Les « réseaux et moyens exceptionnels d’accès à l’information » de l’Eglise

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Analyse de l’ambassadeur du Liban près le Saint-Siège (3)

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ROME, Mercredi 6 juin 2007 (ZENIT.org) – L’Eglise dispose de « réseaux et moyens exceptionnels d’accès à l’information globale, détaillée et précise », utiles à un « ambassadeur actif près le Saint-Siège », fait observer l’ambassadeur du Liban près le Saint-Siège.

L’une des particularités du Saint-Siège, « c’est qu’il n’a pas d’intérêts matériels à défendre, et que son action est désintéressée », rappelle en même temps l’ambassadeur du Liban près le Saint-Siège, M. Naji Abi Assi (cf. Zenit des 22 et 24 mai).

Le diplomate est en effet intervenu, le 15 mai, sur le thème : « Le Rôle et les Fonctions d’une Représentation Diplomatique auprès du Saint-Siège », dans le cadre du cours intitulé « L’Eglise catholique et la politique internationale du Saint-Siège », et de la session sur « Le Corps diplomatique : les Nonciatures et les Représentations Diplomatiques auprès du Saint-Siège », qui s’est tenue à l’Université Pontificale grégorienne, à Rome.

Le cours s’adressait à des diplomates du monde arabe pour faire connaître l’Eglise catholique et était promu par la Fondation « La Gregoriana » et l’Institut International « Jacques Maritain ». La séance était présidée par le cardinal Jean-Louis Tauran.

« L’effort d’informer resterait incomplet s’il ne s’accompagnait pas d’une disponibilité complémentaire à écouter et à s’informer, surtout si l’on a le privilège de travailler auprès d’une entité considérée comme la mieux informée du monde », soulignait l’ambassadeur.

Il citait les 172 nonciatures dont dispose le Saint-Siège à travers le monde, les 12 délégations apostoliques, les 16 représentations auprès d’organisations gouvernementales internationales, etl’information qui parvient au Vatican des Eglises locales, des Conférences épiscopales et des responsables des différentes congrégations et organisations religieuses ou laïques au service de l’Eglise, « engagés sur le terrain dans tous les domaines de l’activité politique, économique, culturelle, caritative, sanitaire ou sociale des pays ».

L’ambassadeur soulignait : « Il est normal de s’informer tout d’abord de la perception et de la vision qu’a le Saint-Siège de l’évolution de la situation dans nos pays. Il serait utile de s’informer par ailleurs de ce qui se passe dans le monde, y compris dans les coins les plus reculés, et où notre pays ne dispose pas d’une présence diplomatique, ou consulaire, de même que dans les pays « d’émigration » ou « de décision » comme on dit, qui sont de première importance pour un pays comme le Liban par exemple ».

« Ainsi, disait-il, un ambassadeur actif au Saint-Siège aura plus de chances d’être informé sur ce qui se passe au Brésil ou au Congo démocratique, voire aux Etats-Unis, que nos ambassadeurs en poste à Brasilia, à Kinshasa,ou à Washington, et qui n’ont pas les mêmes réseaux et moyens exceptionnels d’accès à l’information globale, détaillée et précise dont dispose l’Eglise » .

« Il s’agira ici, par ailleurs, conseillait le diplomate, d’écouter et de comprendre les positions qu’adopte l’Eglise sur les grandes questions internationales, pour en rendre compte à nos gouvernements et mieux orienter leurs décisions, de même que pour sensibiliser nos organes de presse, nos peuples et nos opinions publiques aux enseignements et valeurs universelles que le Saint-Siège cherche à promouvoir ».

L’ambassadeur libanais donnait des clefs d’interprétation des positions de l’Eglise : « Nous savons que ces positions s’articulent autour des principaux thèmes suivants : la liberté de conscience, de religion et de culte, le dialogue œcuménique et interreligieux, le statut des Lieux-Saints, la paix au sein des Etats et entre les Etats, les points chauds tels que le Moyen-Orient, le Liban, l’Irak, Darfour, la Somalie, la région des Grands lacs , la Côte-d’Ivoire, les divers problèmes en Amérique latine, le terrorisme, le désarmement, la lutte contre la pauvreté, la répartition équitable des biens de la terre, l’analphabétisme, les droits de l’homme en général, la préservation de la famille et de la vie, la Bioéthique , etc … »

Il concluait à propos de cette information réciproque : « Enfin, contrairement à ce que pensent quelques diplomates, qu’ils sont au Saint-Siège « non pas pour la religion », mais « pour la politique », je pense sincèrement que les missions diplomatiques ne devraient pas manquer de suivre et de s’informer de tout ce qui intéresse ou préoccupe le Saint-Siège sur le plan proprement moral et religieux, et qui touche au magistère, et cela pour plusieurs raisons, notamment celles-ci : Nous savons tous, et reconnaissons donc au départ, que nous sommes accrédités auprès d’une entité qui a une dimension hautement spirituelle (le Saint-Siège) et non auprès de l’Etat du Vatican ; et nous ne pouvons donc pas nous dérober de notre obligation professionnelle ou morale de jouer le rôle d’intermédiaires entre la communauté politique et la communauté religieuse dans le cadre desquelles nous évoluons, ni de rester neutres concernant la promotion de valeurs spirituelles et morales … De même qu’il est très difficile de concevoir comment il serait possible de dissocier le religieux du politique, du culturel et du social, en somme de l’ humain ».

Par ailleurs, l’ambasadeur indiquait que « la plus haute source de référence pour les missions diplomatiques se trouve dans les discours du pape, ses appels, ses Encycliques, ses homélies ».

Il citait également « les discours échangés entre le Saint-Père et les ambassadeurs nouvellement accrédités, à l’occasion de la présentation des lettres de créance, constituent une source précieuse d’information sur la position de base du Saint-Siège par rapport aux questions spécifiques à l’Etat accréditant, et une vraie feuille de route pour le diplomate fraîchement arrivé pour accomplir au mieux sa mission.
Si on consulte le livre intitulé ‘Attività della Santa Sede’, ou ‘Acta Apostolicae Sedis’ on réalise l’importance et la densité du travail accompli par le Saint-Siège au cours d’une année écoulée, et l’effort conséquent qui doit être déployé par les diplomates pour suivre et accompagner cette activité ».

Mais M. Abi Assi mentionnait également l’importance du « processus des causes de béatification ou de canonisation de Bienheureux ou de Saints originaires de leur pays », de « préparer des visites régulières de leurs Chefs politiques ou religieux venant à Rome en visite officielle ou pour participer à des cérémonies , des colloques, des synodes, des réunions « ad limina », voire des consistoires, de même que pour certains, administrer des propriétés de l’Etat, ou veiller à la bonne coopération avec les communautés religieuses nationales présentes ou représentées à Rome ».

Il confiait : « J’ai été témoin des cérémonies de canonisation d’un saint libanais Mar Naamtallah HARDINI en mai 2004, et dus préparer la visite du Chef de l’Etat une fois en 2004 à cette même occasion, et deux fois en 2005 à l’occasion des funérailles du Pape défunt Jean-Paul II et des cérémonies d’intronisation du Pape Benoît XVI en avril 2005, de même qu’il y a plus d’une dizaine d’ordres monastiques ou religieux libanais présents et actifs à Rome ».

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ZENIT Staff

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