Les évêques d'Europe et d'Afrique demandent au G8 la solidarité avec l'Afrique

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La croissance et la solidarité

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CITE DU VATICAN, Jeudi 29 mai 2003 (ZENIT.org) – Voici le texte du message adressé par la Commission des Episcopats de la Communauté Européenne (www.comece.org) et par le Symposium des Conférences épiscopales d’Afrique et Madagascar (SCEAM) au président Jacques Chirac et aux membres du G 8.

M. Jacques Chirac
Président de la République française
Président en office du G8
Berlin, le 29 mai 2003
Monsieur le Président,

En tant que Présidents de la Commission des Episcopats de la Communauté Européenne (COMECE) et du Symposium des Conférences épiscopales d’Afrique et Madagascar (SCEAM) nous vous écrivons en vue du sommet G8 qui aura lieu du 1er au 3 juin à Evian.

Tout d’abord nous souhaitons vous dire que la philosophie de la présidence française sur le G8, qui se fonde sur quatre principes, nous semble très proche de l’enseignement social de l’Eglise. La croissance et la solidarité forment un couple qui devraient à terme permettre aux plus pauvres du monde entier et en particulier, d’Afrique de sortir de leur misère. Sans responsabilité et démocratie nous ne pouvons aspirer au respect de la dignité humaine pour tous. Les prochains jours constitueront l’apogée de votre présidence du G8. Nous vous encourageons dès lors à mettre en pratique cette philosophie.

La rencontre avec les cinq chefs d’Etat africains sera certainement l’occasion opportune pour vous et vos collègues de la mettre en œuvre et ainsi, donner un nouveau soutien du G8 à l’initiative NEPAD. Cette initiative africaine, qui était au cœur d’une rencontre entre évêques africains et européens à Lisbonne en février dernier, mérite un engagement plus important de la part des pays développés. Nous continuons à croire qu’il s’agit là d’une voie réaliste pour améliorer, à terme, le sort du continent africain dont plusieurs nations connaissent aujourd’hui la guerre civile, la violence et l’injustice.

Aussi les pays riches – aujourd’hui en grande partie absorbés par des problèmes internes ou par d’autres défis internationaux – ne doivent-ils reculer devant leurs engagements pris en faveur d’une augmentation de l’aide au développement et d’une réduction de la dette des pays pauvres. Nous vous demandons également de créer le cadre permettant aux gouvernements d’Afrique de respecter leurs engagements pris envers leurs peuples, notamment en matière de bonne gouvernance. Le sommet d’Evian pourra ainsi donner le signal de départ d’une nouvelle mobilisation pour un partenariat qui ne se limite pas à la dimension matérielle mais qui cherche à se fonder sur des valeurs humaines et transcendantes.

Réduire la pauvreté implique une croissance économique durable et une répartition équitable des fruits de la croissance. La conclusion en temps utile du cycle du développement de l’Organisation mondiale du Commerce pourra être un facteur important pour une croissance mondiale au profit des pays pauvres. Or, sur plusieurs volets, le calendrier du cycle de négociations n’a pu être respecté. Nous notons ici en particulier, ceux concernant l’agriculture et l’accès aux médicaments pour les pays les plus pauvres. Donner – avec les autres membres du G8 – un nouvel élan à l’OMC et aux négociations en cours sera à nos yeux le résultat le plus important à court terme en vue d’une meilleure gouvernance mondiale. Celle-ci doit être plus juste et plus solidaire que le système d’aujourd’hui.

À ce propos, un dernier point nous tient précisément à cœur. Dans un rapport sur la gouvernance mondiale rédigé par un groupe d’experts de haut niveau à l’intention des évêques de la COMECE, les auteurs ont attiré l’attention sur la nécessité d’un groupe restreint – composé de chefs d’Etats et de gouvernements – , qui aurait la capacité et la légitimité pour coordonner les questions économiques, sociales et environnementales sur le plan international. A l’exception d’une Organisation mondiale de l’Environnement, nous ne manquons pas d’organisations internationales. Cependant une instance de coordination et de concertation entre ces organisations et les pays est nécessaire.

Pour cette raison nous voudrions vous féliciter pour l’initiative d’inviter douze autres chefs d’Etats et de gouvernement et le Secrétaire général des Nations Unies ainsi que les directeurs de quelques organisations internationales pour un dialogue élargi avec les membres du G8 sur les questions liées à la mondialisation. Ceci n’est pas encore le « Global Governance Group » dont parlait le rapport cité plus haut, mais ce dialogue est un premier pas dans cette direction. Nous nous en réjouissons et en tant qu’évêques africain et européen nous avons l’intention d’inciter vos collègues européens dans le cadre du G8 à renouveler cette expérience en attendant une solution plus stable à cette question importante.

En vous demandant de transmettre cette lettre aux participants du sommet et en vous souhaitant, finalement, nos meilleurs vœux pour le sommet du G8, nous vous prions,Monsieur le Président, d’agréer avec l’assurance de notre prière l’expression de nos sentiments les plus respectueux.

+ Josef Homeyer
Évêque de Hildesheim (Allemagne)
Président de la COMECE

+ Laurent Monsengwo Pasinya
Archevêque de Kisangani (R.D.C.)
Président du SCEAM

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ZENIT Staff

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