Le patriarche Bartholomaios et sa prochaine rencontre avec le pape François

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Après Rome, Jérusalem, et Istanbul peut-être

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Le patriarche oecuménique de Constantinople, Bartholomaios Ier, explique l’importance historique de sa rencontre avec le pape François à Rome et bientôt à Jérusalem, en mai prochain, au Saint-Sépulcre, 50 ans après la rencontre d’Athénégoras et de Paul VI.

Une des nouveautés les plus importantes du pontificat du pape François est la dimension fraternelle, et même amicale, dans les rapports avec les autres Églises chrétiennes, en particulier avec les orthodoxes.

Pour la première fois dans l’histoire, le patriarche de Constantinople est venu à Rome rencontrer le pontife romain.

Au cours de la dernière semaine de mai, Bartholomaios Ier participera à une rencontre oecuménique organisée par le pape François à Jérusalem. C’est dans ce contexte que le patriarche a invité le pape François à Istanbul.

Zenit – Sainteté, où en est le processus œcuménique et où en sommes-nous sur ce chemin tant désiré par le pape Jean-Paul II vers une Église unie qui respire avec ses deux poumons ?

Patriarche Bartholomaios – Votre question de savoir si nous sommes réellement proches de l’unité de l’Église – en particulier pour permettre à l’Église chrétienne (occidentale et orientale, orthodoxe et catholique romaine) de respirer avec ses deux poumons – est une question importante. Nul doute que nos deux « Églises sœurs » sont plus proches aujourd’hui qu’elles ne l’ont été pendant le précédent millénaire, grâce au « dialogue d’amour » et au « dialogue de vérité », c’est-à-dire aux pas qui ont été faits vers la réconciliation et grâce au dialogue théologique qui est bien engagé depuis les dernières décennies. Malgré cela, nous sommes encore loin de l’unité que nous partagions avant le premier millénaire de la vie de l’Église. Le plus important pour nous est de garder toujours sous les yeux le désir et le commandement de notre Seigneur « que ses disciples soient unis et que l’Église soit une ». C’est un scandale dans le Corps du Christ et pour le monde entier que les disciples de Jésus-Christ soient divisés en un moment historique où, aujourd’hui plus que jamais, ils sont appelés à donner un témoignage commun et une unique parole devant les défis de notre époque.

Sainteté, quels sont les objectifs les plus difficiles à réaliser pour l’Église qui est au Moyen-Orient au jour d’aujourd’hui ?

Les problèmes de l’Église d’aujourd’hui se situent précisément dans ce contexte difficile de l’augmentation de la violence que les populations du Moyen-Orient expérimentent actuellement. Nos Églises doivent proclamer la paix là où il y a la guerre, annoncer l’amour là où il y a la haine, et la tolérance là où il y a la discrimination. Ce principe s’applique aux disciples des autres croyances religieuses, mais aussi à la situation critique des chrétiens dans cette région fragile. Nous sommes très préoccupés par l’augmentation des désordres politiques et par l’augmentation de la violence, surtout en Palestine, en Égypte, en Irak et plus récemment en Syrie. Nous sommes aussi profondément désolés face à cette indifférence inexcusable et à l’inactivité injustifiable des autorités civiles et politiques qui ont échoué à protéger la population chrétienne et, d’une manière générale, les citoyens. Les responsables chrétiens doivent assurer la plus grande solidarité entre nous et notre fidélité à l’Évangile au Moyen-Orient et, en même temps, condamner de manière catégorique toute forme de brutalité et toute effusion de sang. Nous devons souligner que tous les lieux de culte sont des temples sacrés de l’unique Dieu vivant, exactement comme tous les êtres humains sont le temple sacré de l’Esprit du Dieu vivant.

Quel est le sens de l’invitation que vous avez adressée au pape François à se rendre à Istanbul après Jérusalem, cette année ?

Lorsque nous avons été invités à participer à la messe d’inauguration du pape François, juste après son élection, Place Saint-Pierre (c’est la première fois dans l’histoire que le patriarche de Constantinople participait à l’installation d’un cardinal de Rome), nous avons invité Sa Sainteté à nous rendre visite au Phanar (siège de la représentation du patriarche de Constantinople à Istanbul, en Turquie, ndlr) mais aussi à organiser une visite unitaire à Jérusalem. Cette invitation était l’usage, informel, depuis l’époque de Paul VI, puis elle a été renouvelée lors de l’élection de Jean-Paul II et maintenue aussi lors de l’élection du pape Benoît XVI. Mais notre dernière proposition, qui se réalisera, si Dieu le veut, dans quelques mois, consiste à célébrer la rencontre historique, en janvier 1964, du dernier patriarche œcuménique Athénagoras avec le pape Paul VI, au Mont des Oliviers. C’était la première fois que le pape de Rome et le patriarche de la Nouvelle Rome se rencontraient face à face, depuis le fameux « grand schisme » de 1054. Cet événement a permis, en 1965, la « levée des anathèmes réciproques » et il a été fortifié depuis 1969 par les visites annuelles formelles de délégations de part et d’autre. Cela a abouti, en 1979, à la création d’une commission internationale pour le dialogue théologique entre nos deux Églises. Nous espérons vivement, et c’est l’objet de notre fervente prière, que la rencontre avec le pape François renforcera encore les relations entre l’Église catholique romaine et l’Église orthodoxe.

Traduction de Zenit, Hélène Ginabat

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Mattia Sorbi

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