Le pistolet d'Agça, et l'arme de Jean-Paul II

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De Rome à Cracovie, sous le signe du pardon

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Le pistolet utilisé par le tueur turc Ali Agça, pour la tentative d’assassinat contre Jean-Paul II, le 13 mai 1981, place Saint-Pierre, a quitté le Musée de la criminologie de Rome pour rejoindre Cracovie, l’ancien diocèse du cardinal Karol Wojtyla.

La main de la Vierge Marie a permis que le pape survive à ses blessures et l’arme de Jean-Paul II, qui sera canonisé en avril, a été la plus forte: par le pardon donné à son agresseur, il a vaincu le mal par le bien.

L’arme fera partie d’une exposition organisée dans la maison natale du bienheureux pape polonais, à Wadowice, à l’occasion de sa canonisation par le pape François, le 27 avril prochain, à Rome.

Jean-Paul II a été victime d’une tentative d’assassinat qui l’a grièvement blessé, le 13 mai 1981, Place Saint-Pierre, deux ans et demi après son élection comme pape.

L’auteur était le tueur à gages turc Ali Agça, arrêté et condamnné, pusi grâcié, mais les motifs de l’attentat sont à ce jour encore inconnus.

Jean-Paul II lui-même pensait qu’un État de l’ancien bloc soviétique avait commandité le meurtre.

Rappelosn surtout que Jean-Paul II a tout de suite pardonné à son agresseur et qu’il a écrit, dans son Message pour la Journée mondiale de la Paix 2002 : « Il n’y a pas de paix sans justice, il n’y a pas de justice sans pardon ».

Il a en effet déclaré, cinq jours après l’attentat, dans un message enregistré depuis son lit d’hôpital au Gemelli, lors de l’angélus du dimanche 17 mai 1981: « Je prie pour le frère qui m’a frappé et auquel j’ai sincèrement pardonné ». Il lui avait rendu visite à la prison romaine de Rebibbia, le 27 décembre 1983.

Le pape avait été atteint par 3 des balles tirées par le Browning d’Agça qui l’ont blessé au ventre, au coude droit et à l’index de la main gauche. Le 23 mai 1981, les médecins signaient un communiqué disant que la vie du pape n’était plus en danger.

Sorti de l’hôpital, il sera une nouvelle fois au bord de la mort au mois d’août, du fait d’un virus contracté lors de la transfusion sanguine nécessaire lors de son opération, comme l’a raconté le cardinal Dziwisz (cf. Zenit, 13 mai 2001).

Le pape sortait de l’hôpital le 3 juin pour y retourner le 20 pour de nouveaux examens, qui allaient confirmer la présence d’un virus, cause de la fièvre et de différents symptômes. Un point de pleurésie allait compliquer les choses.

Mais le 5 août, une opération d’une heure devait libérer le pape du système de dérivation mis en place lors de la première opération, et il allait pouvoir rentrer au Vatican le 14 août. Le lendemain, il célébrait l’Assomption devant une foule de cinquante mille personnes. Le soir, à 17 h 30, il s’envolait en hélicoptère pour Castelgandolfo. 

L’ancien secrétaire particulier de Jean-Paul II, le cardinal Stanislas Dziwisz, aujourd’hui archevêque de Cracovie, a révélé l’existence d’une lettre de Jean Paul II adressée à Ali Agça, jamais envoyée et gardée secrète.

Condamné à perpétuité en Italie, Ali Agça, âgé de 23 ans au moment de l’attentat, a été libéré au cours du Grand Jubilé, en juin 2000, à l’issue de la grâce signée par le président italien Carlo Azeglio Ciampi, avec l’avis favorable du Vatican, après avoir purgé une peine de 19 ans.

Le pape avait reçu la mère de Mehmet Ali Agça en 1994 et en 1996, et son frère Adnan, en 1997. Le 26 février 1999, Agça avait lui-même écrit au pape lui demandant de bien vouloir intervenir favorablement auprès des autorités italiennes. Déjà, en 1997, le Vatican avait fait savoir qu’il n’y avait pas d’objection à la grâce.

La grâce s’accompagnait de l’extradition vers la Turquie. La justice italienne a remis l’ancien terroriste des « Loups gris » aux autorités turques : il y avait été condamné pour l’attaque d’une banque, dans les années 1970, et pour le meurtre d’un journaliste turc en 1979, mais il s’était évadé. Après son extradition, sa peine à perpétuité a été transformée par les juges turcs à 10 ans, puis elle a été réduite à 5 ans pour « bonne conduite » en 2006.

Il avait bénéficié en janvier 2006 d’une libération anticipée, mais il a été remis en prison huit jours plus tard, la Cour de cassation turque estimant que les réductions de peines appliquées avaient été mal calculées.

Il a été libéré de la prison d’Ankara en janvier 2010 après avoir purgé globalement une peine de 30 ans.

Avec Hélène Ginabat pour la traduction

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Maike Sternberg-Schmitz

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