Les 400 ans de l'Annonciation, par le fr Yves Combeau

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Pour annoncer la miséricorde de Dieu

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Le prestigieux couvent de l’Annonciation, des Dominicains, à Paris, fête ses 400 ans. Encore récemment il a donné des évêques à la France – fr Albert-Marie de Monléon, fr Pierre Raffin -, mais c’est toute son histoire qui est significative de la vigueur du charisme de saint Dominique, au service de l’annonce de la miséricorde.

Pour en dire davantage sur cet anniversaire aux lecteurs de Zenit, le fr Yves Combeau, secrétaire général de la Province de France. Le jour où l’Eglise fête justement un immense saint dominicain, qui a enseigné trois ans à Paris, Albert le Grand (1200-1280).

Zenit – Le couvent de l’Annonciation fête ses 400 ans: comment a-t-il été fondé?

Frère Yves Combeau – Le couvent de l’Annonciation est le second couvent dominicain de Paris ; il a été fondé en 1611, sous Henri IV, comme couvent « de réforme », c’est-à-dire pour un retour à la règle primitive des Dominicains et à l’ascèse. De plus, si le premier couvent, celui de Saint-Jacques, était d’abord un couvent universitaire, l’Annonciation est un couvent dédié à la prédication. Il appartient donc au grand courant de réforme catholique qui caractérise le début du XVIIe siècle en France et qui a profondément marqué Paris.

Quelles sont les grandes étapes de son histoire? Quelles grandes figures y sont venues?

Après deux siècles d’existence, le couvent primitif a été détruit à la fin de la Révolution : il n’en reste rien. Le couvent actuel a été refondé en 1874, au cours de la grande reconstitution de l’ordre dominicain en France qu’a lancée le père Lacordaire. En raison de l’histoire politique de la France, ses premières années ont été agitées : les frères ont été expulsés en 1879, puis en 1902. Ce n’est que dans les années 1920 qu’ils ont pu racheter les bâtiments et les agrandir. Un second agrandissement a eu lieu dans les années 2000, puis la restauration de l’église en 2013. 

Dans sa première période, le couvent a été connu pour une brillante équipe de mystiques et de prédicateurs de l’ « école française » : les pères Michaëlis, Piny, Chardon. Dans sa seconde période, de nouveau pour ses prédicateurs : les pères Sertillanges, Didon, Janvier, Bruckberger… Ces figures n’ont pas été portées sur les autels, mais elles appartiennent à l’histoire religieuse de la France au cours des quatre siècles écoulés.

Une chapelle est dédiée au frère Jean-Joseph Lataste, béatifié le 12 juin dernier à Besançon: quel message pour aujourd’hui?

Le message de cette chapelle est double. Premièrement, c’est celui du bienheureux père Lataste lui-même, qui a prêché exclusivement la miséricorde du Seigneur, en convertissant des prisonnières, prostituées ou criminelles, jusqu’à les mener vers la vie consacrée. La miséricorde est au cœur de la prédication dominicaine.

Deuxièmement, créer une chapelle aujourd’hui pour un bienheureux qui a vécu à une période récente, le milieu du XIXe siècle, signifie que la sainteté n’est pas une histoire des temps passés, mais une aventure offerte à chaque chrétien, à toutes les époques, y compris aujourd’hui. C’est pourquoi nous avons voulu que le style de cette chapelle, qui fait partie de la série des chapelles latérales de l’église du couvent, soit très contemporain. 

Quels seront les grands rendez-vous de cet anniversaire?

La commémoration du 4ème centenaire sera marquée par trois évènements, des concerts et des expositions en lien avec le mystère de l’Annonciation et la spiritualité dominicaine Le 23 novembre :  « Ouverture à l’Annonciation » – Ce spectacle littéraire et musical ouvre les manifestations. Il est créé et interprété par Francesco Agnello, Jean-Baptiste Germain et les frères dominicains, qui avaient déjà interprété la pièce « Pierre et Mohamed ». Organisé autour de la musique, des chants et des textes, il tend à créer un étonnement et à lier le plaisir à la surprise pour aller progressivement vers une « Elévation ».

Il sera suivi du vernissage de l’exposition de photographies géantes « Fra Angelico, prophète de l’Annonciation, les noces du ciel et de la terre » conçue par Ars Latina et les frères dominicains. Cette exposition permettra de voir le détail de tous ses chefs d’oeuvre s’exprimant par les techniques les plus diverses.

Le 24 mars, pour la fête de l’Annonciation, « l’Association Mille Voix » proposera un récital « Un visage de Marie » parsemé de poèmes et entrecoupé de chants et d’intervalles musicaux (orgue ou piano), fondé et articulé autour des paroles du Christ à Marie dans les Evangiles.

Le 24 mai, pour la Saint Dominique, une table ronde s’interrogera sur la question « à quoi bon parler de Dieu aujourd’hui ? ». Elle clôturera les commémorations.
Le couvent propose également des concerts chaque dimanche de l’Avent, pour visiter en musique les quatre siècles traversés par le couvent de l’Annonciation. Il propose également une série d’autres expositions.
Enfin deux balades dans Paris les 18 mai et 15 juin, sous la conduite du frère Yves Combeau, o.p. et historien, iront sur les traces du couvent de l’Annonciation, de la rue Saint Honoré au Faubourg.

Pourquoi une exposition sur Fra Angelico?

Fra Angelico n’est pas qu’un grand peintre de la fin du moyen âge : il est un bienheureux de l’Eglise catholique et il est dominicain. Sa peinture est donc, dans l’esprit dominicain, à la fois une contemplation du mystère de Dieu et une prédication de ce même mystère. Fra Angelico a toujours cherché à affiner et spiritualiser son regard, et en même temps à donner à ses fresques et ses tableaux une clarté et une intelligibilité immédiates qui expliquent, d’ailleurs, son succès durable. De même qu’un couvent est la traduction en architecture de l’idéal et de la spiritualité d’un ordre religieux, de même l’œuvre de Fra Angelico. La prédication n’est pas que paroles : elle peut être image ou espace bâti. Tous les langages peuvent chanter la beauté de Dieu, même les langages silencieux !

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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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