Lectures de dimanche prochain: comme Thomas et Philippe, oser interroger Jésus

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Lectio divina pour le Ve dimanche de Pâques (18 mai)

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Le Christ ressuscité continue de nous introduire dans les profondeurs de son Mystère : Il est le Bon Pasteur (semaine dernière), mais où nous conduit-Il ? Lors de la Dernière Cène, dans l’intimité de ses disciples, Il nous a ouvert pleinement son cœur : Il brûle d’amour pour son Père et pour ses Amis, les hommes. Il est donc le Bon Pasteur qui conduit l’Église dans le sein du Père : Je suis le chemin, la vérité et la vie.

Cette Église en chemin se construit peu à peu comme un édifice spirituel : saint Pierre nous l’explique (seconde lecture), et les Actes nous montre l’institution du diaconat au service de la communion (première lecture). Lorsque nous célébrons la Messe, nous vivons tous ces mystères de façon condensée : nous offrons notre vie à Dieu (culte spirituel), nous recevons l’Eucharistie des mains du prêtre et l’Évangile des lèvres du diacre… et nous communions avec Jésus qui nous entraîne vers le Père :

« Pour nous aussi l’Eucharistie est la grande école où nous apprenons à voir le visage de Dieu, où nous entrons en relation intime avec Lui ; et nous apprenons dans le même temps à tourner notre regard vers le moment final de l’histoire, quand Il nous rassasiera de la lumière de son visage. Sur la terre, nous marchons vers cette plénitude, dans l’attente joyeuse que s’accomplisse réellement le Royaume de Dieu. » (1)

L’intégralité de cette Lectio Divina est disponible en ligne.

Lumière sur les Lectures
Dans l’atmosphère si intime et émouvante de la Dernière Cène, après le lavement des pieds, la trahison de Judas, le commandement de l’amour et l’annonce de l’abandon de Pierre (Jn 13), Jésus ouvre totalement son cœur à ses disciples. Il y révèle ses deux amours : son Père et ses Amis. Il est venu établir cette communion d’amour et de vie entre les hommes et Dieu son Père : une communion qui se base sur la foi (d’où la répétition si insistante du verbe « croire »).

Les disciples sont déroutés par la profondeur de cette Révélation : Jésus est à la fois le guide pour aller vers le Père (je reviendrai vous prendre avec moi…), le chemin unique pour y parvenir (personne ne va vers le Père sans passer par moi), et le terme du chemin (je suis dans le Père et le Père est en moi). Il nous enseigne ainsi à prier le Père comme le fait la liturgie :

« Dieu qui as envoyé ton Fils pour nous sauver et pour faire de nous tes enfants d’adoption, regarde avec bonté ceux que tu aimes comme un père ; puisque nous croyons au Christ, accorde-nous la vraie liberté et la vie éternelle. Par Jésus-Christ, ton Fils unique notre Seigneur, qui vit et règne avec Toi dans l’unité du Saint Esprit, maintenant et pour les siècles des siècles. Amen. » (2)

Pour la méditation
Souvent, les deux interventions de Thomas (Comment pourrions-nous savoir le chemin ?) et de Philippe (Montre-nous le Père, cela nous suffit !) sont considérées comme « déplacées », une sorte de stupidité des disciples face à la sublimité de la personne du Christ. Mais elles sont essentielles dans l’évangile de Jean : elles permettent à Jésus de révéler pleinement son mystère. L’aigle peut alors donner un coup d’aile pour accomplir un nouveau cercle qui le porte encore plus haut… Elles montrent aussi la familiarité que Jésus voulait avoir avec ses Apôtres.

On imagine difficilement Moïse ou Mahomet manifester une telle condescendance ! Plus encore, elles nous impliquent dans l’évangile et nous « donnent le micro » que les bien-pensants voudraient nous arracher… Benoît XVI relevait ainsi la valeur de la question de Thomas :

« Sa question nous confère à nous aussi le droit, pour ainsi dire, de demander des explications à Jésus. Souvent, nous ne le comprenons pas. Ayons le courage de dire : je ne te comprends pas, Seigneur, écoute-moi, aide-moi à comprendre. De cette façon, avec cette franchise qui est la véritable façon de prier, de parler avec Jésus, nous exprimons la petitesse de notre capacité à comprendre et, dans le même temps, nous nous plaçons dans l’attitude confiante de celui qui attend la lumière et la force de celui qui est en mesure de les donner. » (3)

Cette attitude d’humilité est absolument nécessaire pour entrer dans l’évangile de Jean. Si quelqu’un affirme avoir compris pleinement la Révélation et des phrases comme « Je suis le Chemin, la Vérité et la Vie », cela montre qu’il ne s’est pas encore mis à l’école de Jésus… Prenons notre place aux côtés des disciples éblouis par le Mystère du Christ, osons poser des questions au Maître et notre oreille sur son cœur comme saint Jean : laissons jaillir en notre cœur ce désir profond de voir le Père, et demandons à Jésus d’accomplir ses propres Paroles en nous.

Les Apôtres, avec toutes leurs limites, sont un vrai exemple à suivre :
« Rappelons le but auquel doit tendre notre vie : rencontrer Jésus comme Philippe le rencontra, en cherchant à voir en lui Dieu lui-même, le Père céleste. Si cet engagement venait à manquer, nous serions toujours renvoyés uniquement à nous-mêmes comme dans un miroir, et nous serions toujours plus seuls ! Philippe, en revanche, nous enseigne à nous laisser conquérir par Jésus, à être avec lui, et à inviter également les autres à partager cette indispensable compagnie. Et, en voyant, en trouvant Dieu, trouver la vie véritable. » (4)

Prière
Seigneur Jésus, en me faisant participer à ton Eucharistie, Tu veux que je sois présent moi aussi à ta Dernière Cène. Tu m’invites à tes côtés, Tu écoutes mes questions… Mes défauts ne te sont pas un obstacle, mais au contraire la porte par laquelle Tu pénètres dans mon cœur. Tu veux me révéler le Père. Tu m’offres la communion avec le Père. Explique-moi ce chemin, montre-moi comment le parcourir. Car je veux être avec Toi pour l’éternité, dans le sein du Père, unis par l’Esprit. Amen.

Résolution
Cette semaine, je prendrai le temps de méditer le chapitre 14 de saint Jean, si possible devant l’Eucharistie, pour approfondir les Paroles si extraordinaires de Jésus. Je ne me laisserai pas prendre par des résolutions rapides et pratiques, mais essaierai de creuser en moi cette attitude de contemplation amoureuse que ces Paroles veulent susciter.

L’intégralité de cette Lectio Divina est disponible en ligne.

(1) Benoît XVI, Audience générale, 16 janvier 2013.
(2) Collecte de la messe du jour.
(3) Benoît XVI, Audience générale, 27 septembre 2006.
(4) Benoît XVI, Audience générale, 6 septembre 2006.

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Nicolas Bossu

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