est vrai, une personne bien élevée demande la permission, dit merci ou s’excuse si elle se trompe. C’est vrai mais la bonne éducation est très importante. Un grand évêque, saint François de Sales, avait l’habitude de dire que « la bonne éducation est déjà la moitié de la sainteté ». Mais attention, dans l’histoire, nous avons aussi connu un formalisme des bonnes manières qui peut devenir un masque qui cache l’aridité de l’esprit et le désintérêt à l’égard de l’autre. On dit souvent : « Derrière toutes ces bonnes manières, se cachent de mauvaises habitudes ».

La religion elle-même n’est pas à l’abri de ce risque qui fait glisser de l’observance formelle dans la mondanité spirituelle. Le diable qui tente Jésus fait étalage de bonnes manières – c’est vraiment un seigneur, un chevalier – et il cite les Saintes Écritures, on dirait un théologien. Son style est apparemment correct, mais son intention est de faire dévier de la vérité de l’amour de Dieu. Nous, en revanche, nous comprenons la bonne éducation dans son sens authentique, lorsque le style des bonnes relations est fermement enraciné dans l’amour du bien et dans le respect de l’autre. La famille vit de cette finesse de l’amour.

Voyons : le premier terme est « s’il te plaît ». Quand nous nous préoccupons de demander gentiment même ce à quoi nous pensons peut-être pouvoir prétendre, nous mettons une véritable protection pour l’esprit de vie commune matrimoniale et familiale. Entrer dans la vie de l’autre, même lorsqu’il fait partie de notre vie, demande la délicatesse d’une attitude non invasive, qui renouvelle la confiance et le respect. En somme, la confiance n’autorise pas à tout considérer comme acquis. Et plus l’amour est intime et profond, plus il exige le respect de la liberté et la capacité d’attendre que l’autre ouvre la porte de son cœur. À ce propos, souvenons-nous de cette parole de Jésus dans le livre de l’Apocalypse : « Voici que je me tiens à la porte, et je frappe. Si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui ; je prendrai mon repas avec lui, et lui avec moi » (3,20). Le Seigneur aussi demande la permission d’entrer ! Ne l’oublions pas. Avant de faire quelque chose en famille : « S’il te plaît, est-ce que je peux le faire ? Tu aimes que je fasse cela ? » Ce langage vraiment bien-élevé mais plein d’amour. Et cela fait beaucoup de bien aux familles.

Le second mot est « merci ». On en vient parfois à penser que nous sommes en train de devenir une civilisation des mauvaises manières et des mots désagréables, comme si c’était un signe d’émancipation. Nous les entendons bien souvent même en public. La gentillesse et la capacité de remercier sont vues comme une marque de faiblesse, cela suscite même de la méfiance. Il faut lutter contre cette tendance au sein même de la famille. Nous devons devenir intransigeants sur l’éducation à la gratitude, à la reconnaissance : la dignité de la personne et la justice sociale passent toute les deux par là. Si la vie familiale néglige ce style, la vie sociale aussi le perdra. La gratitude, pour un croyant, est aussi au cœur même de la foi : un chrétien qui ne sait pas remercier est quelqu’un qui a oublié la langue de Dieu. C’est vraiment triste ! Souvenons-nous de la question de Jésus, lorsqu’il a guéri dix lépreux et qu’un seul d’entre eux est revenu le remercier (cf. Lc 17,18). Une fois, j’ai entendu dire d’une personne âgée, très sage, très bonne, simple, mais avec cette sagesse de la piété, de la vie : « La gratitude est une plante qui ne pousse que dans la terre d’âmes nobles ». Cette noblesse de l’âme, cette grâce de Dieu dans l’âme nous pousse à dire merci, à la gratitude. C’est la fleur d’une âme noble. C’est beau, cela !

Le troisième mot est « pardon ». Une parole difficile, c’est vrai, et pourtant tellement nécessaire. Quand elle manque, les petites fissures s’élargissent – même sans le vouloir – jusqu’à devenir de profonds fossés. Ce n’est pas pour rien que, dans la prière enseignée par Jésus, le « Notre Père », qui résume toutes les questions essentielles pour notre vie, nous trouvons cette expression : « Remets-nous nos dettes, comme nous-mêmes nous remettons leurs dettes à nos débiteurs » (Mt 6,12). Reconnaître que l’on a commis une faute, et être désireux de restituer ce qui a été pris – respect, sincérité, amour – rend digne du pardon. Et c’est comme cela que l’infection s’arrête. Si nous ne sommes pas capables de nous excuser, cela veut dire que nous ne sommes pas non plus capables de pardonner.

Dans la maison où l’on ne s’excuse pas, l’air commence à manquer, les eaux deviennent stagnantes. Beaucoup de blessures des sentiments, beaucoup de déchirements dans les familles commencent avec la perte de ce terme précieux : « pardon ». Dans la vie de mariage, on se dispute souvent… et même « les assiettes volent » mais je vous donne un conseil : ne finissez jamais la journée sans faire la paix. Vous entendez bien : vous vous êtes disputés entre mari et femme ? Entre enfants et parents ? Vous vous êtes beaucoup disputé ? Ca ne va pas, mais ce n’est pas cela le problème. Le problème c’est que ce sentiment soit encore là le jour d’après. C’est pourquoi, si vous vous êtes disputés, ne finissez jamais la journée sans faire la paix en famille. Et comment dois-je faire la paix ? Me mettre à genoux ? Non ! Seulement un petit geste, une petite chose et l’harmonie familiale reviendra. Une caresse suffit, sans paroles. Mais ne finissez jamais la journée en famille sans faire la paix. Compris cela ? Ce n’est pas facile, mais il faut le faire. Et avec cela, la vie sera plus belle.

Ces trois mots-clés de la famille sont des mots simples et dans un premier temps, peut-être nous font-ils sourire. Mais lorsque nous les oublions, il n’y a plus de raison de rire, n’est-ce pas ? Notre éducation, peut-être, les néglige trop. Que le Seigneur nous aide à les remettre à leur juste place, dans notre cœur, dans notre maison, et aussi dans notre coexistence civile. Ce sont les mots pour entrer vraiment dans l’amour de la famille.

(c) Traduction de Zenit, Constance Roques

 

 

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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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