Les sept traits du pontificat selon la Civilta Cattolica

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Relecture de la première année du pape François

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Dans son éditorial du 15 mars 2014, la revue jésuite Civiltà Cattolica publie une réflexion en l’honneur du premier anniversaire de l’élection du pape François (13 mars 2013).

Se souvenant de la première apparition publique du pape « simple, austère, direct, spontané », « vêtu seulement de blanc, sans mozzetta, sans étole, sa main droite exprimant affectueusement son salut », le texte met en lumière « sept traits » du pontificat.

Tout d’abord, « un pontificat prophétique » : le pape François est « un pape du Concile Vatican II », qui sait « relire l’Évangile à la lumière de l’expérience contemporaine ». A partir de cet éclairage, il invite l’Église à être une « Église samaritaine », une Église « hôpital de campagne », une Église « maison pour tous ».

Il s’agit aussi d’un « pontificat de rencontre », poursuit le texte : le pape François mise sur la qualité de la communication entre l’Église et les personnes. Tel « un évêque au milieu de son peuple », il ne « transmet pas de messages que les autres doivent seulement écouter », mais il crée des « événements communicatifs », pour « impliquer activement celui qui est en face de lui ».

Pour la Civiltà Cattolica, la clé de cette attitude est « l’humilité », l’attitude de celui « qui sait être proche des autres ». La « culture de la rencontre» que désire le pape est fondée sur la « disponibilité à recevoir et non seulement à donner » car « chacun est porteur d’une valeur, et tous, jeunes, adultes et personnes âgées, chrétiens, non croyants et croyants d’autres religions, sont appelés à se rencontrer. »

« Pour Bergoglio, note le texte, dialoguer signifie faire ensemble quelque chose, rejoindre ensemble un objectif. »

Le troisième trait est « un pontificat dramatique », qui dérive de la spiritualité de saint Ignace de Loyola : l’éditorial note chez le pape « une inévitable dimension de combat » propre au « modus vivendi chrétien ». En effet, la vie chrétienne est « une lutte contre la mondanité et contre le démon ».

Mais si le pape François a plusieurs fois évoqué le démon, il ne « diabolise » jamais les personnes, précise le texte. En outre, « la lutte est toujours consolée par la certitude que le Seigneur a le dernier mot sur la vie du monde » et « l’expérience clé est la miséricorde ».

Le pontificat du pape François est aussi « un pontificat de discernement », défini par « une attitude intérieure qui pousse à être ouverts pour trouver Dieu là où Il veut être trouvé, et non seulement dans des périmètres bien définis ».

Le pape « ne craint pas l’ambiguïté de la vie et l’affronte avec courage » : dans ce monde « toujours en mouvement », les jugements ordinaires pour classifier ce qui est important et ce qui ne l’est pas, ne fonctionnent pas. La vie de l’esprit a « d’autres critères », c’est pourquoi « les actions et les décisions doivent être accompagnées d’une lecture attentive, méditative, priante, des signes des temps, qui peuvent être n’importe où ».

Cinquième trait : « un pontificat à la pensée incomplète », à la « pensée ouverte » : le pape n’a pas de « programme théorique et abstrait à appliquer à l’histoire » ni de « vision a priori », il a un « dessein », une expérience vécue qui se réfère « à des temps, des lieux, des personnes », qui « prend forme par étape et se traduit concrètement ».

En d’autres termes, sa démarche « dialogue avec la réalité, s’insère dans l’histoire des hommes, se déroule dans le temps », sur « une route ouverte, un chemin qui s’ouvre en cheminant ». Comme il l’a écrit dans Evangelii Gaudium, on ne doit pas « attendre du magistère papal une parole définitive ou complète sur toutes les questions qui concernent l’Église et le monde » (EG 16) car « ni le pape, ni l’Église ne possèdent le monopole de l’interprétation de la réalité sociale ou de la proposition de solutions aux problèmes contemporains » (EG 184).

Le pontificat du pape François exprime aussi « une tension entre esprit et institution » : « L’Église doit accepter cette liberté insaisissable de la Parole, qui est efficace à sa manière, et sous des formes très diverses, telles qu’en nous échappant elle dépasse souvent nos prévisions et bouleverse nos schémas. » (EG 22). Cette tension est également une tension entre l’Église comme « peuple pèlerin » et l’Église comme « institution », tension qui « anime la réflexion de François à proposer ce qu’il appelle la « conversion de la papauté » » (EG 32), estime la Civiltà Cattolica.

Enfin, septième et dernier trait : « un pontificat de frontière et de défis » : il s’agit « d’habiter les frontières » mais surtout de chercher « comment annoncer l’Évangile aujourd’hui à quiconque, quelle que soit sa condition existentielle ».

« L’Église n’est pas seulement « phare », mais aussi « flambeau » qui chemine avec les hommes, faisant la lumière, parfois devant, parfois au milieu, parfois derrière, pour éviter que quelqu’un ne reste en arrière ».

Que faut-il attendre de ce pontificat pour l’avenir ? Pour la Civiltà Cattolica, le discours du papeFrançois à la réunion de la Congrégation des évêques le 27 février dernier est une réponse : « on peut donc imaginer un pasteur qui veut amener le troupeau non pas là où il voudra mais là où le Seigneur voudra, sur un chemin qui n’est pas toujours prévisible ni déductible de nos désirs ou de nos peurs, sur lequel il faudra le courage de « discuter » avec Dieu, à l’exemple de Moïse. »

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Anne Kurian-Montabone

Baccalauréat canonique de théologie. Pigiste pour divers journaux de la presse chrétienne et auteur de cinq romans (éd. Quasar et Salvator). Journaliste à Zenit depuis octobre 2011.

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