Le pape appelle le "coeur endurci de l'humanité" à la conversion

Print Friendly, PDF & Email

Voeux 2015 au Corps diplomatique

Share this Entry
Print Friendly, PDF & Email

Le pape François fustige le « cœur endurci » de l’humanité qui provoque d’innombrables conflits et plaies sociales planétaires, ce 12 janvier 2015, devant des représentants diplomatiques du monde entier : « la paix jaillit de la conversion du cœur plus encore que de la fin de chaque guerre », a-t-il affirmé.

Le pape a en effet reçu ce lundi matin au Vatican le Corps diplomatique accrédité près le Saint-Siège, pour le traditionnel échange de vœux au début de l’année civile.

Après les paroles d’introduction du doyen du Corps diplomatique, M. Jean-Claude Michel, ambassadeur de la principauté de Monaco près le Saint-Siège, le pape a prononcé un long discours en italien, exprimant sa préoccupation pour les conflits et plaies sociales qui défigurent l’humanité en de nombreux endroits du globe.

Pour le pape, ces guerres civiles ont pour racine « le cœur endurci de l’humanité » qui pratique le « refus de la paix » : ce refus conduit « à ne pas regarder le prochain comme un frère à accueillir, mais à le transformer plutôt en un concurrent, en un sujet à dominer ».

Guerre mondiale par morceaux

« Cette culture du déchet n’épargne rien ni personne », a-t-il déploré : « depuis les créatures, en passant par les êtres humains et jusqu’à Dieu lui-même. Il en naît une humanité blessée et continuellement déchirée par des tensions et des conflits de toute sorte… une culture qui rejette l’autre, brise les liens les plus intimes et les plus vrais, finissant par défaire et désagréger toute la société, et par engendrer la violence et la mort ».

Le pape a dénoncé les principaux conflits en cours, notamment au Moyen-Orient (Irak, Syrie, Terre Sainte), invitant « les responsables religieux, politiques, et intellectuels, en particulier musulmans », à « condamner toute interprétation fondamentaliste et extrémiste de la religion visant à justifier de tels actes de violence ».

Il a aussi évoqué l’Afrique (Nigeria, Libye, République centrafricaine, Sud Soudan, Soudan, Corne de l’Afrique, République Démocratique du Congo), l’Ukraine : « une vraie guerre mondiale qui se déroule par morceaux », a-t-il affirmé.

Condamnant également « le tragique massacre survenu à Paris », où des attentats ont provoqué la mort de 17 personnes entre le 7 et le 9 janvier, le pape a souligné que « tous les conflits belliqueux révèlent le visage le plus emblématique de la culture du déchet par les vies qui sont délibérément piétinées par celui qui détient la force ».

« Il ne faut pas oublier que les guerres apportent avec elles un autre horrible crime, qui est le viol. Celui-ci est une offense très grave à la dignité de la femme », a-t-il ajouté.

Maladies et exilés divers

Parmi les autres tragédies dont souffre le monde, le pape a évoqué l’épidémie d’Ebola en Afrique de l’Ouest, appelant la communauté internationale à assurer « une assistance humanitaire adéquate aux patients, et à un engagement commun pour vaincre la maladie ».

Il a aussi plaidé pour l’accueil des personnes déplacées et réfugiées, avec une attention particulière pour les enfants voyageant seuls sur le continent américain : « Combien de personnes perdent la vie dans des voyages inhumains, soumises aux brimades de véritables bourreaux avides d’argent ? »

Mais il existe « beaucoup d’autres « exilés cachés » à l’intérieur des maisons et des familles » : le pape a évoqué « les personnes âgées et les personnes handicapées », « objets de rebut » ainsi que les jeunes, victimes de la « plaie toujours plus étendue du chômage » : « Tout cela est contraire à la dignité humaine et dérive d’une mentalité qui place au centre l’argent, les bénéfices et les profits économiques au détriment de l’homme lui-même. »

« Il n’est pas rare que la famille elle-même soit objet de rejet, à cause d’une culture individualiste et égoïste toujours plus répandue, qui abîme les liens et tend à favoriser le phénomène dramatique de la dénatalité, ainsi que de législations qui privilégient différentes formes de cohabitation plutôt que de soutenir convenablement la famille pour le bien de toute la société », a-t-il ajouté.

Les témoignages positifs

Mais il ne s’agit pas de se laisser « dominer par le pessimisme, par les défauts et par les carences de notre temps », a poursuivi le pape en invitant à « remercier Dieu pour ses bienfaits ».

Il a salué à ce propos le « témoignage éloquent de la culture de la rencontre » en Albanie, qui vit « un climat de respect et de confiance réciproque entre catholiques, orthodoxes et musulmans », et la générosité de la Turquie, de la Jordanie et du Liban, « envers les réfugiés provenant des autres pays du Moyen-Orient ».

Le pape a rendu hommage à la « récente décision des États Unis d’Amérique et de Cuba de mettre fin à un silence réciproque », au « peuple du Burkina Faso, engagé dans une période de transformations politiques et institutionnelles importantes », à « l’Accord qui met fin à de longues années de tensions aux Philippines », à « l’engagement en faveur d’une paix stable en Colombie » et aux « initiatives destinées à établir à nouveau la concorde dans la vie politique et sociale au Venezuela ».

Formulant le vœu d’une prochaine « entente définitive entre l’Iran et le Groupe des 5+1 sur l’utilisation de l’énergie nucléaire à des buts pacifiques », il a conclu son discours sur « deux importants processus » à venir : « la rédaction de l’Agenda du développement post-2015, avec l’adoption des Objectifs du développement durable, et l’élaboration d’un nouvel Accord sur le climat » : « cela est urgent ».

Share this Entry

Anne Kurian-Montabone

Baccalauréat canonique de théologie. Pigiste pour divers journaux de la presse chrétienne et auteur de cinq romans (éd. Quasar et Salvator). Journaliste à Zenit depuis octobre 2011.

FAIRE UN DON

Si cet article vous a plu, vous pouvez soutenir ZENIT grâce à un don ponctuel