Les 50 ans d'un télégramme « pas comme les autres »

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Jean XXIII et Khrouchtchev, vers le « dégel »

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ROME, vendredi 25 novembre 2011 (ZENIT.org) –Il y a 50 ans, jour pour jour, un télégramme entra dans l’histoire du Vatican. Un télégramme « inattendu » de Moscou à Rome, qui marqua « un tournant dans la stratégie du Saint-Siège », rappelle l’agence SIR de la conférence épiscopale italienne.

« Selon les instructions que j’ai reçues de M. Nikita Khrouchtchev, je m’empresse d’exprimer à sa Sainteté Jean XXIII mes vives félicitations pour son 80èmeanniversaire, et mes vœux les plus sincères de santé et de succès dans ses nobles efforts visant à promouvoir et consolider la paix dans le monde, à trouver une solution aux problèmes internationaux grâce à de franches négociations » : tels sont les termes du télégramme, adressé à Jean XXIII, le 25 novembre 1961, au nom du secrétaire du Parti communiste, Présidentdu Presidium du soviet suprême de l’URSS, Nikita Serguéïévitch Khrouchtchev.

« Même indirectement », souligne l’agence SIR, cet épisode, évoqué dans le livre posthume, du cardinal-secrétaire d’Etat de l’époque, Agostino Casaroli, « Il martirio della pazienza- la Santa Sede e i paesi communisti (1963-1989) », (« Le martyre de la patience – le Saint-Siège et les pays communistes (1963-1989) »), publié en 2000, permettra, quelques années plus tard, et après d’autres minces et timides signes de détente, une série de petits pas vers une reprise du dialogue avec les pays du bloc de l’est, au temps du rideau de fer.

Des petits pas, rappelle l’agence, dont « le ministre des affaires étrangères du pape », comme on appela ensuite le cardinal Casaroli, fut « l’acteur principal », devenant le grand artisan de l’Ostpolitik bientôt mise en œuvre par le Saint-Siège.

Mais, si ce télégramme, qualifié d’« historique », fit tout de suite le tour des milieux vaticanistes, « le moins surpris fut probablement le pape en personne qui, mieux que quiconque, pouvait apprécier la signification d’un tel geste de courtoisie », dit le cardinal Casaroli.

Et la réponse que Jean XXIII fit aussitôt parvenir à Khrouchtchev est, selon lui, « le reflet de cette âme bonne et de cet esprit religieux qui animaient toutes ses actions ».

Contre la tendance de certains à vouloir trouver des « raisons cachées » ayant poussé le chef du Kremlin à un tel geste, l’agence SIR préfère l’explication beaucoup plus simple du cardinal liée à « l’extraordinaire sympathie que Jean XXIII avait suscité au lendemain de son élection », inaugurant « une nouvelle manière de ‘faire’ le pape » et ouvrant « une nouvelle page dans la stratégie du Saint-Siège ».

« Une sympathie, qui débordait jusque dans les milieux traditionnellement hostiles à l’Eglise et motivée par de bien plus profondes motivations », ajoute l’agence Sir en renvoyant à des passages du livre du cardinal Casaroli.

« C’était comme si une nouvelle chaleur s’échappait des épais murs du Vatican et, en se répandant doucement à l’extérieur, faisait fondre des barrières de glace d’une centaine de mètres d’épaisseur », décrit-il.

Le geste de Khrouchtchev, rappelle l’agence SIR, se répètera l’année suivante, en décembre 1962, avec un message de vœu au pape à l’approche des fêtes de Noël. Le pire (la crise des missiles à Cuba, marquée par des menaces de guerre entre l’URSS et les Etats-Unis, résolue grâce également à l’intervention de Jean XXIII), vient de passer et l’ouverture du Concile apporte un « grand souffle d’espérance ».

Isabelle Cousturié

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ZENIT Staff

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