Les migrants ont aussi des besoins spirituels, par le card. Veglio

Print Friendly, PDF & Email

VIIème Congrès mondial de la pastorale des migrants

Share this Entry
Print Friendly, PDF & Email

« Les migrants n’ont pas seulement des besoins matériels, mais aussi spirituels », souligne le cardinal Veglio.

Voici l’allocution du cardinal Antonio Maria Veglio, président du Conseil pontificlaporula pastorale des migrants et des personens en déplacement, à l’occasion de l’ouverture du congrès organisé à Rome par son dicastère (17 – 21 novembre 2014), sur le thème: «Coopération et développement dans la pastorale des migrations».

« Les migrants n’ont pas seulement des besoins matériels, mais aussi spirituels, auxquels l’Eglise est appelée à répondre grâce à une pastorale intégrale qui représente un domaine d’action spécifique à l’intérieur de la pastorale ordinaire », a notamment déclaré le cardinal italien en charge de la pastorale de la « mobilité humaine ».

Voici une traduction non officielle, intégrale del’allocution du cardinal Veglio.

Discours de bienvenue du card. Veglio

Eminences, Excellences,

Chers participants à ce VII

Chers frères et sœurs dans le Christ,

J’ai l’honneur de vous souhaiter la bienvenue à cet important Evénement, que nous avons ouvert il y a quelques minutes à peine par le chant commun du Veni Creator, par lequel nous avons voulu confier cette Rencontre, vraiment mondiale, à la conduite docile mais puissante de l’Esprit Saint, en le laissant nous inspirer et nous guider dans la bonne direction. 

Avec moi, vous saluent également le Secrétaire, Mgr Joseph Kalathiparambil, le Sous-Secrétaire, le Père Gabriele Bentoglio, les Membres, les Consulteurs et les Officiaux du Dicastère, avec l’espérance et la confiance que cette réunion d’évêques, de prêtres, de religieux et de laïcs venus de tous les coins de la terre et engagés dans la pastorale des migrations contribue à approfondir la question migratoire afin d’apporter des réponses adéquates à ce phénomène, qui atteint des proportions sans précédent.

J’adresse mes salutations à nos Délégués fraternels, Son Eminence Stephanos du Patriarcat Œcuménique, Son Excellence Siluan du Patriarcat Orthodoxe Roumain, le Doct. Emmanouil Papamikroulis de l’Eglise Orthodoxe de Grèce, la Révérende Catherine Anne Graham de la Communion Anglicane, le Révérend Jooseop Keum du Conseil Œcuménique des Eglises et la Doct. Doris Peschke de la Fédération Luthérienne Mondiale. Votre présence démontre que nous partageons la même préoccupation et la même sollicitude pour les situations que comporte le phénomène migratoire.

Je souhaite également la bienvenue aux Ambassadeurs et aux représentants des Missions Diplomatiques près le Saint-Siège, aux membres des Organisations internationales non gouvernementales et aux Autorités italiennes. Je vous remercie pour votre présence, signe de l’importance que revêt la question de la migration pour raison de travail, et qui témoigne de l’engagement de ceux qui exercent des responsabilités de gouvernement dans les sociétés contemporaines.

Enfin, je désire également adresser mes salutations particulières aux experts des secteurs académiques qui s’occupent des questions relatives à notre sollicitude pastorale, ainsi qu’aux représentants d’associations et d’organisations engagées dans ce domaine. Je vous remercie dès à présent pour la contribution que vous nous offrirez ces jours-ci et qui, j’en suis sûr, constituera un enrichissement pour chaque congressiste.

Même si cela peut sembler une phrase escomptée, nous devons affirmer que la migration continue d’être un signe des temps, qui influe profondément sur nos sociétés et, à notre époque de changements rapides et sans précédent, qui comporte des potentialités et des risques. 

Les migrations présentent des défis particuliers en raison des diverses problématiques de nature sociale, économique, politique, culturelle et religieuse qu’elles soulèvent et à cause des urgences qui interpellent la Communauté internationale. Elles représentent un phénomène complexe en raison de leur lien avec toutes les sphères de la vie quotidienne  ; c’est pourquoi elles sont parfois si difficiles à gérer. Quoi qu’il en soit, le fait que de nombreux migrants se déplacent malgré les obstacles persistants prouve, si je puis dire, une certaine «  incompatibilité  » entre les approches restrictives et un monde en marche vers une croissante libéralisation d’autres flux.

D’une certaine façon, cette incohérence peut être considérée comme responsable du grand nombre de migrants sans papiers et de l’apparition de certaines aires de transit migratoires dans différentes parties du monde ; elle constitue également un terrain fertile pour certains graves crimes commis contre les droits de l’homme, surtout le trafic d’êtres humains ç travers les frontières.

