Le sanctuaire marial de Knock et le congrès eucharistique de Dublin

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Par le P. Nigel Woollen

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Propos recueillis par Anita Bourdin

Traduit par Hélène Ginabat

ROME, jeudi 10 mai 2012 (ZENIT.org) – « Si tant de pèlerins viennent encore à Knock aujourd’hui, c’est parce qu’ils y expérimentent quelque chose de l’espérance et du réconfort que seul le Seigneur peut donner », déclare le Père Nigel Woollen.</p>

Pour le chapelain du sanctuaire marial, le Congrès de Dublin permettra à chacun de rencontrer Jésus « comme un ami » et renouvellera le zèle missionnaire des fidèles.

Zenit – Père Nigel, vous êtes prêtre à Knock, le sanctuaire national d’Irlande : que s’est-il passé à Knock ?

P. Nigel Woollen – Le 21 août 1879, plusieurs personnes du village de Knock ont eu une vision, elles ont vu une manifestation sur le mur pignon extérieur de leur petite église paroissiale, dans ce coin perdu de l’ouest de l’Irlande. Sur un côté, il y avait trois personnes, identifiées comme saint Joseph, Marie, la Mère de Dieu (couronnée), et l’apôtre saint Jean. Mais le centre de la vision était un agneau, debout sur un autel, avec une grande croix derrière lui et des anges tout autour ; une lumière forte émanait de l’agneau.

Il n’y a pas eu de message oral ; une quinzaine de témoins ont attesté ce qu’ils avaient vu et qui avait duré deux heures sous la pluie. Une commission a conclu que les témoignages était fiables ; une seconde commission, dans les années 30 (lorsque les derniers témoins étaient encore vivants), a concordé avec la première. Il est important de noter que le curé à l’époque de l’apparition, le P. Bartholomew Kavanagh, un jeune prêtre connu pour sa piété et son dévouement auprès des pauvres, venait de finir de célébrer cent messes consécutives pour les âmes du purgatoire (en particulier pour toutes les personnes qui étaient mortes sans recevoir les sacrement au temps de la famine). La prière pour les morts et pour les âmes du purgatoire a toujours été un des traits de la spiritualité du sanctuaire de Knock.

Qu’est-ce que cela signifie aujourd’hui pour l’Eglise d’Irlande si durement éprouvée ? Et pour le Congrès eucharistique qui approche ?

En tout temps, nous avons besoin d’espérance ; Dieu sait cela. Au XIXème siècle, il y avait une grande pauvreté matérielle. A notre époque, nous pourrions dire, avec le prophète Amos (8,11) qu’il y a un grand manque de la Parole de Dieu : les gens ont soif d’un message de vie et d’espérance, mais ils n’en ont pas toujours conscience. Beaucoup sont blessés et découragés par certains événements au sein de l’Eglise. L’agneau de Knock représente notre Seigneur Jésus qui se donne totalement pour notre salut, nous lavant de nos péchés ; c’est un aperçu puissant et intime du cœur miséricordieux de celui qui, seul, peut nous sauver de nos égarements. La présence de l’agneau nous rappelle aussi que nous sommes un peuple eucharistique, appelé à rendre grâce à Dieu et à le glorifier, appelé à nous unir personnellement au sacrifice d’amour de notre Sauveur.

L’appel continuel de Knock nous redit que le Ciel ne nous abandonnera jamais, que c’est dans les moments les plus sombres que Dieu se fait le plus proche de nous. Comme le dit la belle prière de la neuvaine à Notre Dame de Knock, « Tu as donné l’espérance à ton peuple à l’heure de la détresse, et tu l’as réconforté dans la peine ». Si tant de pèlerins viennent encore à Knock aujourd’hui, c’est parce qu’ils y expérimentent quelque chose de l’espérance et du réconfort que seul le Seigneur peut donner.

