Les coulisses des JMJ de Toronto

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Témoignage émouvant du P. Rosica, organisateur des JMJ de juillet 2002

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ROME, lundi 23 septembre 2002 (ZENIT.org) – Nous publions ci-dessous quelques réflexions du P. Thomas Rosica, directeur national des Journées Mondiales de la Jeunesse qui ont eu lieu en juillet dernier à Toronto. Un témoignage très émouvant et plein d’espérance…

P. ROSICA: « Le week-end dernier (17-18 août, ndlr) j’ai finalement réussi à m’échapper pour le week-end pour réfléchir à ce grand événement que nous avons vécu au Canada il y a près d’un mois. Mon refuge et lieu de réflexion n’était autre que la Strawberry Island, le centre de retraites estival de ma congrégation religieuse, les Pères Basiliens. Le temps était splendide et j’ai passé de longs moments à regarder le lac tranquille et à remercier Dieu pour les JMJ. Le souvenir du séjour du Saint Père sur l’Ile il y a un mois continue à procurer une immense joie et une grande paix à ceux qui s’occupent de l’île ainsi qu’aux milliers de personnes qui vivent sur les rives du Lac Simcoe au nord de Toronto. Le week-end dernier, j’ai traversé le lac dans l’un des bateaux de notre congrégation et je suis allé dans un petit magasin pour acheter un journal. Je n’avais jamais rencontré la patronne mais elle m’a reconnue et avant que j’aie eu le temps de parler elle m’a dit: « Merci d’avoir apporter tant de joie ici dans la région du lac cet été ».

Les JMJ au Canada parlaient partout de joie, reflétaient la joie, répandaient la joie. A son arrivée parmi nous le mardi 23 juillet, le pape Jean-Paul II a donné le ton de ce qui allait se passer pendant toute la semaine. « Les jeunes du monde entier… rassemblés pour la Journée Mondiale de la Jeunesse, portent les marques d’une humanité qui trop souvent ne connaît pas la paix, ou la justice… Trop de vies commencent et s’achèvent sans joie, sans espérance. C’est l’une des principales raisons d’être de la Journée Mondiale de la Jeunesse. Les jeunes se rassemblent pour s’engager, avec la force de leur foi en Jésus-Christ, pour la grande cause de la paix et de la solidarité humaine », a-t-il dit.

ZENIT: Quels souvenirs gardez-vous de cet événement ?

P. ROSICA: Je n’oublierai jamais l’arrivée du Saint Père à Toronto, le 23 juillet. Il faisait un temps splendide quand l’avion de Alitalia s’est arrêté sur la piste de l’aéroport international de Pearson. J’étais parmi les personnes qui attendaient le pape, en ligne, avec en tête le premier ministre canadien Jean Chrétien et des responsables du gouvernement à tous les niveaux, suivis par des personnalités de l’Eglise canadienne. Nous attendions patiemment que le Saint Père descende au sol au moyen d’un ascenseur spécialement équipé pour lui, que j’avais personnellement aidé à préparer, quelques semaines auparavant. A notre grand étonnement, ils n’ont pas utilisé l’ascenseur. Le pape Jean-Paul II est apparu à la porte de l’appareil et à commencé à descendre lentement les marches. Les yeux du monde étaient rivés sur ce vieil homme, et chaque pas était mesuré avec attention. Les ovations de la foule ont alors résonné dans le Terminal, et dans l’ensemble du pays. Les JMJ commençaient de façon grandiose.

Un autre moment, a été, un peu plus tard cette semaine, lors de la cérémonie de bienvenue du pape, sur la Exhibition Place à Toronto. Vers minuit, je me suis rendu au Centre de Presse pour remercier les centaines de journalistes venus du monde entier à Toronto pour couvrir cet événement. Nous avions plus de 3.800 journalistes accrédités représentant plus de 800 media. C’était incroyable. Je suis entré dans l’un des bureaux d’une importante chaîne de télévision américaine. J’ai été accueilli par un tonnerre d’applaudissements. Une réalisatrice, avec une longue expérience de travail, s’est exclamée: « C’est l’un des plus beaux reportages que nous ayons jamais fait. Merci de nous avoir aidé ».

Même les personnes les plus cyniques ne peuvent pas ne pas être impressionnées ou émues par les flots de jeunes qui ont exprimé leur joie d’être chrétiens catholiques dans un monde complexe et rempli d’ombres. Ce n’était pas un spectacle, une manifestation de protestation, ou une occasion choisie pour montrer des photos, mis en scène par de grandes compagnies de marketing engagées par l’Eglise catholique pour restaurer son image à la lumière des scandales et des difficultés. La JMJ est un cadeau de Dieu donné au Canada et à Toronto pour nous réveiller et nous rappeler que nous sommes appelés à être joyeux et à être des artisans de paix remplis d’espérance dans un monde troublé. Le thème des béatitudes choisi par le pape ne pouvait pas être plus approprié pour notre temps et cet événement.

