Le P. Cantalamessa suggère d'interdire les commérages

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Troisième prédication de Carême en présence du pape et de la Curie

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ROME, Vendredi 8 avril 2011 (ZENIT.org) – Dans le domaine de la charité, il y a un point à travailler plus particulièrement dans l’Eglise et dans le monde en général : celui des jugements réciproques. Ce n’est pas le fait de juger qui est mauvais mais le « venin » qui vient de notre jugement, la rancune et la condamnation qu’il implique.

C’est ce qu’a affirmé le P. Raniero Cantalamessa, ofmcap, prédicateur de la Maison pontificale, dans sa troisième prédication de Carême, intitulée « La charité sans feinte », prononcée ce vendredi matin, en présence du pape Benoît XVI et de la curie romaine, dans la chapelle Redemptoris Mater, au Vatican.

Le P. Cantalamessa a souligné que l’amour doit avant tout être « sincère », « sans feinte ». Aimer, ce n’est pas seulement « faire du bien » mais avant tout « vouloir du bien ». « La bienveillance vient avant la bienfaisance », a-t-il souligné.

« L’Eglise a besoin, de façon urgente, d’une bouffée de charité qui guérisse ses fractures », a-t-il expliqué, en ajoutant que « seul l’amour guérit ». Il le compare à « l’huile du samaritain ».

Puis le prédicateur de la Maison pontificale a cité un domaine particulier où il faudrait vivre cette charité : celui des « jugements réciproques ».

Il a repris les paroles de Jésus citées par l’évangéliste Matthieu : « Ne jugez pas, afin de n’être pas jugés (…) Qu’as-tu à regarder la paille qui est dans l’oeil de ton frère ? Et la poutre qui est dans ton oeil à toi, tu ne la remarques pas ! » (Mt 7, 1-3), en expliquant que Jésus « compare le péché du prochain (le péché jugé), quel qu’il soit, à de la paille, et celui de qui juge (le péché de juger) à une poutre. La poutre est le fait même de juger, tellement il est grave aux yeux de Dieu ».

Le prédicateur capucin a reconnu que le discours sur le jugement est « délicat » car on ne peut pas vivre sans jamais juger. Certains le font même comme un service à l’Eglise ou à la société, comme les juges.

Mais « ce n’est pas tant le jugement que nous devons ôter de notre coeur, mais le venin qui vient de notre jugement ! C’est-à-dire la rancune, la condamnation », a-t-il précisé.

« En soi, l’action de juger est neutre, le jugement peut se terminer aussi bien par une condamnation que par une absolution ou une justification. Ce sont les jugements négatifs qui sont repris et bannis de la parole de Dieu, ceux qui condamnent le pécheur en même temps que le péché, ceux qui visent davantage la punition que la correction du frère », a-t-il ajouté.

« Il ne suffit pas de ne pas dire du mal des autres, a insisté le P. Cantalamessa ; il faut aussi empêcher que les autres le fassent en notre présence, leur faire comprendre, même sans rien dire, qu’on n’est pas d’accord ».

« L’ambiance d’un lieu de travail ou d’une communauté est tellement différente quand on prend au sérieux l’avertissement de saint Jacques ! », a-t-il constaté.

« Dans beaucoup de lieux publics, à une certaine époque il était écrit : ‘Interdiction de fumer’ ou même ‘Interdiction de blasphémer’. Ce ne serait pas mal de le remplacer, dans certains cas, par ‘Commérages interdits’ », a-t-il suggéré.

Gisèle Plantec

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ZENIT Staff

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