Les derniers moments de sœur Lucie de Fatima

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Souvenirs de la supérieure du Carmel au couvent de Coimbra

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ROME, Mardi 25 septembre 2007 (ZENIT.org) – Entrée au monastère Sainte-Thérèse de Coimbra (Portugal), le 25 mars 1941, sœur Lucie a toujours vécu dans la même cellule et « de là s’est envolée au ciel », déclare la supérieure du Carmel, sœur Marie-Céline de Jésus Crucifié.

Vendredi dernier à Rome, nombreux étaient les invités à la présentation du livre « L’ultima veggente di Fatima, i miei colloqui con suor Lucie » (La dernière voyante de Fatima, mes conversations avec sœur Lucie) (Editions Rai-Eri et Rizzoli, Milan 2007, pp. 196, Euro 17,50), écrit par le cardinal Tarcisio Bertone en collaboration avec le vaticaniste du journal télévisé de RAI uno, Giuseppe De Carli. Les invités ont pu assister en exclusivité à la projection du reportage réalisé sur le couvent de Coimbra où la religieuse a vécu.

En 1950, sœur Lucie, après avoir prononcé ses vœux solennels en mai de l’année précédente, était entrée définitivement dans la communauté, prenant alors le nom de sœur Marie de Jésus et du Cœur Immaculé. Durant sa clôture, elle vaquait à diverses occupations : jardinière, responsable du garde-manger et d’une partie du vestiaire.

Le reportage sur le couvent de Coimbra, réalisé en juillet dernier par Elena Balestri et Giuseppe De Carli, « grâce au soutien du Saint-Siège », est un reportage de huit minutes environ, montrant la communauté des 20 religieuses cloîtrées à « l’heure sixte».

Les images vont au-delà de la clôture, dans l’espace réservé à la récréation ; on voit les carmélites se promener dans le jardin et dans le potager, l’arrêt aux pieds de la Vierge de Fatima et de l’Enfant Jésus de Prague, le parloir où sœur Lucie a rencontré les cardinaux Albino Luciani (1977), Joseph Ratzinger (1997) et, à trois reprises entre 2000 et 2003, Tarcisio Bertone.

Les images de sa cellule sont très émouvantes. Tout est resté comme avant : une inscription sur sa porte « Cœur immaculé de Marie. Mon Cœur immaculé sera ton refuge » ; son lit qui est aussi celui où elle est morte avec une grande photo la représentant dans les bras de sa supérieure, tenant dans sa main le message de Jean-Paul II.

Mais encore : un petit agneau en peluche, cadeau d’un prêtre italien, les statuettes des petits bergers en compagnie de la Vierge, un fauteuil, un fauteuil roulant, son petit bureau sur lequel sont rangés les dictionnaires qu’elle consultait tous les jours en écrivant, un chapelet, un haut-parleur pour écouter la messe et pour participer aux moments de prière des soeurs cloîtrées.

Pour des millions de fidèles à Fatima, les lieux où sœur Lucie a passé presque 57 ans de sa vie « sont mystérieux. A la télévision, commentent les réalisateurs du reportage, nous avons vu la voyante à l’occasion des pèlerinages de Paul VI et Jean Paul II. Sa dernière apparition remonte au mois d’octobre de l’an 2000, reprise en train de réciter, du choeur du monastère, une dizaine de chapelets en liaison avec la place Saint-Pierre ».

Dernière supérieure de sœur Lucie, sœur Marie-Céline a accueilli les équipes de la télévision avec sœur Marie du Carmel, consœur de la voyante de Fatima pendant 52 ans. Celle-ci avait accompagné sœur Lucie à Rome, le 13 février 2000, pour assister à la béatification de ses deux cousins Jacinthe et François Marto, présidée par Jean Paul II.

En écoutant les conversations entre les deux religieuses, on comprend combien la vie de sœur Lucie était une vie faite de recueillement, de solitude et de silence, loin de la curiosité des gens : « A l’extérieur comme tout le monde, à l’intérieur comme personne ».

Lorsque tous les jours elle allait réciter le chapelet, le long d’une allée au bout duquel se trouve la statue de la Vierge, « sœur Lucie, a expliqué la supérieure, grondait souvent les petits bergers de s’en être allés aux cieux et de l’avoir laissée seule ».

Voici ci-dessous le texte de la conversation avec sœur Marie-Céline :

D’après vous, Lucie a-t-elle vu la Vierge Marie à d’autres occasions ?

Elle ne parlait pas volontiers de cela. En revanche, les dernières années de sa vie, elle parlait de son expérience extraordinaire vécue en 1917. Mais elle ne disait pas « moi je », elle disait « les petits bergers »: elle se référait toujours à eux. L’image de Notre-Dame n’était pas comme elle aurait voulue. Parfois, elle lui semblait laide, elle ne correspondait pas à ses souvenirs précis, ce n’était pas celle que l’artiste avait peint selon sa description. C’est un peu ce qui est arrivé à sainte Bernadette.

Et à ceux qui objectaient l’existence d’un quatrième secret, un secret non révélé, que répondait sœur Lucie ?

Qu’ils ne sont jamais contents ; qu’ils fassent ce que leur a demandé la Vierge Marie, qui est la chose la plus importante. Quand quelqu’un lui lançait : « sœur Lucie, on dit qu’il y aurait un autre secret » […], elle répondait d’un ton ironique. « S’il y en a un, qu’ils me le révèlent. Moi je n’en connais pas d’autres ».

Quel genre de religieuse était sœur Lucie ?

C’était une femme qui dégageait de la joie. J’ai vécu avec elle pendant 28 ans et j’ai remarqué que plus elle avançait en âge plus elle ressemblait à la petite fille qui, au lieu dit Cova da Iria (Grotte d’Irène) avait vu les apparitions. Plus son corps s’apesantissait, plus son esprit devenait léger.

Elle s’est éteinte peu à peu, presque doucement ?

Quand elle a eu besoin d’aide, nous avons mis son lit au milieu de sa cellule et nous sommes restés à son chevet, avec l’évêque de Leiria-Fatima. Moi j’étais agenouillée près d’elle. Sœur Lucie nous a tous regardés, moi la dernière. Un long regard. Dans ses yeux brillait une lumière intense que je porte dans mon âme.

La sentez-vous encore proche ?

Je la prie toujours et je sais qu’elle prie pour nous. Il y a des choses qui n’ont pas besoin de mots : un geste suffit, une pensée. Avant, sœur Lucie avait un problème d’audition. Maintenant elle ne l’a plus. Maintenant elle comprend tout sans parole.

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ZENIT Staff

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