Les « obstacles à la reconstruction » du Soudan, par Laurent Stemler, de l’AED

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Le point de vue de Mgr César Mazzolari

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ROME, Dimanche 10 décembre 2006 (ZENIT.org) – Les « obstacles à la reconstruction » du Soudan, sont analysés par Laurent Stemler, chef de l’information de l’Aide à l’Eglise en Détresse (AED, aed-france.org).

« L’AED nous a soutenus depuis des années. Ce soutien atteint immédiatement les nécessiteux », dit Mgr César Mazzolari, évêque de Rumbek, situé dans le sud du Soudan, en ajoutant : « Cependant il est regrettable que les deux tiers de l’aide humanitaire n’atteignent pas les gens. Pourtant la communauté internationale confie ces moyens financiers au gouvernement de Khartoum. » Des sommes importantes sont accordées aux programmes humanitaires réalisés au Soudan, surtout dans la région de Darfour, secouée par les crises. Mais cet argent n’est pas remis à des partenaires fiables. L’Église, qui apporte une contribution essentielle à la reconstruction du pays, ne reçoit pratiquement rien. Au lieu de cela, l’argent disparaît par des voies peu transparentes.

« Une fois de plus, les victimes sont ceux qui ont déjà dû faire face à une guerre civile cruelle qui a duré des décennies » comme l’a souligné récemment Mgr Mazzolari, qui appartient à la Congrégation des Missionnaires Comboniens du Coeur de Jésus, lors d’une visite au siège de l’Aide à l’Église en Détresse. Le prélat de 69 ans a ajouté : « Il s’agit de personnes traumatisées qui ont perdu leurs plus proches parents : des hommes et des femmes dépourvus d’espoir et sans identité. Nous essayons de les aider en faisant preuve de patience ».
L’Église catholique ainsi que certaines organisations non gouvernementales s’efforcent de soulager la détresse de ces personnes, comme l’affirme l’évêque. Le diocèse de Rumbek, malgré ses ressources limitées et grâce aux aides venant de l’étranger, a réussi à améliorer la couverture médicale de la population, qui, au début, avait été largement insuffisante. Mgr César Mazzolari affirme : « Dans le sud du Soudan, des maladies comme le paludisme, la lèpre et la tuberculose sont très répandues. 57 % des enfants meurent avant d’avoir atteint l’âge de cinq ans ».

Le diocèse de Rumbek qui, en ce moment, assume l’administration d’une partie du diocèse voisin, le diocèse de Wau, compte 3,8 millions d’habitants. Ces personnes, parmi lesquelles se trouvent beaucoup de réfugiés venant de la région de Darfour, vivent dans les conditions les plus difficiles. La plus grande partie des infrastructures a été détruite pendant la guerre civile. Les puits faisant défaut, l’approvisionnement en eau est insuffisant. Les écoles existantes doivent être restaurées et de nouvelles écoles doivent être construites. De nombreux projets ne peuvent pas être réalisés faute d’argent. Mgr Mazzolari affirme : « Nous sommes restés pendant la guerre. Ceux qui sont au pouvoir savent que l’Église est la voix du peuple. Et c’est justement la raison pour laquelle on ne nous accorde pas de soutien ». Au lieu de cela, on encourage l’islamisation. Les chrétiens ne sont pas les bienvenus. Ce fait, accompagné de la corruption, représente un obstacle considérable à la reconstruction. La situation des personnes sur place est presque insupportable.
Dans le sud, on est déçu du manque de volonté de la part du gouvernement de Khartoum d’accorder les aides promises dans le traité de paix du 9 janvier 2005. Le sud du pays est riche en terres fertiles et en matières premières telles que le pétrole. Cependant, les recettes réalisées par les gisements de pétrole profitent seulement à un nombre restreint de personnes qui vivent dans le nord du pays.
Entre-temps, le diocèse de Rumbek a mis en place son propre programme de santé et dispose de six cliniques pour traiter des personnes souffrant de la tuberculose et de la lèpre, de quatre centres dispensant des soins médicaux de base, d’une clinique chirurgicale ainsi que d’une unité chirurgicale mobile. Néanmoins, les cliniques du diocèse ne sont pas bien équipées en ce qui concerne la technique et le personnel. Par ailleurs, le diocèse gère près de 140 centres de formation, 17 écoles primaires et secondaires ainsi que 120 écoles dites « écoles satellites » qui transmettent des connaissances de base ».

Selon l’évêque, l’engagement social qui requiert des moyens financiers plus importants s’accompagne d’un engagement missionnaire. Actuellement, 100 catéchètes soutiennent le travail des 27 prêtres et des 50 religieuses. À intervalles réguliers, de petites équipes organisent des réunions partout dans le diocèse, afin d’encourager les chrétiens vivant dans les missions dispersées. L’Aide à l’Église en Détresse soutient ce travail ainsi que la formation de jeunes ecclésiastiques. En ce moment, ils sont au nombre de 20. Mgr Mazzolari souligne : « Nous avons besoin de prêtres qui vivent avec la population ».

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ZENIT Staff

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