« Le missionnaire le plus efficace dans l'histoire de l'Eglise en Inde »

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Réflexions de l’archevêque majeur des Syro-malankares

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Propos recueillis par Wlodzimierz Redzioch

Traduction d’Hélène Ginabat

ROME, jeudi 20 décembre 2012 (Zenit.org) – « Le missionnaire le plus efficace dans l’histoire de l’Eglise en Inde » est mère Teresa de Calcutta, déclare le cardinal indien Baselios Cleemis, parce qu’elle « a apporté un moyen d’évangélisation très pratique, celui du témoignage. Elle a témoigné de Jésus partout ».

S. B. Baselios Cleemis, est archevêque majeur catholique de Trivandrum des Syro-malankares. Il a été créé cardinal par le pape Benoît XVI lors du consistoire du 24 novembre dernier.

Wlodzimierz Redzioch – Comment Votre Béatitude a-t-elle réagi lorsqu’elle a été créée cardinal avec la possibilité de travailler en étroite association avec Benoît XVI?

Card. Cleemis – Le Saint-Père a proposé ma candidature au Collège des cardinaux. C’est un grand honneur pour ma patrie, l’Inde, et pour l’Eglise catholique syro-malankare. L’Eglise universelle a toujours fait preuve d’affection et de respect pour l’héritage spirituel de l’Inde. La Providence m’a accordé un rôle de lien vital dans la chaîne glorieuse qui relie le Saint-Siège à une grande nation.

Avec mes frères cardinaux d’Inde, je suis impatient de jouer mon rôle de partenaire dans le ministère universel de l’Eglise. C’est pour moi l’occasion de relayer la vision universelle de l’Eglise au peuple indien et de transmettre leurs évaluations, observations et points de vue directement au courant dominant de l’Eglise universelle et au Souverain Pontife. Ma nouvelle mission me donne la possibilité de présenter mon pays devant un forum international de chefs spirituels, en particulier dans le monde catholique. Elle me permet également de partager la foi et le patrimoine liturgique de l’Eglise malankare qui font partie du trésor universel du catholicisme. C’est pour moi un privilège rare et une responsabilité de porter à l’attention de l’Eglise universelle le riche patrimoine culturel de ma patrie, l’Inde.

Votre Béatitude a participé au synode des évêques réuni à Rome en octobre 2012, sur le thème de la nouvelle évangélisation pendant l’Année de la foi. Comment évaluez-vous l’état de la foi dans le Kerala et en Inde en particulier?

Je voudrais souligner trois aspects de l’évangélisation. Premièrement, un modèle de témoignage, deuxièmement, l’attention au sens du sacré, et enfin la promotion de la vie dans sa plénitude.

J’ai tout d’abord parlé de la bienheureuse mère Teresa de Calcutta, qui a apporté un moyen d’évangélisation très pratique, celui du témoignage. Elle a témoigné de Jésus partout. Elle reste le missionnaire le plus efficace dans l’histoire de l’Eglise en Inde.

Le deuxième aspect concerne ceux qui sont revêtus du sacerdoce ministériel, comme « don et mystère ». Ils doivent prendre des mesures plus authentiques dans les célébrations liturgiques et faire en sorte que les sacrements soient un moyen plus concret de faire « l’expérience de l’Emmanuel ». La socialisation avec le monde entier a trouvé sa place partout, mais partout la conversation avec le Seigneur a été reléguée dans un coin.

Mon troisième point est un appel à une plus grande implication de l’Eglise pour promouvoir la dignité humaine. Nous devons parler pour ceux qui n’ont pas de voix, rechercher la justice et promouvoir les valeurs démocratiques afin d’amener les gens à la vie en abondance.

Je pense que mes diocésains sont tout à fait réceptifs à ces aspects dans leur vie de foi dans le Kerala et dans les autres régions en Inde où ils poursuivent leur vie professionnelle. Les nombreux migrants du Kerala qui se sont installés dans les coins les plus reculés du monde, conservent les liens sacrés de la foi de leurs pères et offrent un témoignage vivant dans ces lieux. La ré-évangélisation et la nouvelle évangélisation sont certainement nécessaires dans le monde entier et le Kerala ne fait pas exception.

Quelle est la nature de l’évangélisation en Inde?

Il ya des personnes qui se souviennent de conversions forcées, une attitude adoptée par certaines religions dans le passé sur notre sous-continent. Pour eux, les mots de proclamation, profession et évangélisation sont alarmants. L’avènement du christianisme n’avait rien à voir avec la force physique. Le travail de nos missionnaires concerne davantage la restauration de la dignité des êtres humains fondée sur l’amour de Jésus que la supplantation de n’importe quelle foi par la force.

Mahatma Gandhi, le Père de la Nation, a dit un jour que quand un homme a faim Dieu ne peut lui apparaître que sous la forme du pain. L’évangélisation consiste à apporter la bonne nouvelle de l’amour, de la lumière et de la chaleur à toutes les populations avec une attention particulière envers les pauvres et les opprimés. Le peuple de Dieu a le devoir de partager le don de l’Evangile avec ses frères moins favorisés.

Nous entendons souvent parler de la persécution des chrétiens dans différentes régions de l’Inde. Quelle est la situation dans le Kerala?

C’est vrai et c’est tragique que de tels incidents aient eu lieu dans certaines parties du monde. La persécution religieuse contre tout croyant, qu’il soit hindou, musulman ou chrétien, est une violation. Les événements de Khandamal en Orissa par exemple, sont profondément inquiétants. Les incidents occasionnels sont un signal d’alarme qui demande une vigilance. Cependant, je dois dire que, dans l’ensemble, l’Inde est un pays tolérant qui a une profonde spiritualité. J’ai toujours l’impression que, plus que l’armée ou la police, ce sont nos frères hindous qui ont toujours protégé nos droits. Les chrétiens représentent moins de 3% d’un vaste pays dont 85% sont hindous. Nous avons une noble Constitution qui garantit la liberté de culte. La présence de media vigilants, une démocratie vigoureuse et un système judiciaire énergique sont vraiment réconfortants.

Le Kerala, lui, est considéré comme le berceau du christianisme en Inde. Dès les temps anciens, la terre et ses habitants étaient ouverts aux nouvelles idées et cultures. Saint Thomas n’a pas prêché l’Evangile à des athées. C’était une communauté locale d’hindous éveillée sur le plan spirituel. Il a interagi avec des universitaires et des chercheurs de sagesse qui étaient touchés par le message de la charité chrétienne. La caractéristique de la vie dans le Kerala est l’harmonie religieuse et communautaire. Le fondamentalisme religieux est un fléau qui doit être éliminé de toutes les religions. Notre étroite coopération est un modèle pour le monde entier.

A Trivandrum, la capitale du Kerala, la place principale a une cathédrale, une mosquée, une basilique et un temple, les uns à côté des autres. Les cérémonies, les rituels et les festivals de ces lieux de culte se déroulent depuis des décennies sans aucun problème. L’appel de l’imam, les hymnes de la basilique et les cloches du temple présentent une harmonie de croyances comme des colombes de la paix planant au-dessus de la ville animée. Mais je dois dire que nous devons adopter davantage de mesures pour apporter plus d’unité, de paix et de coopération entre les communautés religieuses et propager ces valeurs dans le reste du monde.

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ZENIT Staff

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