Le Liban doit redevenir exemple de coexistence entre chrétiens et musulmans

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Entretien avec le card. Sfeir, patriarche d’Antioche des Maronites

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ROME, vendredi 15 avril 2005 (ZENIT.org) – « L’Europe peut faire beaucoup pour que le Liban redevienne exemple de coexistence entre chrétiens et musulmans », affirme Sa Béatitude Nasrallah Pierre Sfeir, patriarche d’Antioche des Maronites dans cet entretien accordé la semaine dernière à Zenit.

Le cardinal Sfeir, âgé de 84 ans, affirme que la paix est « un défi pour les Libanais ». « Je suis convaincu que le pays est en mesure de vivre en paix sans les troupes l’occupation », affirme-t-il.

Zenit : Etes-vous optimiste quant à l’avenir du Liban ?

Card. Sfeir : Absolument, car la Providence est à l’œuvre. Tout le monde pensait que les chrétiens et les musulmans ne pouvaient pas parler la même langue. En revanche on a vu que non seulement nous pouvons parler la même langue mais que nous pouvons vivre en harmonie.

Zenit : Qu’a fait Jean-Paul II pour le Liban ?

Card. Sfeir : En 1978, lorsque Jean-Paul II a été élu, le Liban était déjà en pleine guerre. Le pape a immédiatement écrit une lettre à tous les épiscopats du monde pour leur recommander la situation du Liban, et il a maintenu l’attention sur notre petit pays, en intervenant chaque fois que la situation empirait.

Le Liban lui tenait à coeur. Wojtyla disait que le Liban était comme la Pologne, écrasée entre deux pouvoirs : la Pologne entre l’Allemagne et la Russie, le Liban entre Isarël et la Syrie.

Nous avons toujours été convaincus que le Saint-Père connaissait la situation du Liban mieux que ceux qui y vivent. Son œuvre a été providentielle. Avec sa mort nous avons perdu un grand défenseur de la cause du Liban.

Zenit : Quelle est la situation de la communauté chrétienne au Liban ?

Card. Sfeir : Il existe 18 communautés catholiques au Liban. L’Eglise maronite est la plus grande mais de nombreux chrétiens ont quitté le pays pour les Etats-Unis, le Canada, l’Australie, le Mexique et ailleurs.

L’émigration a commencé pendant la guerre et continue encore aujourd’hui.

Ils sont partis pour au moins deux raisons : d’abord parce qu’il n’y avait pas suffisamment de travail, et il s’agissait de personnes diplômées ; deuxièmement parce que le climat politique était déprimant et oppressif.

La présence des chrétiens au Liban est très importante car nous sommes au Moyen Orient, près de Jérusalem, un lieu où les chrétiens peuvent trouver la possibilité de pratiquer leur foi librement.

Zenit : Quels sont selon vous les principaux problèmes auxquels l’Eglise et le monde devront faire face ?

Card. Sfeir : Au siècle dernier les plus grandes menaces ont été le régime nazi et le régime communiste. Aujourd’hui le plus grand problème à affronter est celui du terrorisme islamique. Le terrorisme est alimenté par l’injustice et la pauvreté.

Pour combattre le terrorisme il faut surmonter les injustices et éradiquer la pauvreté.

Zenit : Que peut faire l’Eglise catholique ?

Card. Sfeir : L’Eglise a déjà fait beaucoup. Elle doit surtout convaincre les autres pays et les institutions à emprunter la voie de la justice et de la paix en renforçant et en diffusant les valeurs chrétiennes.

Il est très important de défendre la famille menacée par des idéologies qui favorisent sa division et par l’homosexualité.

Zenit : Rome est envahie de fidèles qui souhaitent rendre un dernier hommage à Jean-Paul II. Qu’en pensez-vous ?

Card. Sfeir : On n’a jamais vu une manifestation d’affection de cette ampleur, avec autant de jeunes arrivés à Saint Pierre des quatre coins du monde. Ils font la file pendant des heures pour rendre hommage au pape. Cela signifie que les gens ont écouté avec attention l’enseignement et les paroles du souverain pontife, et qu’ils ont beaucoup apprécié sa manière de dénoncer la violence et les injustices.

Zenit : Que peut-on faire pour aider le Liban ?

Card. Sfeir : Le Saint-Père a beaucoup fait pour le Liban et nous devons continuer dans la même voie, c’est-à-dire œuvrer pour que le pays redevienne comme avant la guerre. Comme l’a répété Jean-Paul II à plusieurs reprises, le Liban, plus qu’un pays, est un message de liberté et un exemple de coexistence aussi bien pour l’Occident que pour l’Orient.

Dans ce contexte l’Europe peut faire beaucoup pour que le Liban redevienne exemple de coexistence entre chrétiens et musulmans. Nous avons besoin d’apprendre à coexister entre cultures et peuples différents.

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ZENIT Staff

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