Les Assomptionnistes : « Nous sommes plus que jamais fidèles à notre fondateur et au Saint-Père »

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Entretien avec le P. Richard Lamoureux, Supérieur général des « pionniers de la presse catholique »

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ROME, Vendredi 17 février 2006 (ZENIT.org) – « Un Assomptionniste est un homme de foi et de son temps » affirme le père Richard Lamoureux, supérieur général des Assomptionnistes dans cet entretien accordé à Zenit.

Forts de ses 853 religieux et de ses 160 ans d’existence, les Augustins de l’Assomption, appelés Assomptionnistes, sont présents dans 24 pays répartis sur quatre continents. On les trouve dans le Groupe Bayard-Presse, qui publie plus de 100 titres dans le monde, dont la « Documentation Catholique » et le quotidien « La Croix ». Ils animent « Radio Moto » dans le Diocèse de Butembo-Beni en République Démocratique du Congo (R.D.C.), et sont également présents dans le domaine de l’éducation.

Zenit : Dans quel contexte sont nés les Assomptionnistes ?

P. R. Lamoureux : Je vais répondre à une autre question : « Qu’est-ce que l’Assomption ? » En fait, l’ « Assomption » est un mouvement d’Église qui a son origine au 19ème siècle après la Révolution française et auquel appartiennent les Assomptionnistes. Ce mouvement tient dans l’expérience de deux personnes, à savoir la Bienheureuse Marie Eugénie de Jésus Milleret et le Vénérable Père Emmanuel d’Alzon qui ont réfléchi sur la situation de l’Église et du monde de leur temps. Ainsi ont-ils imaginé, chacun selon son charisme bien sûr, un mouvement d’Église qui s’adonnerait à l’essentiel, c’est-à-dire à la doctrine de l’Église. Sur leur itinéraire de foi ils rencontrent les Pères de l’Église dont Saint Augustin et de grands maîtres spirituels comme Sainte Thérèse d’Avila et Jean de la Croix.

Face à une société ébranlée dans ses fondements par la Révolution française, d’Alzon trouvait dans l’Église une force pouvant relever le défi du moment. Dès lors, ils ont voulu, avec Marie Eugénie, rassembler autour d’eux des hommes et des femmes qui partageraient leur idéal. Ces deux actifs, mais aussi contemplatifs, ont élaboré un programme d’action axé sur l’éducation. Il faut former les jeunes. Pour d’Alzon, l’éducation est un moyen plus efficace que la politique partisane, pour transformer la société. Très vite néanmoins, d’Alzon diversifie ce programme en intégrant la presse et les oeuvres sociales en vue de transformer la société dans ses fondements les plus profonds. C’est pourquoi il disait toujours qu’un Assomptionniste est un homme de foi et de son temps.

Zenit : Vous êtes à la tête de la Congrégation des Augustins de l’Assomption depuis six ans. Dans l’exercice de votre mission, comment avez-vous répondu aux défis rencontrés, en restant fidèles à l’esprit du fondateur et aux orientations actuelles de l’Église ?

P. R. Lamoureux : Mon désir est d’aider la Congrégation à toujours redécouvrir sa vocation afin de s’engager à nouveau. Pour cela, il m’a fallu connaître les personnes, les communautés, les engagements pastoraux et le contexte sociopolitique et ecclésial des différentes Provinces. La re-expression du charisme pour l’édification des communautés apostoliques, la collaboration avec les laïcs qui partagent notre spiritualité, l’éveil des vocations, l’éducation, la vie intellectuelle et la communication étaient des priorités du Chapitre général de 1999 que nous avons réalisées grâce aux visites canoniques, aux Lettres du supérieur général et à la formation du leadership assomptionniste.

L’insistance mise sur la ré-expression du charisme est un appel à l’unité. Il y avait en effet un problème d’unité de la Congrégation qui était en expansion dans certaines régions, et dans d’autres non. Il nous fallait donc insister sur l’unité pour la collaboration au-delà des frontières provinciales. Globalisation oblige ! Heureusement qu’au fur et à mesure que le charisme devenait de moins à moins intellectuel, un nouvel horizon se dessinait, qui nous poussait à nous demander, non plus ‘qui sommes-nous ?’, mais ‘pourquoi sommes-nous assomptionnistes?’ D’où le passage du souci de la ré-expression du charisme à l’idée d’un projet de Congrégation. Ce que le Chapitre général de 2005 n’a fait qu’entériner.

