« Le pape mériterait un ’Nobel’ en économie », affirme un banquier italien

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L’encyclique dénonce le lien entre crise et chute des naissances

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ROME, Jeudi 9 juillet 2009 (ZENIT.org) – « Personne n’a été aussi clair que lui pour dire ce que l’homme économique doit faire pour l’économie : appliquer les lois de l’économie et non les contourner », souligne le banquier italien Ettore Gotti Tedeschi dans un entretien au quotidien italien il « Corriere della Sera », au lendemain de la publication de l’encyclique de Benoît XVI « Caritas in veritate », dont le franc constat et « les propositions vers un vrai bien être mondial pour l’homme », commente-t-il, devraient lui valoir « un Nobel en économie ». 

Pour l’économiste italien, qui est aussi commentateur sur « L’Osservatore Romano », le quotidien du Saint-Siège, le grand mérite de Benoît XVI est d’avoir été très clair sur les causes « profondes » qui sont à l’origine de la crise économique actuelle, et d’avoir  appelé à de nouveaux projets qui  ne visent pas seulement à « revoir les règles et les problèmes de gouvernance mais la capacité même de l’instrument économique à réaliser ses principaux objectifs ». 

« Mieux utiliser les ressources, créer plus d’équilibre dans la croissance et mieux distribuer le bien-être » sont les solutions pratiques soulignées par le pape dans son encyclique et reprises par Ettore Gotti Tedeschi, professeur d’économie à l’université catholique de Milan, voyant dans ces propositions « une chance pour sortir de la crise mondiale ».    

Affirmant accueillir le texte de l’encyclique « en professionnel, en économiste, et non en simple catholique plus ou moins moraliste », Ettore Gotti Tedeschi, relève que le pape est le « seul à avoir mis en relation la crise économique actuelle et la chute de la natalité dans les pays développés (même si de manière différente) entre les Etats-Unis et l’Europe ».  

La question des naissances est « une question taboue » que beaucoup d’analystes préfèrent ne pas aborder », explique l’économiste italien. C’est un thème dont la « connotation morale » devient aussitôt pour eux synonyme de « non scientifique », réservée aux  « fanatiques religieux », préférant alors l’ignorer, passer outre.  

« J’y vois là une forme de négationnisme », estime-t-il ; « on a ignoré et on continue d’ignorer », mais ce problème, poursuit-il « éclatera » vite au grand jour, car pour lui, « ce n’est pas la finance qui n’a pas fonctionné, ce n’est pas seulement l’avidité de quelques uns qui a entraîné une crise aussi complexe et aussi éloignée de ses origines ».

La chute des naissances est « l’origine ‘première’ de la crise, affirme Ettore Gotti Tedeschi. Car celle-ci, explique-t-il, a entraîné « une croissance des coûts fixes, une diminution des économies et des accords financiers » et donc « une croissance économique insuffisante ».

D’un point de vue économique, l’homme « est devenu dans ce monde global un ‘moyen’ de croissance  économique ». Devenu à la fois travailleur, consommateur et épargnant, précise-t-il, il voit ces trois dimensions « entrer en conflit ». Et si ce conflit « explose à un moment de croissance économique mineure », prévient-il,  «  l’homme risque » ce que le pape, dans son encyclique, appelle « la dégradation humaine ».  

Evoquant alors la certitude du pape selon laquelle le marché ne peut fonctionner sans règles de solidarité et de confiance, l’économiste italien réaffirme que « la confiance est la ressource la plus rare qui soit, mais sans nul doute la plus précieuse » ; qu’elle « garantirait des avantages uniques sur tous les marchés ». 

La confiance, insiste-t-il, « ne s’acquiert ou ne se conquiert pas à coups d’études de marché ou de codes éthiques affichés aux entrées, elle s’acquiert par le comportement qui est uniquement et toujours individuel.» 

Elle « n’est pas collective, ni par loi ni par règlement ». Tout comme l’éthique, ajoute-t-il, qui « est, elle aussi, individuelle, ne s’impose pas par la loi, ne s’apprend pas à l’université ».  

L’éthique, ajoute l’économiste, « se vit et s’applique seulement si on y croit, et on y croit si on pense qu’elle est utile et que c’est un bien ».  

« Le comportement éthique est celui qui crée cette fameuse confiance », conclut-il. 

Isabelle Cousturié

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ZENIT Staff

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