Le Saint-Siège demande l'interdiction des armes létales autonomes

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Mgr Tomasi met en garde contre leurs conséquences néfastes à l’ONU

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Le Saint-Siège demande à l’ONU l’interdiction d’armes létales autonomes, qui « déshumanisent » encore plus la guerre et qui feraient droit « au désir de toute-puissance » et à « l’impunité ».

Mgr Silvano M. Tomasi, observateur permanent du Saint-Siège aux Nations Unies à Genève, a pris la parole lors de la Réunion d’experts sur les système létaux d’armes autonomes (SALA) (13-17 avril), le 16 avril 2015.

Il a demandé « l’interdiction des systèmes qui possèdent une capacité létale et qui échappent à un contrôle humain efficace », pouvant inclure « la possibilité de la perte de leur contrôle effectif par la personne humaine ».

Constatant « l’importance croissante des robots militaires » dans les conflits actuels et « le développement de la recherche visant à leur accorder une plus grande autonomie », l’archevêque a énuméré les éléments à considérer dans ce débat.

La « substitution de la prise de décision humaine » par « des machines sophistiquées et autonomes » peut rendre les êtres humains « esclaves de leurs propres inventions », a-t-il prévenu.

Il a appelé à être attentif à « la fascination » et au « sentiment de puissance » engendrés par ces robots : « Leur utilisation peut être guidée implicitement par un désir de toute-puissance, plutôt que par le désir de créer des moyens proportionnés pour une juste défense… »

« L’aspect relationnel est tout aussi important, a-t-il poursuivi : si « toutes les guerres sont un pas en arrière dans la dignité humaine », cependant « une guerre menée unilatéralement par des systèmes technologiques où l’homme est absent peut augmenter cette déshumanisation » car « la rencontre avec le visage d’un autre est l’une des expériences fondamentales qui éveillent la conscience morale et la responsabilité ».

L’utilisation de drones peut aussi entraîner un cercle vicieux, a mis en garde Mgr Tomasi : « En cas de dommages collatéraux après l’utilisation d’une machine autonome, il sera toujours possible de s’excuser en invoquant une série de dysfonctionnements (bugs, défaillances techniques, communication brouillée, etc) par lesquels l’autorité qui l’a mise en action ne serait pas responsable. Ceci, à son tour, pourrait promouvoir l’utilisation de ces robots armés en raison de l’impunité qu’ils permettent. »

L’archevêque a fait observer le danger inhérent aux machines, dont on ne peut pas « pas prédire entièrement leur comportement » : il n’est « jamais garanti » qu’elles « ne produiront pas d’action interdite a priori par leur utilisateur ». En outre, « ces systèmes complexes ne sont pas à l’abri de piratage informatique ».

Enfin, « les conséquences économiques et financières de robots militaires sont colossales. Il est certain que les pays les plus riches auront l’avantage… Par conséquent, un écart se développera entre ceux qui possèdent ce type de technologie de combat et ceux qui n’en possèdent pas. Des situations d’injustice apparaîtront, ainsi que d’éventuelles violations faciles de l’espace aérien national des pays les moins favorisés ».

Outre ces problèmes, l’acquisition de ces armes robotisées pourrait « conduire au gaspillage des ressources, qui auraient pu être utiles dans d’autres secteurs tels que la santé ou l’éducation », a ajouté Mgr Tomasi.

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Anne Kurian-Montabone

Baccalauréat canonique de théologie. Pigiste pour divers journaux de la presse chrétienne et auteur de cinq romans (éd. Quasar et Salvator). Journaliste à Zenit depuis octobre 2011.

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