Le libéralisme doit se rouvrir à Dieu, explique Benoît XVI

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Dans une lettre envoyée au philosophe italien Marcello Pera, pour son dernier livre

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ROME, Vendredi 5 décembre 2008 (ZENIT.org) – Benoît XVI a écrit une lettre au philosophe et sénateur italien Marcello Pera pour le remercier de la contribution apportée par son dernier livre, où il montre que la base du libéralisme se trouve dans la relation de la personne avec Dieu.

L’ouvrage, intitulé « Perché dobbiamo dirci cristiani. Il liberalismo, l’Europa, l’etica » (« Pourquoi devons-nous nous dire chrétiens. Le libéralisme, l’Europe, l’éthique »), contenant le message du pape, a été présenté jeudi à Rome.

Après avoir reconnu que la lecture de ce livre était « passionnante », le pape a souligné qu’il partageait les observations qui y sont faites, notamment « l’analyse sur l’essence du libéralisme à partir de ses fondements » qui montre qu’« à l’essence du libéralisme appartient son enracinement dans l’image chrétienne de Dieu : sa relation avec Dieu dont l’homme est l’image et dont nous avons reçu le don de la liberté ».

Marcello Pera (Lucques, 28 janvier 1943), président du sénat italien sous la XIV législature, a centré sa recherche sur les études du philosophe autrichien Karl Popper, un théoricien de la « société ouverte », dont il était un ami personnel.

« Dans une logique indéniable, reconnaît le pape dans sa lettre, vous montrez que le libéralisme perd sa base et se détruit lui-même s’il abandonne ce fondement ».

« Votre analyse sur ce que peuvent être l’Europe et une Constitution européenne où l’Europe ne se transformerait pas en une réalité cosmopolite, mais trouverait, à partir de son fondement chrétien libéral, sa propre identité est d’une importance capitale », ajoute-t-il.

Le pape trouve également « très significative » l’analyse de Marcello Pera sur « les concepts liés aux dialogues interreligieux et interculturel ».

L’œuvre du philosophe, souligne-t-il, « explique très clairement qu’un dialogue interreligieux au sens strict du terme est impossible, alors que le dialogue entre les cultures, qui approfondit les conséquences culturelles de la décision religieuse de fond, se révèle beaucoup plus urgent ».

« Alors que dans le premier cas un vrai dialogue n’est pas possible sans mettre entre parenthèses sa propre foi, il faut affronter dans le débat public les conséquences culturelles des décisions religieuses de fond », explique-t-il.

« Dans ce cas le dialogue et une correction mutuelle et un enrichissement réciproque sont possibles et nécessaires, relève-t-il. Concernant cette contribution sur la signification de tout cela pour la crise contemporaine de l’éthique, je trouve important ce que vous dites sur la parabole de l’éthique libérale ».

Selon Benoît XVI, Marcello Pera « montre que le libéralisme, sans cesser d’être un libéralisme mais au contraire, pour être fidèle à soi-même, peut renvoyer à une doctrine du bien, en particulier à la doctrine chrétienne qui lui est congénère, offrant ainsi vraiment une contribution au dépassement de la crise ».

« Sobre et rationnel, ce livre, aux arguments forts et aux riches informations philosophiques, est à mon avis d’une importance fondamentale en cette heure de l’Europe et du monde », écrit-il.

Dans un entretien accordé à Radio Vatican le 28 novembre, Marcello Pera a confié ses espoirs que Benoît XVI aide le libéralisme à trouver ses racines.

Son magistère, a-t-il expliqué, « est un défi qu’il lance aux non croyants, aux laïcs, sur leur propre terrain, et il les invite à se convertir : il les invite à trouver un terrain commun sur les mêmes libertés, sur les mêmes droits de l’homme ».

« Ce n’est pas un hasard, ce pape est le pape du dialogue interculturel, autrement dit de ce dialogue qui doit mettre en évidence quels sont les droits fondamentaux de l’homme qui doivent être acceptés par tous », ajoute-t-il.

Le philosophe italien a aussi expliqué les motifs pour lesquels le libéralisme est parfois devenu antichrétien.

« Pour  ce qui est de l’Europe en particulier, il y a une explication historique, a-t-il souligné. Bon nombre de libéraux se sont souvent trouvés en conflit avec l’Eglise catholique, et c’est un fait amer de l’histoire de l’Europe qui ne se vérifie pas dans l’histoire de l’Amérique ».

« Certains Etats nationaux, l’Italie et la France, se sont d’ailleurs constitués comme Etats-nations en s’opposant, en entrant en conflit avec l’Eglise catholique ».

« Ceci a engendré un phénomène bien connu qui est l’anticléricalisme, et l’anticléricalisme en a engendré un autre : celui que j’appelle dans mon livre ‘l’équation laïque’, autrement dit libéral = non chrétien ».

« Ceci est une erreur, car on peut discuter historiquement des mérites ou non de l’Eglise catholique en Europe lors de la fondation des Etats nationaux, mais on ne peut discuter de l’importance du message chrétien », indique-t-il.

« Nous voyons bien cela aujourd’hui, car si nous faisons ce deuxième choix, c’est-à-dire si nous passons de l’anticléricalisme à l’antichristianisme, ce qui équivaudrait à une apostasie du christianisme, nous perdons les qualités mêmes, les vérités mêmes, les fondements mêmes de ces libertés et de ces droits sur lesquels se fondent nos Etats libéraux ».  

Jesús Colina

Traduction française : Isabelle Cousturié

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ZENIT Staff

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