Le pape appelle le clergé à être des serviteurs « fidèles et avisés »

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ROME, Jeudi 19 mars 2009 (ZENIT.org) – Au deuxième jour de sa visite en Afrique, le pape Benoît XVI a invité l’Eglise camerounaise à œuvrer pour la protection des valeurs de la famille africaine et pour épargner aux plus pauvres les effets […]

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ROME, Jeudi 19 mars 2009 (ZENIT.org) – Au deuxième jour de sa visite en Afrique, le pape Benoît XVI a invité l’Eglise camerounaise à œuvrer pour la protection des valeurs de la famille africaine et pour épargner aux plus pauvres les effets de la mondialisation. Mais il a également rappelé aux 31 évêques du pays combien il est important que leur unité, leur exemple et leurs enseignements servent au mieux leur mission d’évangélisation et puissent répondre aux multiples défis du monde.

Le pape s’est réjoui du nombre croissant des candidats au sacerdoce, du développement de la vie consacrée, mais rappelle qu’il est essentiel que la vocation se fasse avec « sérieux et discernement », qu’il y ait un accompagnement humain, spirituel et pastoral solide, pour que les uns deviennent « des hommes mûrs et équilibrés », et que tous, hommes et femmes engagés dans la vie religieuse, restent « fidèles aux engagements qu’ils ont pris lors de leur ordination ou de leur entrée dans la vie religieuse ». Qu’ils soient « d’authentiques témoins » et qu’il n’y ait pas de décalage entre ce qu’ils enseignent et ce qu’ils vivent chaque jour.

Autres motifs de satisfaction et de rappel pour le pape : l’engagement fidèle des catéchistes et la présence accrue des associations de laïcs dans les diocèses du pays, où les femmes, a-t-il relevé avec satisfaction, ont une participation toujours plus active, contribuant ainsi à « une annonce renouvelée de l’Évangile ». Pour eux aussi, a-t-il souligné, « la formation humaine, spirituelle et doctrinale est indispensable ».

Vocations, formation. engagement, discernement : tant de points soulevés par le pape durant sa rencontre avec les évêques, mercredi matin, montrant que même si elle est dynamique et en pleine croissance, l’Église catholique qui est au Cameroun a aussi des attentes, des besoins.

Qu’ils aient besoin d’un éclairage dans leur mission face aux multiples défis de la vie du monde d’aujourd’hui, les évêques en sont conscients et le disent, comme  le cardinal Christian Tumi, archevêque de Douala, dans un récent entretien au Journal Cameroon Tribune.

« Le pape est le successeur de Pierre, celui-là qui a reçu mission de Jésus Christ lui-même de bâtir l’Eglise ,a-t-il rappelé juste avant l’arrivée du Pape, et « en visitant une église locale comme celle qui est au Cameroun, le pape vient donner un éclairage encore plus vif sur les enseignements des évêques que nous sommes», souligne-t-il.

« Pour nous, les attentes sont celles de chrétiens qui ont faim d’être abondamment nourris spirituellement par le Vicaire du Christ », répond-t-il au journaliste qui lui demande ce que représente pour lui et pour l’Eglise du Cameroun la venue du pape sur leur sol

Selon lui, le faste de l’accueil par le président de la République et la très forte mobilisation des médias locaux font partie du décor de ces visites du pape, mais le côté spirituel, a-t-il dit, « demeure fondamental ». Et la célébration du mystère du Christ lors de la grand messe de ce jeudi au stade omnisports Amadou Ahidjo est « une occasion d’élévation spirituelle ».

 Rappelant que l’Eglise catholique est une organisation « qui doit être administrée selon des règles précises », il souligne que « le pape visite l’église qui est au Cameroun pour approfondir l’enseignement de la parole de Dieu et susciter des conversions », mais également « pour orienter la façon dont l’église est administrée ».

Sur ce point-là, a-t-il commenté, « la rencontre du pape avec les représentants de toutes les conférences épiscopales d’Afrique et de Madagascar pour leur présenter le document de préparation du Synode spécial des évêques pour l’Afrique qui se tiendra en octobre 2009, est un moment exceptionnel. »

« C’est ce document, précise-t-il, qui va baliser les réflexions devant être conduites durant la préparation de ce synode, a-t-il précisé. Il rappelle par la même occasion que c’est également au Cameroun que Jean-Paul II , en 1995, avait présenté l’exhortation apostolique Ecclesia in Africa, fruit du premier synode spécial.

« L’Eglise catholique qui est au Cameroun est une Eglise heureuse et fière, dynamique, en pleine croissance et en pleine mutation », avait déclaré de son côté, Mgr Eliseo Antonio Ariotti, dans une analyse de l’Etat de l’Eglise catholique dans le pays, toujours au Cameroon Tribune, et avant le départ du pape pour l’Afrique. Mais ces perspectives réconfortantes ne doivent pas, selon lui, « faire passer sous silence le fait que l’Église catholique qui est au Cameroun a encore beaucoup de défis à relever ».

L’Eglise, a-t-il souligné, « se doit d’être véritablement un instrument du salut en affrontant mieux ces défis, et non en se lançant dans un prosélytisme qui ne sert à rien ».

« Chaque fois que je participe à une célébration eucharistique, je vois les églises pleines. Il en est de même des dévotions comme le chemin de croix en ce temps de Carême », ajoute-t-il, « mais je le redis, les défis sont nombreux. Il y a la perte des valeurs traditionnelles telles que la famille, le mariage, le respect de la vie, le respect des aînés, le partage, le sens de la pudeur, la gratuité etc. »

Concernant les réponses de l’Eglise face à ces difficultés, Mgr Ariotti estime qu’ « elles ne sont pas toujours à la hauteur », soulignant entre autre que « certains diocèses essayent de mieux organiser la diaconie des malades et la catéchèse, mais dans le même temps, on assiste à l’inflation de l’usage des sacramentaux et une pratique désordonnée des exorcismes et de la prière des malades ».

Dans ce contexte, Mgr Ariotti a rappelé le motif principal de la visite de Benoit XVI : « repartir là où Jean-Paul II, son prédécesseur, s’est arrêté, afin de poursuivre cette immense et merveilleuse œuvre d’Évangélisation et manifester la continuité de ce souci pastoral pour le continent africain ».

Parmi les autres défis mis en avant par le pape durant sa rencontre avec les évêques du Cameroun, mercredi matin, à signaler notamment : « la diffusion des sectes et des mouvements ésotériques et l’influence croissante des formes de religion superstitieuses, le relativisme, les conséquences de la modernité et de la sécularisation sur la société traditionnelle ; la situation des pauvres et des laissés-pour-compte, dont l’Evêque, a-t-il rappelé, a pour mission de défendre les droits tout en suscitant et encourageant l’exercice de la charité » dans leur pays.

Une phrase pour conclure, celle de Benoît XVI, à tout le clergé du pays, lors de la célébration des vêpres, mercredi après-midi en la basilique Marie-Reine des apôtres, à Yaoundé : « Il s’agit de ne pas être un serviteur médiocre, mais d’être, un serviteur ‘fidèle et avisé’. Car l’intelligence sans la fidélité comme la fidélité sans la sagesse sont des qualités insuffisantes. L’une dépourvue de l’autre ne permet pas d’assumer pleinement la responsabilité que Dieu nous confie ».

Isabelle Cousturié

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ZENIT Staff

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