ZENIT: Quelle est la réaction, un mois après les JMJ?

P. ROSICA: « Depuis la fin des JMJ le Bureau National de Toronto est inondé de lettres, de messages, d’appels, d’e-mails de tous les coins du monde, et du Canada. Beaucoup des messages que j’ai reçus commencent par: « Cher Père Rosica, je ne suis pas catholique mais je vous écris pour vous dire l’impact que les JMJ ont eu sur moi, ma famille, mes amis, mes collègues… Nous n’arrêtons pas d’en parler ».

Des milliers de personnes ont été profondément touchées par les stations du chemin de croix qui a eu lieu en plein cœur de Toronto, le vendredi soir, 26 juillet. La CBC, la chaîne de télévision nationale canadienne nous a dit que le chemin de croix avait été retransmis en direct dans plus de 160 pays. Plus d’un milliard de personnes pouvaient suivre l’événement à travers la télévision.

Au Canada et surtout à Toronto, les gens ont eu la possibilité d’accueillir des jeunes pèlerins chez eux. Nous n’avons entendu que des paroles de reconnaissance. Voici ce qu’une femme âgée du diocèse de Peterborough nous a écrit: « Mes petits-enfants ne viennent plus me voir mais pendant les JMJ j’ai accueilli six jeunes chez moi. Ils m’ont rajeunie. Je les aimais et j’ai pleuré quand ils sont partis ».

Un chauffeur des transports publics de Toronto nous a raconté qu’il était en vacances la semaine du 23 juillet, à Toronto, mais qu’il a insisté pour aller travailler tous les jours « juste pour s’imprégner de l’esprit qui régnait sur le TTC » (réseau des transports publics de Toronto, ndlr). « Père Thomas, faites revenir ces jeunes avec leurs chansons, leur musique, leur joie contagieuse. Ils ont été une bénédiction pour nous tous ».

Un agent de la police fédérale affecté au projet des JMJ ces deux dernières années m’a écrit. Voici ce qu’il dit: « De nombreux agents qui ont travaillé aux JMJ 2002 m’ont dit que c’était le moment le plus marquant de leur carrière d’avoir collaboré à cet événement et dans beaucoup de cas, d’avoir rencontré le Saint Père. Ils étaient très fiers, tout comme moi, lorsque le pape Jean-Paul II a mentionné le travail de la police dans son homélie de la messe de dimanche…Sur le plan personnel, en tant que protestant, je me suis engagé pendant l’année consacrée à la préparation de cet événement, à étudier l’histoire et la signification de l’Eglise Catholique Romaine. Je suis sorti de cette expérience avec une profonde appréciation de la foi et du travail réalisé par d’innombrables prêtres, évêques et membres de l’Eglise. L’Eglise est vivante, elle va bien et elle grandit ».

Une sœur américaine de New York qui avait accompagné un groupe de jeunes handicapés a écrit à la section pour les handicapés: « Ce fut une semaine de grande espérance et de sainteté pour l’Eglise… L’accueil chaleureux à notre arrivée à l’aéroport… l’accueil de tous les officiers de police dans les rues… l’aide dans le métro et dans les bus… les repas bien organisés… les belles liturgies… Nos cœurs débordaient de joie… Durant ces journées nous avons vraiment pu toucher le visage de Dieu à travers beaucoup de monde! »

Les JMJ 2002 ont eu un impact bien au-delà de la communauté catholique du Cana
da et ont touché les cœurs de millions de personnes. Les grâces et les fruits d’un événement aussi beau n’ont pas de prix. La présence du pape Jean-Paul II parmi nous était comme une flamme d’espérance au milieu de moments de désespoir; une présence lumineuse au milieu des ombres de notre temps. Ses paroles sont allées droit au cœur des jeunes.

La nature multicuturelle, multireligieuse et œcuménique de Toronto a été particulièrement évidente pendant les JMJ. Le Congrès musulman a ouvertement soutenu l’événement et les mosquées de la ville ont envoyé de nombreux volontaires. Plusieurs pèlerins ont été accueillis dans des familles juives. Des personnes d’autres croyances ont travaillé comme volontaires ou ont hébergé des pèlerins. Les Mormons ont envoyé une délégation importante de volontaires pour aider à distribuer les repas et ont donné une tonne de fleurs fraîches pour décorer tous les endroits où devait passer le pape. Ce don était un signe merveilleux de la portée des JMJ et de la bonté qu’elles suscitent partout où elles ont lieu.

ZENIT: Quels sont maintenant les défis pour l’Eglise du Canada?