A cette époque de migrations sans précédent, il n’est pas rare de voir émerger la tendance à considérer le migrant étranger avec peur et suspicion. Au lieu de l’accueil et de la solidarité, les mouvements migratoires suscitent la méfiance et l’hostilité, la suspicion et les préjugés. De nombreux débats ont lieu sur l’opportunité et sur les façons d’affronter le phénomène des migrations non seulement à un échelon élevé, mais aussi dans les petites communautés locales où la présence des migrants est toujours plus importante. L’esprit humain, capable d’une grande générosité, est réduit au silence par les nouveaux appels à l’isolement et à la restriction. Dans un climat aussi préoccupant, nous pouvons nous demander : comment l’Eglise répond-elle?

Du point de vue biblique, le migrant est, par définition « l’étranger » et, selon un concept plus concret, l’hôte étranger au milieu de nous. Du fait qu’il partage le milieu de vie avec les autochtones, avec toutes ses différentiations, le migrant se situe dans la perspective vétérotestamentaire du « prochain ». Si, de plus, il partage la même foi dans le Christ, il est « frère » au sens le plus large du terme. En outre, comme il a besoin d’aide ou d’assistance du fait qu’il est déraciner de son pays, à cause des défis posés à sa foi ou parce qu’il en est privé, il appartient à cette catégorie de frères nécessiteux auxquels Jésus lui-même s’est identifié dans la parabole du Jugement Dernier (cf. Mt 25).

A son tour et malgré les innombrables aspects qui la caractérisent, la migration est la voie caractéristique par laquelle la confrontation frère-étranger se réalise sous des formes toujours nouvelles, mettant en même temps en crise toute concrétisation de l’idéal biblique de la fraternité. A cette lumière, quels sont les aspects qui s’imposent davantage pour une lecture chrétienne du phénomène de la migration pour raisons de travail?

Le thème de notre Rencontre nous vient en aide puisqu’il met déjà en évidence deux voies à suivre  : la coopération et le développement, dans la perspective spécifique de la sollicitude pastorale. 

Les concepts de la coopération et du développement mettent surtout l’accent sur l’aspect positif du phénomène de la migration, y compris la migration pour raison de travail. Du point de vue de la coopération, on ne peut pas négliger le fait que l’affluence de migrants vers les pays d’accueil peut apporter, pour ces derniers, de grands bénéfices, dans la mesure où elle apporte de nouvelles forces créatives et productives qui peuvent devenir d’une utilité indiscutable pour le développement. 

L’insertion des migrants dans le secteur productif des pays d’accueil comporte la capacité de créer de la richesse pour ces mêmes pays et, en même temps, elle peut offrir des opportunités de formation, d’information, de travail et de rétribution pour les migrants. A leur tour, ceux-ci peuvent partager avec leur pays d’origin
e une part importante des bénéfices reçus dans le pays d’accueil.

Il faut cependant être attentifs à ne pas mesurer le développement uniquement en termes de croissance économique ou d’autres indicateurs financiers, comme ont tenu à le souligner les derniers Papes. Le Pape François a réaffirmé que «  le développement ne peut être réduit à la simple croissance économique, obtenue, souvent sans regarder aux personnes plus faibles et sans défense.

Le monde peut progresser seulement si l’attention première est dirigée vers la personne ; si la promotion de la personne est intégrale, dans toutes ses dimensions, incluse la dimension spirituelle » (Message pour la Journée Mondiale du Migrant et du Réfugié 2014). Il est vrai que la migration pour le travail représente une grande potentialité pour le développement, surtout à travers les transferts, bien que parfois son effet, avec le temps, peut hélas avoir aussi des conséquences négatives pour le développement du pays d’origine.

Le véritable développement d’une société ou d’un pays requiert donc non seulement des changements économiques et structurels, mais surtout des changements profonds dans le domaine social et politique. En plus de réelles politiques de coopération pour le développement avec les pays d’origine et avec les pays de transit des flux migratoires, les politiques migratoires doivent considérer les migrants non seulement comme des instruments à attirer ou à renvoyer selon les exigences, mais comme des personnes auxquelles doivent être garantis tous les droits et les effets dérivant de la résidence et de la citoyenneté. 

En tout cas, les migrants n’ont pas seulement des besoins matériels, mais aussi spirituels, auxquels l’Eglise est appelée à répondre grâce à une pastorale intégrale qui représente un domaine d’action spécifique à l’intérieur de la pastorale ordinaire. 

Le point de départ est toujours la compréhension de la situation des migrants sous toutes ses dimensions, à la lumière de la Parole de Dieu et de la Doctrine Sociale de l’Eglise. Les considérer comme une ressource pour les communautés ecclésiales qui les accueillent leur permettra de coopérer au développement de l’Eglise d’arrivée, contribuant ainsi à la croissance de la fraternité et de l’esprit de communauté.

En conclusion, je formule le souhait que nos réflexions, et surtout nos prières pour les migrants, puissent apporter des fruits abondants et des bénédictions non seulement pour tous ceux qui viennent en aide aux personnes « en chemin », mais aussi pour ceux qui se trouvent, pour quelque raison que ce soit, loin de chez eux. 

Merci de votre attention et bon travail à tous !

(c) Traduction (non officielle) du CPM

Share this Entry

Antonio Maria Veglio

FAIRE UN DON

Si cet article vous a plu, vous pouvez soutenir ZENIT grâce à un don ponctuel