Les évêques d'Aragon contre une loi qui ouvre les portes à l’euthanasie

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Ils dénoncent les conséquences de cette loi dans une lettre pastorale

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ROME, Mardi 10 mai 2011 (ZENIT.org) – « Seul Dieu est le Seigneur de la Vie » : tel est le titre de la lettre pastorale de l’épiscopat des diocèses d’Aragon (Espagne) publiée la semaine dernière à l’occasion de la promulgation par le gouvernement aragonais de la « loi sur les droits et les garanties de la dignité de la personne dans le processus de mort et la mort ».

Les évêques reprochent à cette loi d’ouvrir une porte à « l’application de l’euthanasie », et de « ne pas considérer le droit des professionnels du corps médical à l’objection de conscience », ce dernier point constituant, selon eux, « une grave lacune», l’agent médical n’étant pas un simple anneau d’une chaîne ou d’un engrenage, mais un « sujet moral responsable personnellement de ses actes ».

Les « Cortes » d’Aragon ont approuvé, le 24 mars dernier, une loi, qualifiée par les médias de « Loi sur de la mort digne ». La communauté aragonaise est la deuxième communauté autonome, après l’Andalousie, à avoir approuver une telle mesure sur la question. Celle-ci fera l’objet d’une loi civile du gouvernement central. Mais les gouvernements autonomes n’ont pas attendu pour légiférer, donnant lieu à des différences possibles entre les espagnols quant à l’exercice de leurs droits dans le parcours de fin de vie.

Pour les évêques d’Aragon, les lois médicales déjà existantes, les orientations des sociétés médicales et scientifiques et l’engagement quotidien des professionnels de la santé en faveur du malade suffises à la pratique quotidienne. Elles sont en outre aptes à résoudre les doutes qui peuvent surgir.

« La valeur intrinsèque et la dignité personnelle de chaque être humain ne changent pas, quelques soient les circonstances concrètes de sa vie », réaffirment les évêques, et le but de la médecine, et donc de toute action médicale, est d’œuvrer pour le bien du malade ».

« Gravement malade ou pas, le patient reste un homme et sera toujours un homme », et sa vie reste « un bien inviolable, dont on ne peut disposer ».

Les évêques des diocèses d’Aragon mettent en garde contre les dangers du recours à des justificatifs comme « la qualité de vie », et contre les attitudes de « fausse pitié », rappelant que ce n’est pas parce qu’une grave détérioration de notre état physique ou mental nous fait devenir « un poids pour les autres ou pour soi-même », que notre vie « ne vaut pas la peine d’être vécue, qu’elle est sans valeur vitale ».

Notre existence même est « un défi pour la médecine à découvrir des aides et des thérapies adéquates pour le malade », rappellent-ils.

Selon les évêques, qui se disent aussi contraire à une « conspiration du silence », le fait de cacher au malade la vérité sur son état. Les deux conditions fondamentales pour pouvoir s’acheminer vers la mort avec dignité sont de « savoir que l’on se trouve aux portes de la mort », et de « ne pas laisser seul le malade ou sa famille ».

Ils rappellent aussi deux principes importants du magistère : « Ne pas abréger la vie ni retarder indument la mort », « soigner et se faire soigner ».

Le dernier point du document est relatif au traitement de la douleur et à la sédation palliative.

La sédation, relèvent-ils, n’est pas moralement mauvaise en soi, mais « les actions sédatives ne sont pas toutes positives ». En effet, « atténuer les fonctions humaines supérieures n‘est justifiable qu’en vertu d’un bien suffisamment élevé pour le sujet, non pour le bien d’un tiers, qu’il appartienne à la famille ou au corps médical ».

Ranger la sédation palliative comme un « droit du patient », ce que fait l’article 14 de la loi en question, revient à mettre à un même niveau « les états graves et irréversibles », les « situations en phases terminales » et « l’état d’agonie ». Un amalgame qui fait craindre aux évêques qu’il s’agisse d’une « porte ouverte aux actions d’euthanasie » .

« Une personne tétraplégique, ou atteinte de la maladie de Parkinson, une personne âgée atteinte de démence sénile, ne sont pas des personnes en phase terminale ni à l’agonie », soulignent les évêques : « Établir la différence est d’une importance éthique capitale ».

« Ce que l’on définit de moral n’est pas le résultat final, mais l’action intentionnelle que la personne réalise librement », concluent les évêques, soulignant que « la loi en soi ne suffit pas à garantir une conduite morale correcte ».

Nieves San Martín

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ZENIT Staff

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