Le "ministre des Affaires Etrangères" de Jean-Paul II fait le bilan de sa visite en Iran

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Mgr Tauran reconnaît qu´il n´y a pas encore de liberté religieuse

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CITÉ DU VATICAN, lundi 12 mars (ZENIT.org) – L´archevêque français Mgr Jean-Louis Tauran, secrétaire pour les Relations du Saint-Siège avec les Etats, s´est rendu en Iran du 3 au 8 mars dernier. Il s´agit de la visite officielle la plus importante réalisée par un représentant du Vatican en Iran depuis la révolution islamique de 1979.

Au cours de cette visite, Mgr Tauran a rencontré les autorités les plus importantes du pays : l´ayatollah Ali Khamenei, le président Mohammad Khatami, le ministre des Affaires Etrangères Kamal Kharazi, le ministre de l´intérieur, Abdolvahed Mousavi Lari.

De retour au Vatican, l´archevêque français a accordé un entretien à Radio Vatican.

Q: Quel a été le climat de cette visite très particulière ?

Mgr J. L. Tauran: Les rencontres ont eu lieu dans une atmosphère cordiale et de connaissance réciproque. Au cours de la réunion avec le président iranien Khatami et le ministre des Affaires Etrangères, nous avons abordé les problèmes de la région, notamment ceux de l´Eglise en Iran, de manière précise et sereine.

Q: C´est la première fois depuis la révolution islamique de 1979 qu´un représentant du Vatican à ce niveau, se rend en Iran. Pourquoi? Qu´est-ce qui a favorisé ce voyage?

Mgr J. L. Tauran: Avant d´aller plus loin, je voudrais préciser qu´après la Guerre du Golf, une délégation conduite par le card. Roger Etchegaray s´était rendue en Iran pour une mission humanitaire. La visite a certes eu lieu à un niveau inférieur car le card. Etchegaray n´a pas été reçu par les plus hautes autorités de l´Etat. Ma mission était clairement une mission diplomatique. C´est la première fois depuis que nous avons des relations diplomatiques avec l´Iran, depuis 1953, qu´un représentant de la Secrétairerie d´Etat se rend à Téhéran. Il s´agit donc d´un événement important et c´est un signe positif.

Qu´est-ce qui a permis ce voyage? Eh bien, je dirais que l´opportunité est née de la visite au Vatican, en 1999, du président Khatami et du ministre des Affaires Etrangères iranien qui m´invita à me rendre en Iran. Cette invitation fut renouvelée à plusieurs reprises. J´ai attendu que les circonstances me permettent de répondre à l´invitation.

Q: Vous avez dit qu´au cours de vos rencontres, vous avez abordé la situation au Moyen-Orient. En quoi les relations entre l´Iran et le Vatican peuvent elles influencer la paix dans la région? Y a-t-il des points de convergences dans ce domaine particulièrement délicat?

Mgr J. L. Tauran: Nous avons vu que nous sommes d´accord sur le principe de base: au Moyen-Orient, la force de la loi doit prévaloir sur la loi de la force. Comme je l´ai expliqué au président Khatami et au ministre des Affaires Etrangères, nous avons la chance de pouvoir compter sur un arsenal de dispositions juridiques qui nous permettent de façon pratique de trouver des solutions à tous les problèmes encore sans solution.

Ce qui manque, c´est la volonté politique pour appliquer le droit international, pour l´appliquer toujours et partout. Je crois que l´Iran et le Saint-Siège sont parfaitement d´accord sur la nécessité de faire que la moralisation de la vie internationale soit quelque chose de plus en plus concret.

Q: Cette visite en Iran vous a également permis de rencontrer la petite communauté chrétienne du pays. Dans quelle situation se trouve-t-elle? Jouit-elle d´une vraie liberté religieuse et peut-elle espérer obtenir un statut juridique?

Mgr J. L. Tauran: Une mission du secrétaire pour les relations du Saint-Siège avec les Etat a toujours une dimension ecclésiale. Comme je le répète souvent, la diplomatie pontificale est au service de la vie pastorale des Eglises locales. J´ai eu beaucoup de contacts avec les évêques qui m´ont invité à plusieurs reprises. Dimanche j´ai célébré la messe en l´église Sainte Jeanne d´Arc.

Mais vous avez raison. Il s´agit d´une très petite communauté, de 10.000 catholiques seulement, qui se sentent iraniens et veulent rester en Iran. En ce qui concerne la liberté religieuse je dirais que les catholiques jouissent d´une liberté de culte. C´est précisément le point qui a été abordé au cours de mes conversations avec les personnalités iraniennes. Il faut passer de la liberté de culte à la liberté religieuse, de la dimension purement liturgique à la dimension sociale de la foi, parce que la foi a toujours une dimension sociale.

Nous avons également évoqué le problème du statut juridique de l´Eglise catholique. Les deux diplomaties doivent se mettre au travail pour trouver des solutions concrètes aux problèmes de tous les jours.

Le porte-parole du Saint-Siège, M. Joaquín Navarro-Valls, avait annoncé, dans une déclaration à l´agence Associated Press, au moment où le représentant du Vatican entamait son voyage, que l´un des objectifs de la visite de Mgr Tauran en Iran était d´étudier la possibilité d´un éventuel voyage de Jean-Paul II en Iran, mais l´archevêque français n´a pas souhaité en parler.

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ZENIT Staff

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