Le P. Matteo Ricci, plus connu en Chine que Marco Polo

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Le premier Occidental à « se faire » chinois

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CITE DU VATICAN, Mardi 11 mai 2004 (ZENIT.org) – Le P. Matteo Ricci est plus connu en Chine que Marco Polo, fait remarquer le directeur de l’agence Misna, le P. Giulo Albanese dans cet hommage au « premier Occidental à « se faire » chinois », à l’occasion de l’anniversaire de sa mort, le 11 mai 1610 : l’empereur Wan Li avait alors proclamé une journée de deuil national.

« Si vous demandez à un Chinois qui est Marco Polo, difficile qu’il vous réponde. Mais curieusement, presque tous connaissent « Li Ma dou », le « Sage d’Occident », surnom de Père Matteo Ricci, dont c’est aujourd’hui l’anniversaire de la mort. Père Matteo, qui vécut à cheval entre le XVIème et le XVIIème siècles, fut un grand missionnaire, le premier à bâtir un pont de relations entre Orient et Occident.

« Né en 1552, aîné de sept fils et de quatre filles, Matteo appartenait à une des familles les plus nobles de Macerata, où il étudia au collège des Jésuites. En 1568, fut inscrit par son père à l’université romaine de Jusrispridence, mais il préféra entrer au noviciat de la Compagnie de Jésus, à Rome. En 1577, il manifesta sa volonté de partir en mission et il s’embarqua à Gênes pour Lisbonne, où l’année suivante il partit pour Goa et, en 1582, pour Macao. Il y apprit le chinois et commença son aventure « ad gentes », un des chapitres les plus extraordinaires de l’évangélisation.

« Premier grand sinologue de l’histoire et premier homme à introduire la théologie, la philosophie, la littérature, les arts et les sciences occidentales en Chine, la célébrité du grand apôtre, n’est pas encore, surtout en Italie, au niveau de sa grandeur, intellectuelle et religieuse.

« Le Père Ricci fut le premier Occidental à « se faire » chinois, écrivant et parlant la langue à la perfection et traduisant en mandarin des textes d’astronomie et de mathématiques, dont les six premiers éléments d’Euclide. Une oeuvre jugée fondamentale par les intellectuels de l’époque, pour la renaissance de la mathématique chinoise. C’est lui qui révéla aux Chinois que la terre était ronde et non carrée. Bien que ses enseignements subirent un coup dur avec la condamnation de l’Inquisition en 1704 due à des querelles théologiques, il fut réhabilité en 1939 par le Pape Pie XII et pleinement réévalué par après le Conseil Vatican II.

« L’approche interculturelle de l’histoire, le lien entre les traditions culturelles et le développement, la rencontre entre ces traditions et le monde moderne sont certainement quelques unes des géniales intuitions du Père Ricci. La figure et l’oeuvre du jésuite sont indéniablement un sévère avertissement contre tous les partisans de l’éthnocentrisme. Il se plongea dans le temps chinois, sans se préoccuper continuellement du devenir, comme nous le faisons souvent en Occident. Quand on lui demandait combien d’âmes il avait converti, le Père Ricci répondait: « le temps n’est pas à la récolte mais au travail de la terre », ajoutant qu’il aurait été plus opportun de lui demander à combien de millions de personnes il avait annoncé pour la première fois la Bonne Nouvelle. Cet « homme étrange », comme l’appelaient les Chinois, comprenant le caractère exceptionnel de ses vertus humaines et intellectuelles, a laissé une trace indélébile dans l’histoire de la Chine.

« Le Père Ricci décéda le 11 mai 1610 et l’empereur Wan Li proclama une journée de deuil national et en son honneur, il reconnut officiellement le religion chrétienne, faisant bâtir une stèle sur sa tombe. A l’époque de la mondialisation, où paradoxalement, le choc des civilisations semble être la funeste métaphore de notre temps, le grand missionnaire invite à bâtir des ponts entre les cultures, entre l’Orient et l’Occident ».

Père Giulio Albanese
© Misna

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ZENIT Staff

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