Le 50ème Congrès eucharistique international se tiendra en effet à Dublin en juin, avec pour thème : « L’Eucharistie : Communion avec le Christ et entre nous ». Si Knock nous rappelle l’importance de la messe dans l’histoire de ce pays, nous espérons que, de la même manière, le Congrès renouvellera notre zèle missionnaire, et mettra en valeur le fait que, en dépit des épreuves de ces dernières années, il y a encore beaucoup de catholiques fervents en Irlande. La présence d’un grand nombre de participants venant d’autres pays nous aidera. J’ai récemment entendu un évêque irlandais dire qu’il était encouragé lorsqu’il rencontrait des étrangers lui disant qu’ils voulaient venir à Dublin, justement pour remercier les Irlandais d’avoir envoyé des missionnaires chez eux dans le passé !

Les dernières paroles de Jésus dans l’évangile de Matthieu : « Je suis avec vous pour toujours jusqu’à la fin du monde » (Mt 28, 20), nous sont familières, mais il ne nous apparaît pas toujours clairement que ces paroles indiquent particulièrement l’action eucharistique à la messe, et sa présence eucharistique dans les tabernacles de toutes les églises. Espérons que le Congrès nous encouragera à rencontrer vraiment Jésus comme notre ami, dans l’hostie consacrée, et à devenir des personnes eucharistiques qui vivent en témoins joyeux, pour le monde, de la présence continuelle du Ressuscité !

Pourquoi fait-on sonner une cloche ?

La cloche du Congrès eucharistique a voyagé dans toute l’Irlande, comme un appel pour chacun à se préparer en vue du congrès, un peu comme la flamme qui prépare pour les jeux olympiques. Cette cloche a même été sonnée récemment à Rome par le pape Benoît XVI. Elle évoque saint Patrick, qui avait l’habitude de sonner la cloche pour appeler les Irlandais à venir écouter la Parole de Dieu ; on dit qu’il installait des cloches dans les nouvelles églises qu’il fondait à travers le pays. L’image de la cloche, et le son joyeux qu’elle émet, font retentir l’appel, que Dieu lance à son peuple, à se réjouir dans l’Evangile.

Est-ce qu’un sanctuaire comme Knock est important pour la nouvelle évangélisation ? Par exemple, pour les jeunes, pour les familles ?

Très important. Ce qui me frappe chaque jour à Knock, c’est la diversité, entre les pèlerins habituels et les visiteurs curieux ou de passage, entre les enfants des écoles qui viennent suivre une retraite ou les personnes âgées qui effectuent leur sortie hebdomadaire. Un sanctuaire a quelque chose de très accessible et de simple ; chacun, quel que soit son itinéraire spirituel, peut y trouver la guérison et la paix. En particulier, dans le sacrement de réconciliation ou dans le sacrement des malades, nous autres, prêtres, nous sommes témoins de la miséricorde de Dieu qui se déverse sans mesure, en particulier sur ceux qui luttent ou qui ont perdu le sens de leur vie. Le Festival des jeunes, par exemple, est un moyen puissant d’aider nos jeunes à découvrir que la vie de l’Eglise est aussi pour eux et qu’ils peuvent y trouver des réponses à leur questions les plus profondes.

Vous n’êtes pas irlandais ; vous êtes membres de la Fraternité de Marie, Reine immaculée : y a-t-il un lien entre le sanctuaire de Knock et votre spiritualité ?

Oui, les gens demandent parfois : Que fait dans le comté de Mayo un prêtre anglais, membre d’une communauté française ? Ma Fraternité est à Galway (juste à une heure de Knock) depuis quelques années maintenant et elle a récemment commencé une nouvelle implantation à Dublin. Comme nous accordons une attention particulière à la présence de Marie dans l’Eglise, et en particulier à la manière dont Marie, notre Mère et notre Reine, nous aide à vivre notre vie chrétienne, nous ressentons une certaine affinité avec le message de Knock ! Aujourd’hui, comme dans l’Evangile, Marie continue d’indiquer l’Agneau de Dieu ; elle dit, comme à Cana, « Faites tout ce q
u’il vous dira » (Jn 2, 5). Je serai toujours reconnaissant pour tout ce qu’elle a fait pour moi, pour m’aider dans mon sacerdoce, et j’ai une grande espérance dans ce que le Seigneur continuera de faire en Irlande et dans le monde, par sa puissante intercession.

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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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