Vie quotidienne en Ethiopie © WIKIMEDIA COMMONS / AnnaMaria Donnoli

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"Le respect pour la vie", par le cardinal éthiopien Souraphiel

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Un don de l’Église africaine au synode

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L’Église africaine a apporté au synode sur la famille une des « grandes valeurs traditionnelles africaines » : « le respect pour la vie », déclare à Zenit le cardinal éthiopien Souraphiel.

Le cardinal Berhaneyesus Demerew Souraphiel, archevêque d’Addis-Abeba et primat de l’Église catholique éthiopienne a accordé un entretien en anglais à Zenit (Deborah Lubov), vendredi 23 octobre, avant-dernière journée de travail du synode.

Les Africains « aiment la vie, a dit le cardinal. Ils défendent la vie. Ils encouragent tous ceux qui défendent aussi la vie ». Ce n’est pas « simplement une valeur africaine, a-t-il ajouté, mais une valeur mondiale et une valeur chrétienne qui doit être conservée et transmise ».

Le primat de l’Église catholique éthiopienne, qui a été créé cardinal par le pape François en février dernier, a évoqué un autre « grand message » de l’Église africaine au synode : celui de la famille comme « unité très précieuse de la société africaine ». Elle est comprise non seulement comme « noyau », mais aussi dans le sens de « famille élargie ».

« Si vous êtes une fille, dans un village, a expliqué le cardinal, vous n’êtes pas juste une fille de votre mère et de votre père seulement, mais de tout le village, qui s’occupe de vous et prend soin de vous. Donc, cet aspect de l’amour que les Africains ont pour la famille a été réfléchi au cours de ce synode. »

Le cardinal Souraphiel a avoué que l’Église éthiopienne était confrontée à plusieurs défis dont le premier était « la pauvreté » : « À cause de la pauvreté, a-t-il dit, les jeunes veulent changer leur situation. Ils aiment voir de belles choses à la télévision, de l’Europe et de l’Amérique. Ils veulent y aller. » Cela entraîne un autre problème grave, celui de l’émigration. 

« Les jeunes déménagent et vont dans le monde arabe pour la plupart, a continué l’archevêque d’Addis-Abeba. Souvent, des jeunes femmes y vont pour le travail domestique… Malheureusement, nous ne sommes pas en mesure de les suivre dans le monde arabe. Je veux dire, prendre soin d’elles pastoralement. » Certaines « sont maltraitées » et « sont exploitées », a ajouté le cardinal, « et il y a aussi la mort pendant le voyage, que ce soit en Afrique du Sud, en Libye, en Europe, mais aussi à travers la mer Méditerranée, ou dans la région du Golfe : vous voyez les souffrances des personnes ».

Le cardinal Souraphiel a évoqué la « division » des familles qui est un autre défi pour les Éthiopiens : « Parfois, les jeunes couples se marient, a-t-il dit, puis ils voient qu’ils ne peuvent pas rester ensemble, de sorte que le mari s’en va, ou la femme s’en va, et cela est un problème. »

Le primat de l’Église éthiopienne a rapporté que certains problèmes abordés par le synode n’étaient pas « vraiment des enjeux pour les familles en Afrique et en Éthiopie », comme, par exemple, « les unions de personnes de même sexe ». En même temps, « l’Église catholique est universelle », a-t-il dit, et son « universalité » « doit être respectée et prise en compte ». Certaines questions « ont donc besoin d’être vues localement ».

Quant au discours du pape sur la décentralisation, le cardinal Souraphiel a souligné qu’il s’était situé dans « le processus commencé au Concile Vatican II » par l’établissement « des conférences nationales, tout en respectant l’autonomie de chaque diocèse » : « Ce que le pape François dit concerne plutôt le travail au niveau local, a-t-il ajouté, parce que l’Église est très différente d’une région du monde à l’autre. »

Le cardinal éthiopien a évoqué la visite prochaine en Afrique du pape François qui sera au Kenya, en Ouganda et en République centrafricaine du 25 au 30 novembre prochain : « Nous espérons qu’il rencontrera les familles africaines ordinaires, a dit le primat de l’Église éthiopienne, parce que toutes les familles ne sont pas problématiques. Il y a aussi des familles qui tentent de vivre leur vie conjugale fidèlement et qui essaient d’élever leurs enfants, même s’il y a des défis. Elles le font avec amour, et même avec plus que de l’amour : la préoccupation qu’elles ont pour leurs mère, père, frère, sœur, n’est pas seulement de l’amour », mais aussi « du respect » et « une réelle proximité » envers toute la parenté.

Le cardinal Souraphiel a exprimé l’espérance que le pape François encourage « les jeunes Africains à fonder une famille » : « C’est difficile, a-t-il avoué, mais beaucoup de familles ont commencé leur vie familiale sans avoir eu d’abord une maison ou une voiture ou une télé ou autre chose. Ces choses viennent plus tard. Ce qui vient en premier, c’est l’amour. Ce qui vient en premier devrait être le souci de l’autre, de vivre pour l’autre, et bien sûr, l’amour du Seigneur qui bénira encore plus. »

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Marina Droujinina

Journalisme (Moscou & Bruxelles). Théologie (Bruxelles, IET).

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