Les « Justes pour l’éternité », témoignage de Bernard et Eliane Klein

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Des sauveteurs en Orléans sous l’Occupation

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ROME, Jeudi 25 mars 2010 (ZENIT.org) – « II existe beaucoup de gens qui n’ont pas cette médaille et qui resteront oubliés des livres d’histoire, mais qui pour moi seront des Justes pour l’éternité », déclare Eliane Klein dans ce témoignage publié dans la rubrique « Témoignages » justement du site du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF): des propos recueillis par Emilie Cuchet.

Témoignage de Bernard et Eliane Klein

Nombreux sont les anonymes qui ne sont aujourd’hui plus là pour témoigner et qui, pourtant, sauvèrent des familles entières, femmes et enfants juifs, durant la Seconde Guerre mondiale. Si Bernard et Eliane Klein peuvent aujourd’hui témoigner, c’est parce que des Français ont courageusement lutté contre l’oppression nazie en s’armant de leur seuls bonté, courage et générosité.

«Mes parents, venus de Roumanie, habitaient à Orléans depuis 1930, raconte Bernard Klein. Un soir, en juin 1942, une amie de mes parents, Renée Cosson, est venue leur dire que les Allemands allaient arrêter les hommes le lendemain. Je n’ai jamais su comment elle l’avait appris. Mon père s’est donc enfui dans la nuit avec un de ses amis, M. Gofstein. Quinze jours plus tard, Renée est revenue pour nous informer que cette fois c’était ma mère, mon frère et moi qui étions en danger. Elle nous a fait dormir chez son cousin et le lendemain, on a quitté Orléans avec la famille de l’ami de mon père. J’avais 7 ans. On a traversé le Cher à pied, marché des kilomètres et pris le train. » Sur le quai d’une gare, sa mère est apostrophée par un gendarme qui lui demande sa carte d’identité où il est mentionné qu’elle est juive. Lasse et acculée, elle lui dit : « Faites ce que vous voulez… » Le gendarme la laisse partir… « Des miracles comme ça, il y en a eu quelques-uns », continue Bernard. « Sinon, je ne serais pas là devant vous. » Une fois la famille réunie, elle se réfugie à Vieilleville, dans la Creuse. Là, personne ne les a jamais dénoncés.

En 2002, Bernard a retrouvé Régine, sa petite voisine et copine de classe d’alors, qui lui écrira dans une lettre: « Qu’ils (les villageois) savaient tous qu’ils devaient vous cacher parce que vous étiez juifs… et qu’ils n’y faisaient jamais allusion.»

Eliane, l’épouse de Bernard au destin incroyablement similaire, née Amrofel, doit également son salut à l’aide désintéressée d’Orléanais : «Mes parents avaient deux amis policiers, M. Maupu et M. Proust, qui leur ont obtenu de fausses cartes d’identité. Mon père a passé la ligne de démarcation avec trois de mes frères. Aidée par un autre ami, M. Lefol, ma mère a plus tard passé la ligne avec mon frère aîné et moi, alors âgée de 11 mois. Elle a été arrêtée et, toute la nuit, elle a tenu tête à la Gestapo en affirmant qu’elle n’était pas juive et qu’elle pourchassait son mari car il s’était enfui avec une autre femme! Miracle, là encore, la mère et les enfants sont libérés le lendemain. Ils retournent à Orléans et repassent courageusement la ligne de démarcation, quelques jours plus tard, toujours avec l’aide de leurs amis! « On a retrouvé mon père et on est resté cachés jusqu’en août 1944 à Lothiers, dans l’Indre », ajoute Eliane.

« Après la guerre, mes parents, très reconnaissants, ont repris contact avec leurs amis à Orléans et souhaité qu’il leur soit remis la médaille des Justes. Ils ont tous refusé car ils trouvaient que ce qu’ils avaient fait était normal! II existe beaucoup de gens qui n’ont pas cette médaille et qui resteront oubliés des livres d’histoire, mais qui pour moi seront des Justes pour l’éternité», fait-elle remarquer.

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ZENIT Staff

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