Les lettres d’amour du Christ sont l’Evangile, explique le P. Cantalamessa

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Commentaire de l’Evangile du dimanche 17 février sur la transfiguration

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ROME, Vendredi 15 février 2008 (ZENIT.org) – Nous publions ci-dessous le commentaire de l’Evangile du dimanche 17 février, deuxième dimanche de carême, proposé par le père Raniero Cantalamessa OFM Cap, prédicateur de la Maison pontificale.

Evangile de Jésus Christ selon saint Matthieu 17, 1-9

Jésus prend avec lui Pierre, Jacques et Jean son frère, et il les emmène à l’écart, sur une haute montagne. Il fut transfiguré devant eux ; son visage devint brillant comme le soleil, et ses vêtements, blancs comme la lumière. Voici que leur apparurent Moïse et Élie, qui s’entretenaient avec lui.

Pierre alors prit la parole et dit à Jésus : « Seigneur, il est heureux que nous soyons ici ! Si tu le veux, je vais dresser ici trois tentes, une pour toi, une pour Moïse et une pour Élie. »
Il parlait encore, lorsqu’une nuée lumineuse les couvrit de son ombre ; et, de la nuée, une voix disait : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j’ai mis tout mon amour ; écoutez-le ! »
Entendant cela, les disciples tombèrent la face contre terre et furent saisis d’une grande frayeur.
Jésus s’approcha, les toucha et leur dit : « Relevez-vous et n’ayez pas peur ! »
Levant les yeux, ils ne virent plus que lui, Jésus seul.
En descendant de la montagne, Jésus leur donna cet ordre : « Ne parlez de cette vision à personne, avant que le Fils de l’homme soit ressuscité d’entre les morts. »

© Copyright AELF – Paris – 1980 – 2006 tous droits réservés

Il fut transfiguré devant eux

Pourquoi la foi et la pratique religieuse subissent-elles un déclin et ne semblent pas constituer, au moins pour la majorité, le point de force de la vie ? Pourquoi cet ennui, cette fatigue, cette lassitude dans l’accomplissement des ses devoirs de croyants ? Pourquoi les jeunes ne se sentent-ils pas attirés ? Pourquoi, en somme, cette grisaille et ce manque de joie parmi les croyants en Jésus Christ ? L’épisode de la transfiguration nous aide à répondre à ces questions.

Qu’a signifié la transfiguration pour les trois disciples qui y ont assisté ? Ils avaient jusqu’alors connu Jésus sous son apparence terrestre, un homme semblable aux autres, dont on connaissait la provenance, les habitudes, le timbre de la voix… Désormais ils connaissent un autre Jésus, le véritable Jésus, celui que l’on ne réussit pas à voir avec les yeux de tous les jours, à la lumière normale du soleil, mais qui est le fruit d’une révélation soudaine, d’un changement, d’un don.

Pour que les choses changent pour nous, comme pour les trois disciples sur le Mont Thabor, il faut que se produise dans nos vies ce qui arrive à un jeune qui tombe amoureux. Lorsqu’on tombe amoureux, l’autre, la personne aimée, qui avant été un parmi tant d’autres, ou peut-être un inconnu, devient soudain l’unique, le seul au monde qui intéresse. Tout le reste passe à l’arrière-plan et se place comme sur un fond neutre. On n’est plus capable de penser à autre chose. Une véritable transfiguration se produit. On voit la personne aimée comme dans un halo de lumière. Tout semble beau chez elle, même les défauts, et on ne se sent pas digne d’elle. Le vrai amour produit de l’humilité. Quelque chose change aussi concrètement dans les habitudes de vie. J’ai connu des jeunes que les parents ne réussissaient pas à tirer de leur lit le matin pour aller à l’école ; si on leur trouvait un travail, ils l’abandonnaient bien vite ou ils traînaient dans leurs études sans jamais obtenir de diplôme. Et voilà qu’une fois amoureux et fiancés, le matin ils sautent du lit, ils deviennent impatients de terminer leurs études et s’ils ont un travail, ils le gardent précieusement. Que s’est-il passé ? Rien. Tout simplement, ce qu’ils faisaient auparavant par « obligation », ils le font maintenant par « attraction ». Et l’attraction est capable de faire faire des choses qu’aucune obligation ne réussit à faire faire ; elle donne des ailes. « Chacun, disait le poète Ovide, est attiré par l’objet de son plaisir ».

Une chose semblable, disais-je, devrait se produire une fois dans notre vie pour que nous devenions des chrétiens véritables, convaincus, joyeux de croire. « Mais l’amie ou l’ami, on le voit, on le touche ! ». Ce à quoi je réponds : Jésus aussi, on le voit et on le touche, mais avec d’autres yeux et d’autres mains : ceux du cœur, de la foi. Il est ressuscité et il est vivant. Il est un être concret, pas une abstraction, pour celui qui en fait l’expérience et qui le rencontre. Les choses se passent même encore mieux avec Jésus. Lorsqu’on tombe amoureux d’une personne humaine, on se trompe en attribuant à la personne aimée des talents qu’elle n’a peut-être pas, et avec le temps, on est souvent obligé de changer d’avis. Dans le cas de Jésus, plus on se connaît et on passe de temps ensemble, plus on découvre de motifs d’être amoureux de lui et plus on est confirmé dans son choix.

Cela ne veut pas dire qu’il faut attendre tranquillement, même avec le Christ, le classique « coup de foudre ». Si un garçon ou une fille passe son temps enfermé à la maison sans voir personne, il ne se passera jamais rien dans sa vie. Pour tomber amoureux il faut se fréquenter ! Si une personne est convaincue, ou tout simplement commence à penser que c’est beau et que cela vaut la peine de connaître Jésus Christ de cette manière, différente, transfigurée, elle doit commencer à le « fréquenter », à lire ses écrits. Ses lettres d’amour sont l’Evangile ! C’est là qu’il se révèle, qu’il se « transfigure ». Sa maison, c’est l’Eglise : c’est là qu’on le rencontre.

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ZENIT Staff

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