Le supérieur des Déhoniens réagit aux accusations contre le père Dehon

Print Friendly, PDF & Email

Sa béatification était prévue le 24 avril 2005

Share this Entry
Print Friendly, PDF & Email

ROME, jeudi 30 juin 2005 (ZENIT.org) – Le père français, Léon Dehon (1843-1925) pensait que les juifs avaient une « dimension providentielle », il condamna l’antisémitisme, il pratiqua la charité avec ténacité, il défendit les pauvres des injustices sociales. Pour tout cela il était connu comme « l’apôtre social ».

C’est ce que déclare le père José Ornelas Carvalho, supérieur de la Congrégation des prêtres du Sacré Cœur de Jésus, (plus connus sous le nom de Déhoniens), dans cet entretien accordé à Zenit.

Jean-Paul II avait fixé la date de la béatification du Père Léon au 24 avril 2005.

A cause de son décès la célébration n’a pas pu avoir lieu. Quand le pape Benoît XVI a cherché à fixer une nouvelle date, il s’est heurté à diverses questions soulevées par la Conférence épiscopale française. Entre temps, une partie de la communauté juive avait en effet publié des propos et des écrits dans lesquels Dehon exprimait des critiques à l’égard du comportement de certains juifs.

Afin de trancher la question, le pape a nommé une commission qui s’est réunie le vendredi 24 juin au Vatican. La Commission était composée des cardinaux : José Saraiva Martins, Paul Poupard, Georges Maria Martin Cottier, Roger Etchegaray, de Mgr Amato, secrétaire de la congrégation pour la doctrine de la Foi, de Mgr Lenoardo Sandri, Substitut pour les Affaires générales de la Secrétairerie d’Etat, du père Ornelas Carvalho et du postulateur général des pères Déhoniens.

A propos de la remise en question de la béatification du Père Dehon sous le prétexte de prétendues déclarations antisémites, le supérieur général des déhoniens déclare : « La plupart des papiers des agences de presse et des quotidiens, très souvent caractérisés par leur caractère polémique, se fondent sur une connaissance superficielle et partiale de l’œuvre et de la personnalité de Léon Déhon ».

Zenit : Quels sont les points que vous voudriez souligner ?

Père José Ornelas Carvalho : Toutes les œuvres du Père Dehon, dont les textes incriminés, ont été publiés intégralement. Ils ont été soumis à l’examen des censeurs de la congrégation pour les causes des saints. Et jamais, il n’y a eu la moindre « dissimulation » comme l’a écrit Le Monde, dans son édition du 10 juin 2005.

Le procès en béatification n’a pas été interrompu en 1952, contrairement à certaines affirmations, pour la simple raison que la cause n’a été introduite qu’en 1952.

Dans l’œuvre publiée du Père Dehon, il n’y a aucune référence à Karl Lueger faisant l’apologie de l’antisémitisme. Relier l’œuvre du Père Dehon à celle de Lueger, dont Hitler fit l’éloge dans « Mein Kampf », est donc une grave diffamation. L’article du « Monde » soutient que le pape Léon XIII avait pris ses distances vis-à-vis de Léon Dehon, mais il le nomma Consulteur de la Congrégation chargée à l’époque de la mise à l’Index, en précisant : « On sait que j’approuve vos positions parce que je vous confie la tậche de celui qui doit juger la doctrine des autres ».

Zenit : Ainsi il n’est pas vrai que le père Léon Dehon était antisémite…

Père José Ornelas Carvalho : L’attitude du père Dehon à l’égard du peuple juif est bien loin d’être antisémite. Il met en avant en particulier la dimension providentielle de ce peuple dans l’histoire du salut, formant le voeu également que les grandes figures de l’Ancien Testament soient insérées dans le calendrier liturgique de l’Eglise catholique. Et pour ne citer qu’un texte sur ce sujet : « Il (le peuple juif)est un peuple providentiel. Dieu ne l’a pas abandonné de manière définitive. Il le garde comme témoin de l’histoire et des Saintes Ecritures. Il lui réserve encore en don une grande mission dans les derniers temps du monde… ».

Zenit : Est-il vrai que Dehon condamnait l’antisémitisme ?

Père José Ornelas Carvalho : Bien sûr. En tant que Consulteur de la Congrégation chargée de la mise à l’Index, il a agit avec vigueur afin que soit instruit le procès à l’égard de l’Action française. Chargé de rédiger le rapport sur ce sujet, il cita expressément l’antisémitisme de l’Action française comme un des motifs d’une de ses éventuelles condamnations.

Zenit : Une partie de la communauté juive française soutient toutefois que dans le « catéchisme social » de Dehon apparaissent des phrases offensives à l’égard du peuple juif…

Père José Ornelas Carvalho : Nous déplorons la manière dont est diffamée une personnalité comme celle de Dehon, en utilisant des textes pris hors de leur contexte et cités d’une manière mutilée qui ne fait que faire ressortir leur dimension négative. Je tiens à préciser que ce qui a animé le père Dehon dans toutes ses positions est l’engagement actif à combattre les injustices sociales de son temps, en particulier la pratique de l’usure, et il en a dénoncé les causes. Le père Dehon souhaitait l’avènement d’une autre société, « le renouveau social chrétien ».

Share this Entry

ZENIT Staff

FAIRE UN DON

Si cet article vous a plu, vous pouvez soutenir ZENIT grâce à un don ponctuel