Les réfugiés, victimes des politiques gouvernementales

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Appel pressant du JRS à l’occasion de la Journée mondiale des réfugiés

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ROME, vendredi 22 juin 2007 (ZENIT.org) – « De plus en plus de gouvernements ferment leurs frontières et envoient des responsables chargés de l’immigration dans les pays étrangers pour y conduire des inspections préalables à l’embarquement » a déclaré le directeur international du Service jésuite des réfugiés (JRS), Luis Magriñà.

« Ce qui se passe actuellement n’est pas seulement illégal mais aussi injuste » estime le JRS dans un communiqué publié le 20 juin dernier à l’occasion de la Journée mondiale des réfugiés.

Le JRS appelle fermement tous les gouvernements à prendre leurs responsabilités et à veiller à ce que les réfugiés soient accueillis et protégés sur leurs territoires. « Ces réfugiés qui sont dans l’impossibilité d’obtenir des visas et documents valides, sont victimes de contrôles ‘aveugles et inhumains’ aux frontières – dénonce-t-il – et doivent courir des risques encore plus grands ».

Dans un entretien à Zenit, James Stapleton, Coordinateur international de la communication, relève que « depuis 1993, au moins 8.000 réfugiés et migrants sont morts en tentant d’entrer en Europe, dont 3.000 par mer et plus encore dans le désert, au nord de l’Afrique ».

« Ces réfugiés n’ont finalement d’autres alternatives que le recours aux trafiquants et aux contrebandiers pour tenter de fuir l’extrême pauvreté, la persécution et la guerre dans leurs pays » a-t-il poursuivi.

« Les étapes avant d’arriver sur un territoire dit ‘sûr’ se multiplient, les ‘coûts’ du voyage sont devenus exorbitants et le ‘passage’ d’un pays à l’autre, de plus en plus dangereux, avec très peu de chance pour ces réfugiés d’arriver au bout sains et saufs » a-t-il expliqué.

Commentant l’information du JRS sur le fait que « les gouvernements investissent des millions dans leurs efforts pour repousser les migrants sans papiers », James Stapleton cite le cas de certains gouvernements qui n’hésitent pas à ériger des barrières physiques pour empêcher leur arrivée, comme les Etats-Unis ou l’Espagne, et le cas de pays « plus fragiles » qui, par effet d’imitation, ferment eux aussi leurs frontières, comme le Kenya avec la Somalie, « poussant des milliers de déplacés à vivre dans des conditions insalubres, dures et mêmes dangereuses pour leurs vies », pour reprendre le cas le plus flagrant cité dans le communiqué du JRS.

« Ceci constitue un ‘sérieux déséquilibre’ entre la gestion des frontières et les obligations internationales des droits de l’homme concernant l’assistance des personnes en danger » confirme James Stapleton qui met en cause la « sérieuse contradiction » des politiques d’immigration.

« Les gouvernements du nord ont besoin de travailleurs, mais ils ne donnent pas la possibilité aux réfugiés d’arriver là où il y a du travail – a-t-il souligné – en outre, il n’existe pratiquement aucun moyen de les identifier comme réfugiés quand ils sont sur place ; souvent, comme par exemple aux Etats-Unis, ils finissent en détention, considérés en situation irrégulière, illégale ».

« Les Etats du nord affirment qu’ils sont prêts à accepter les réfugiés mais qu’ils ne peuvent pas accepter tous les migrants » relève-t-il, et « s’ils disent accepter 40.000 réfugiés venant des camps, en fait ceux qui entrent en Europe ou aux Etats-Unis ne dépassent pas les 2000 personnes ».

Le coordinateur international de la communication constate « qu’il y a 25 ans on parlait de 10 millions de déplacés forcés, aujourd’hui on parle de 40 millions de personnes déplacées à travers le monde » et déplore une situation qui ne fait qu’empirer. Pour lui, « il est primordial que ces personnes trouvent une protection chez elles ».

Mais le JRS reconnaît que la protection mondiale des réfugiés est un système à l’équilibre délicat, fondé sur le principe de la responsabilité partagée des Etats. Pour James Stapleton, c’est là que réside précisément la difficulté : « Si les pays les plus puissants du monde n’acceptent pas les responsabilités partagées, comment peuvent-ils espérer que les pays les plus pauvres, qui sont plus fragiles, puissent le faire » s’est-il interrogé.

Pour que ce système fonctionne de manière juste et efficace « les pays riches et industrialisés doivent accorder un soutien technique et financier aux pays les plus pauvres qui accueillent les réfugiés, et s’engager à accueillir un nombre beaucoup plus élevé de réfugiés vulnérables qui ne peuvent pas trouver protection ailleurs » précise l’organisation dans son communiqué.

Parmi ces pays les plus pauvres qui accueillent les réfugiés, le Coordinateur international de la communication cite le cas impressionnant du Tchad où l’on compte 2 millions de déplacés internes et 200 000 réfugiés qui ont fui le Soudan. « On ne peut espérer que le gouvernement tchadien prennent la responsabilité pour tous les pays » a-t-il déclaré à Zenit.

« Avant de donner des leçons aux pays les plus pauvres du monde, les pays les plus riches doivent faire en sorte que ce système de solidarité fonctionne » a ajouté James Stapleton, expliquant que « la solution passe par la mobilisation civile » car « il y a vraiment aujourd’hui des pays qui ont les moyens de satisfaire les besoins de base de ces réfugiés ».

Pour James Stapleton c’est « la partie la plus puissante de la société civile, comme l’Eglise, les grandes ONG, les partis politiques, qui peut sensibiliser en vue de trouver des solutions concrètes ».

« Il est temps de commencer à se rendre compte de la vraie nature du problème des émigrés et des réfugiés » car, a-t-il dit, « la situation générale ne pourra changer qu’à travers une vraie prise de conscience du problème ».

Le JRS travaille dans plus de cinquante pays à travers le monde. Il emploie plus de 1000 personnes : des laïcs, des jésuites et des personnes d’autres confessions afin de répondre aux besoins éducatifs, sanitaires, sociaux de plus de 450 000 réfugiés et déplacés internes, dont plus de la moitié sont des femmes. Ses services sont destinés aux réfugiés sans distinction de race, d’origine ethnique ni de convictions religieuses.

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ZENIT Staff

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