P. ROSICA: Le flambeau est passé à l’Eglise du Canada, spécialement aux évêques et aux pasteurs de l’Eglise. C’est maintenant à nous de saisir l’élan qui a été donné, de refléter la lumière extraordinaire qui nous a entourés il y a un mois, et d’inviter tous les jeunes de ce pays à regarder Jésus, qui est la lumière rayonnante qui ne s’éteint jamais, l’ami fidèle qui ne nous laissera jamais tomber, le frère qui marche avec nous sur les routes de la vie. Nous devons inviter beaucoup de jeunes à trouver la vie et un sens à la vie dans l’Eglise catholique.

Les JMJ 2002 nous ont montré la route qui se déroule devant nous: nous touchons à peine la surface de ce que peut être la pastorale de la jeunesse. Les jeunes Canadiens qui ont participé aux JMJ ne représentent que le début de cette pastorale. Il y a des centaines de milliers de jeunes qui attendent d’être accueillis dans la vie de l’Eglise et de trouver une place crédible et visible. Nous devons être créatifs, persévérants, simples et joyeux lorsque nous allons à leur rencontre et les invitons à se joindre à nous.

ZENIT: Pouvez-vous résumer vos pensées et vos sentiments concernant les JMJ?

P. ROSICA: Le génie du pape Jean-Paul II était clair dans cette décision d’accorder les JMJ au Canada cet été. Le Canada et Toronto avaient besoin des JMJ pour se réveiller, se laisser imprégner de joie, se rappeler de ses dons et des qualités d’hospitalité, de tolérance et de bâtisseur de paix qui ont caractérisé cette nation. Ce n’est que lorsqu’une nation et une société refont appel à leur identité d’origine qu’elles peuvent espérer devenir réellement multiculturelles, tolérantes et ouvertes aux autres.

La chose la plus ironique dans cette histoire incroyable est le fait que le catalyseur de toute l’aventure des JMJ est un vieil homme, un guerrier, un combattant, un berger et un leader courageux qui est venu au Canada pour nous aider à redécouvrir notre propre jeunesse, notre espérance et notre joie. Sa présence au milieu de nous a déclencher des torrents de larmes, a touché des centaines de milliers de cœurs et de vies qui sont changés pour toujours. Je ne pourrai jamais plus me rendre sur l’Exhibition Place sans entendre les chants, les rires et sans voir la foule et les drapeaux. Je ne pourrai jamais plus marcher dans la University Avenue sans penser aux milliers de personnes qui assistaient à genou au chemin de croix en regardant Jésus et ses amis se diriger vers les bâtiments du Parlement Provincial. Downsview Park et l’aéroport resteront l’une des plus grandes cathédrales au monde… Strawberry Island, Morrow Park, la Congrégation de saint Basil (Pères basiliens) et les Sœurs de St Joseph de Toronto seront entourés de lumière pour le reste de leurs jours.

Tout cela parce qu’un vieil homme a descendu avec peine la passerelle d’un avion à Toronto le 23 juillet 2002 et lancé les JMJ 2002. Il est venu parmi nous pour embrasser les jeunes du monde qui avaient répondu à son invitation : « Venez et faites résonner dans les grandes avenues de Toronto la joyeuse nouvelle que le Christ aime chaque personne et porte à son terme toute trace de bonté, de beauté et de vérité trouvée dans la ville de l’homme. Venez et parlez au monde du bonheur que vous avez trouvé en rencontrant Jésus Christ, de votre désir de mieux le connaître, de votre engagement à annoncer l’Evangile du salut jusqu’aux extrémités de la terre! »

A la fin de la messe au Downsview Lands, le dimanche 28 juillet, le Saint Père a merveilleusement bien résumé les sentiments de millions de personnes à travers le monde, à la fin des JMJ 2002: « Alors que nous nous préparons à rentrer chez nous, je vous dis, en reprenant les paroles de saint Augustin: ‘Nous avons été heureux ensemble dans la lumière que nous avons partagée. Nous avons été vraiment heureux d’être ensemble. Nous avons exulté. Mais alors que nous nous quittons les uns les autres, ne Le quittons pas ».

Le P. Thomas Rosica rappelle par ailleurs que le Canada a encore besoin de dons pour couvrir les frais occasionnés par les JMJ.
Pour faire un don par carte de crédit, tél. au 1-888-559-9930 (pour l’Amérique du Nord).
Les dons par chèques sont à envoyer à l’adresse suivante: World Youth Day 2002, 415 Yonge St., Suite 900 Toronto, Ontario, M5B 2E7 Canada
Il est également possible de faire un virement dans l’une des succursales de la Scotiabank sur le compte des Journées Mondiales de la Jeunesse 2002.

La cassette vidéo officielle des retransmissions télévisées est disponible sur commande, en vidéo ou DVD (en anglais, français, espagnol ou italien) pour $19.95 plus frais de port et taxes.
Tél. (866) 516-4875 ou www.toronto.cbc.ca/wyd2002

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ZENIT Staff

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