Les 4 caractéristiques des homélies du pape, par le président du sénat italien

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Un changement radical de l’Eglise est en route, selon Pietro Grasso

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Un langage « simple, imagé », qui « touche la vie quotidienne » des personnes, un langage visant « un changement radical » de l’Eglise : ce sont les caractéristiques de la communication du pape François, vue par Pietro Grasso, président du Sénat italien.

Une table ronde a été organisée le 16 juin 2014 au siège de la revue jésuite Civilta cattolica, autour de l’ouvrage du directeur de la revue, le P. Antonio Spadaro, sj, « Pape François. La vérité est une rencontre. Homélies de Sainte-Marthe » (« Papa Francesco. La verità è un incontro. Omelie da Santa Marta») publié en italien aux éditions Rizzoli.

Parmi les participants : Pietro Grasso, président du Sénat italien, Monica Maggioni, directrice de la chaîne de télévision RaiNews, et le P. Federico Lombardi, sj, directeur de la salle de presse du Saint-Siège.

Un discours qui parle au coeur

Dans une réflexion sur les paroles publiques du pape François, Pietro Grasso a souligné quatre aspects. L’aspect stylistique d’abord : « le pape aime les phrases coordonnées, incisives, essentielles. Il sent l’urgence de communiquer, d’être compris, de secouer son auditoire ».

Mais la simplicité de son langage « n’est pas une simplicité de raisonnement : il va au cœur des questions en apportant en superficie ce qui est profond », a-t-il fait observer.

Le deuxième aspect, c’est « le recours aux symboles, aux images » qui ont « une incroyable puissance symbolique » : un langage adapté à l’imaginaire « visuel » actuel.

Troisième aspect : le pape choisit « des thèmes de grande actualité », tels « la beauté, la bonté, la vérité, la justice en opposition aux mafias ». Mais aussi « la paix, le dialogue, la tendresse, la miséricorde, l’attention à l’humanité souffrante et pauvre », face à la « culture du rebut ».

Enfin, dernier aspect la « corporéité » du langage, qui passe non seulement par les paroles mais aussi par « des gestes de grande ouverture et d’accueil ». Le pape François est « un pape qui touche les personnes, qui caresse, qui se penche, qui embrasse », a ajouté Pietro Grasso.

Parmi les thèmes récurrents du pape, le président du Sénat s’est arrêté sur la corruption, soulignant la différence entre la parole du pape et celle des politiques : les derniers ont « un langage fermé, plein d’emphase rhétorique, de slogans vides qui n’épanouissent pas, qui fait référence à soi » et qui au final « éloigne les gens ». Au contraire, « les personnes comprennent immédiatement le cœur du raisonnement du pape ».

De même, sur le choix de thèmes, ceux du pape « touchent la vie quotidienne, touchent les gens ». Ils montrent « une attention prioritaire envers les besoins réels des personnes ». Les politiques « peuvent offrir des analyses », mais sans l’émotion « de celui qui en vit l’expérience, sans se mettre à la place de celui qui écoute » : ils ne connaissent pas « l’odeur et l’inconfort de la frontière, mais seulement l’aseptie du laboratoire ».

Un changement en marche

Pietro Grasso a salué la rapidité du changement dans l’Eglise depuis l’élection du pape en mars 2013 : « En peu de mois, il a renversé les traditions, brisé les barrières, renouvelé le langage, dépassé les bureaucraties, en s’ouvrant en même temps à la collégialité… Son message est clair et fort : ne laissons pas les principes et les valeurs religieux rester seulement dans la prière et dans la contemplation, vivons un style de vie quotidien basé sur l’accueil, la confiance, l’espérance, la solidarité. »

Citant le P. Spadaro, Pietro Grasso a décrit le pape François comme « un homme qui indique un ring où l’on doit se battre, suivant les règles du jeu — le discernement — et ne pas craindre de lutter contre soi-même pour réaliser l’utopie du changement » qui est « une urgence ». 

Il a mis en valeur plusieurs composantes du langage du pape : « son origine sud-américaine, sa formation jésuite, un caractère ouvert, le besoin d’entrer en contact avec la communauté, le choix de thèmes d’actualité urgente, la capacité de se faire comprendre par tous à travers des images simples mais de grande puissance symbolique, le tout uni à une capacité instinctive d’utiliser les formes et les instruments de la communication pour arriver au cœur des personnes ».

« Tout ceci, a-t-il conclu, n’est pas orienté vers lui mais au service d’un profond dessein réformateur de l’Eglise : un changement radical, politique et spirituel, dont la communication est un soutien fondamental et indispensable. »

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Anne Kurian-Montabone

Baccalauréat canonique de théologie. Pigiste pour divers journaux de la presse chrétienne et auteur de cinq romans (éd. Quasar et Salvator). Journaliste à Zenit depuis octobre 2011.

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