Le pape salue le "sens interreligieux" des Sri-Lankais

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Il évoque sa visite du temple bouddhiste à Colombo

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Le pape salue le « sens interreligieux » naturel du peuple sri-lankais et dont il a fait l’expérience en particulier au sanctuaire marial de Madhu où « catholiques, bouddhistes, musulmans, hindouistes, vont prier ensemble ».

« Il y a dans le peuple, qui ne se trompe jamais, quelque chose qui les unit. Il y a du respect dans le peuple… la dimension interreligieuse comme frères, est une grâce », souligne-t-il.

Répondant aux questions des journalistes au terme de son voyage au Sri Lanka, dans l’avion de Colombo à Manille, le pape François a évoqué sa visite imprévue au temple bouddhiste Mahabodi Viharaya guidé par le moine Banagala Upatissa, le 14 janvier à Colombo.

C’était le deuxième pape à entrer dans un temple bouddhiste : saint Jean-Paul II l’avait fait, en Thaïlande, en 1984.

Le pape a expliqué la raison de sa visite : « Le moine qui guide ce temple était invité par le gouvernement à l’aéroport [pour accueillir le pape, ndlr] il est aussi très ami avec le cardinal Ranjith et quand il m’a salué, il m’a invité à visiter le temple. J’en ai parlé avec le cardinal, mais il n’y avait pas de temps car lorsque je suis arrivé, j’ai dû suspendre la rencontre avec les évêques, parce que j’étais épuisé », après 29 kilomètres de bain de foule en papamobile.

Mais « au retour de Madhu, il y a eu une possibilité. J’ai téléphoné et j’y suis allé. Il y a là-bas les reliques de deux disciples de Bouddha, importantes pour eux. Elles étaient en Angleterre et les moines ont réussi à les récupérer. Et ainsi [le moine Banagala Upatissa] est venu à l’aéroport, et moi, je suis allé le voir chez lui », a ajouté le pape.

Il a rendu hommage au « sens interreligieux qui se vit au Sri Lanka » : « J’ai vu quelque chose que je n’aurais jamais imaginé à Madhu : il n’y avait pas seulement des catholiques, il y avait des bouddhistes, des musulmans, des hindouistes et ils vont tous prier là-bas en disant qu’ils reçoivent des grâces. Il y a dans le peuple, qui ne se trompe jamais, quelque chose qui les unit. Et si eux sont si naturellement unis qu’ils vont prier ensemble, dans un temple chrétien – mais pas seulement chrétien… parce que tous le veulent – Comment aurais-je pu, moi, ne pas aller au temple bouddhiste ? »

S’il existe au Sri Lanka « des petits groupes fondamentalistes », cependant « ils ne sont pas avec le peuple, ce sont des élites idéologiques », a constaté le pape : « il y a du respect dans le peuple… la dimension interreligieuse comme frères, en se respectant, est une grâce. »

Le pape a souligné que grâce au Concile Vatican II, l’Église avait « beaucoup grandi dans la conscience du respect des autres religions » : « Il y a eu des périodes obscures dans l’histoire de l’Église, nous devons le dire sans honte, parce que nous aussi, nous sommes sur le chemin d’une conversion continue : du péché à la grâce, toujours. »

Parmi ces périodes sombres, le pape s’est rappelé des enseignements du catéchisme, il y a 70 ans, où « l’on disait que les bouddhistes ou protestants, allaient en enfer ».

Comme il l’avait fait en décembre dernier en rencontrant une délégation de l’Armée du Salut, le pape a raconté sa « première expérience de l’œcuménisme », « première fois où [il a] entendu dire du bien de personnes d’une autre religion » :

« J’avais quatre ou cinq ans et j’étais dans la rue avec ma grand-mère qui me tenait par la main et sur l’autre trottoir, arrivaient deux dames de l’Armée du Salut… J’ai demandé à ma grand mère : « dis-moi, grand-mère, ce sont des sœurs ? » Et elle m’a répondu : « non, elles sont protestantes, mais elles sont bonnes ! » »

Avec une traduction de Constance Roques

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Anne Kurian-Montabone

Baccalauréat canonique de théologie. Pigiste pour divers journaux de la presse chrétienne et auteur de cinq romans (éd. Quasar et Salvator). Journaliste à Zenit depuis octobre 2011.

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