Les fruits de l’Année paulinienne (II)

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Entretien avec l’archiprêtre de la basilique Saint-Paul-hors-les-Murs

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ROME, Mercredi 10 juin 2009 (ZENIT.org) – Depuis l’ouverture de l’Année Saint-Paul, la basilique Saint-Paul-hors-les-murs, qui abrite le tombeau de l’apôtre à Rome, a accueilli quelque 10.000 visiteurs. Dimanche 28 juin, le pape Benoît XVI conclura officiellement cette année jubilaire lors des vêpres solennelles. 

L’idée de consacrer une année à l’apôtre des nations est une première dans l’histoire de l’Eglise. Elle a été lancée par le cardinal Andrea Cordero Lanza di Montezemolo, archiprêtre de la basilique Saint-Paul, qui l’a suggérée au Pape.

Dans un entretien avec ZENIT, dont nous publions ci-dessous la deuxième partie, le cardinal trace un bilan des fruits spirituels, intellectuels et œcuméniques que cette commémoration a apporté à l’Eglise.

ZENIT : Comment se sont déroulées les journées d’études et d’approfondissement organisées cette année pour illustrer la figure de saint Paul? 

Card. Cordero Lanza di Montezemolo : Saint Paul est le plus grand communicateur qui nous a fait voir la Parole de Dieu. Si on y fait attention, dans la liturgie actuelle, tant au cours des messes que dans les prières, plus de la moitié des citations proviennent des Lettres de saint Paul.  

Le message de Paul est très varié. Il n’est pas simple, il faut savoir l’interpréter. On doit rappeler que Paul était une personne dotées pratiquement de trois cultures. C’était un juif qui avait très bien étudié toute la culture juive. Il connaissait les Ecritures par cœur, était un expert du langage et de la mentalité. 

C’était un pharisien, il le dit lui-même. Il connaissait très bien la loi et insistait sur son observance. A son époque, la culture principale était la culture grecque, l’hellénisme, la philosophie de la tradition grecque. Il écrivait et parlait couramment le grec. C’était aussi un citoyen romain, et comme tel il connaissait le latin. 

Il résumait en lui trois cultures. Son respect de la loi apparaît totalement dans sa manière d’écrire et de présenter les choses.

Après sa conversion sur la route de Damas, une conversion miraculeuse, il prend sur lui tout le message du Christ jusqu’à dire « ce n’est plus moi qui vis, c’est le Christ qui vit en moi » (Gal 2,20). C’est là toute la richesse de son message. Un message très varié qui ne peut se résumer en quelques mots. 

Toute la vision que nous avons de la rédemption en Jésus Christ est profondément enracinée en ce que Paul nous a transmis. Il faut rappeler ceci : comment Paul fait-il pour connaître ces choses? Lui qui n’a jamais rencontré le Christ historique. Tout ce que Paul sait coïncide avec sa connaissance des Ecritures, et l’a porté à dire que Jésus Christ était le Messie que les juifs attendaient.

ZENIT : Comment l’Année Saint-Paul a-t-elle favorisé le rapprochement entre les divers « credo »? 

Card. Cordero Lanza di Montezemolo : Cette basilique, plus que les autres basiliques papales, a un devoir particulier, celui de l’œcuménisme. Nous avons célébré ensemble la liturgie, mais pas les sacrements. Ceci aura lieu quand l’on atteindra l’unité entre les Eglises.  

Nous avons organisé des réunions pour prier ensemble et en particulier étudier, car le patrimoine que les diverses Eglises et communautés ont sur Paul est très riche. Ceci vaut surtout pour les Eglises orientales qui, sur beaucoup de questions, ont une vision assez différente de la tradition culturelle occidentale. C’est donc une occasion d’échange et d’enrichissement. 

Nous avons eu des rencontres très intéressantes avec des groupes venus à Rome. Parmi les chrétiens non catholiques il y a des théologiens et des interprètes des saintes Ecritures très habiles qui peuvent aider à donner une vision plus complète et intéressante.

Il y a également eu une rencontre avec les juifs. Ceci n’est plus œcuménisme au sens propre du terme, mais ça l’est dans un sens plus large de collaboration sur un plan culturel. L’université juive de Jérusalem a organisé un congrès de trois jours avec une session dans l’abbaye. C’était très intéressant. Nous avons pu aborder les divers aspects de la personnalité de Paul, qui était un pharisien, un homme de grande culture juive. 

Nous sommes néanmoins plutôt loin de ce que Jésus a demandé au Père au cours de la Dernière cène: « Que tous soient un » (Jn 17,21). Ce sont toutefois des pas, parfois petits, parfois grands, avec de temps en temps aussi quelque pas en arrière, mais ce sont toujours de bons pas pour nous comprendre davantage.  

ZENIT : Quelles initiatives la basilique prendra-t-elle pour que cette esprit ne se perde pas une fois l’Année Saint-Paul terminée? 

Card. Cordero Lanza di Montezemolo : Bien organiser l’accueil des pèlerins qui continueront à venir. Il y a quelque chose qui attire l’attention. Nous avons voulu la présence d’une flamme sous le quadriportique. Le 28 juin de l’année dernière, le pape en personne est venu l’allumer. Peut-être l’éteindrons-nous à la fin de l’Année Saint-Paul, mais beaucoup demandent qu’autour de cette flamme papale soient allumées des bougies à offrir aux pèlerins. Ce que les gens veulent c’est un espace de pénitence. Nous continuerons à célébrer des messes et à organiser des rencontres de prière, mais nous prendrons aussi des initiatives d’étude. 

Fin de la deuxième partie 

Propos recueillis par Carmen Elena Villa

Traduit de l’italien par Isabelle Cousturi

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ZENIT Staff

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