Zenit : Vous avez été réélu pour un deuxième mandat de 6 ans lors du Chapitre général de mai 2005. Quelles sont les priorités auxquelles vous voulez accorder une plus grande attention ?

P. R. Lamoureux : Le Chapitre a mis en évidence 5 axes apostoliques:
– l’oecuménisme et le dialogue interreligieux
– les Nouvelles fondations
– les jeunes et les vocations
– Pour un monde plus juste –justice et paix
– Médias et enseignement.
Les priorités retenues lors du Chapitre général sont au nombre de trois, à savoir : la Mission d’Orient, la Fondation en Asie, les jeunes et les vocations. Des conversions à opérer : l’alliance religieux-laïcs et la formation pour la vie et la mission.

Ce projet global d’animation de la Congrégation pour les 6 ans à venir, je le réduis en 4 domaines majeurs qui sont :
– la vie en communauté apostolique afin de créer des communautés vivantes, priantes…,
– la pastorale des vocations et la formation pour la vie et la mission,
– l’alliance religieux-laïcs dans le respect de la spécificité de chacun
– la mission pour consolider les oeuvres existantes, et soutenir les nouvelles fondations aux Philippines et au Togo.

A ces points précis, j’ajoute les médias qui caractérisent notre apostolat dans le monde de ce temps. J’y crois en effet de tout mon cœur !.

Zenit : L’« Assomption » possède-t-elle des atouts sur lesquels fonder votre programme d’action ?

P. R. Lamoureux : La question est importante. J’ai attiré l’attention sur ce point lors du dernier Chapitre général, qui a donné une orientation claire à toute la Congrégation, avec ses 5 axes apostoliques et ses 3 priorités.

En effet, un corps social ou religieux est en péril s’il n’a pas une raison d’être qui mobilise et qui inspire courage, dévouement, et initiative. Je crois que nous l’avons à l’Assomption. Le Chapitre a révélé ce qui risque de ne pas être toujours évident dans une communauté ou Congrégation, à savoir une vitalité spirituelle et un profond esprit de foi. Au Chapitre nous avons pu nous mettre à l’écoute de l’Esprit et être prêts à répondre à ses appels. En outre, nos Provinces, du moins la plupart, se soucient de la santé du corps dans son ensemble, et savent aller au-delà de leurs frontières. Un esprit missionnaire est donc un atout important à l’Assomption. J’en veux pour preuve les deux premières priorités du Chapitre (la Mission et les Vocations). Il existe une jeunesse assomptionniste. Les jeunes, en Occident comme en Orient, se sentent toujours attirés par notre charisme. Et la fidélité de nos aînés, nous édifie par leur foi, leur intérêt pour la mission, et souvent par leur travail. Je pense aux anciens comme Edgar C. et Olivier B. en Afrique. Le laïcat assomptionniste nous stimule également. Souvent ce sont les laïcs qui nous ouvrent de nouveaux chemins, qui nous interpellent par leur dévouement, leur amour du charisme, leur zèle et leur créativité. En bref, l’ « Assomption » possède une intuition spirituelle et doctrinale très solide. Son charisme très riche également peut nourrir des apôtres hommes et femmes, de tout temps et de tout lieu. Malgré les défis, il y a de quoi espérer.

Zenit : Dans vos dernières Lettres, vous citez souvent Sa Sainteté Benoît XVI. Quel secret avez-vous découvert dans ses écrits ?

P. R. Lamoureux : Benoît XVI est un événement d’Église. Nous sommes fils de l’Église. Nous ne pouvons donc pas rester indifférents à son égard. Bien plus, quand je le lis, je trouve qu’il donne des explications plus profo
ndes aux questions existentielles. Selon lui, le monde a besoin de sens. Dieu est le seul Être qui peut nous satisfaire, comme Saint Augustin, dit le Saint-Père, en combattant la « dictature du relativisme ». Il est augustinien. Il a d’ailleurs fait une thèse de doctorat sur Saint Augustin et fréquenté les Études augustiniennes organisées par les Assomptionnistes, qu’il connaît grâce à l’Évêque d’Hippone. Sa définition de la paix dans sa lettre pour la journée mondiale de la paix est aussi augustinienne. Augustins de l’Assomption, nous nous sentons proches de lui dans ses analyses de la situation du monde et de l’Église. Nous les Assomptionnistes, sommes plus que jamais fidèles à notre fondateur et au Saint-Père.

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ZENIT Staff

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