Le "handicap n´est pas le dernier mot"

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Appel du pape aux responsables politiques en faveur des handicapés

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CITÉ DU VATICAN, Dimanche 3 déc. (ZENIT.org) – « Le handicap n´est pas le dernier mot », mais « l´amour » affirmait ce matin Jean-Paul II qui présidait en la basilique Saint-Paul-hors-les-Murs la messe du Jubilé de la communauté avec les personnes handicapées devant quelque 8.000 fidèles.

Le pape en appelait aussi, en s´adressant aux responsables politiques, au respect des « droits civils, sociaux, spirituels » des personnes handicapées. On évalue à 500 millions les personnes qui dans le monde portent un handicap, dont 85 % dans des pays en voie de développement. Ce Jubilé se célèbre au moment où les Nations Unies célèbrent la Journée des personnes handicapées, 25 ans après l´adoption de la « Déclaration sur les droits des personnes handicapées », rappelait le pape Jean-Paul II qui resituait d´emblée cette célébration dans la lumière de l´attente chrétienne et de la naissance du Sauveur.

La participation de l´assemblée était soutenue par l´orchestre « Esagramma » de Milan dont la moitié des musiciens portent un handicap. Elle était introduite par la salutation de Franco Croce, 33 ans, en fauteuil depuis un accident de voiture et celle d´une jeune italienne de 16 ans, Francesca, qui souffre de spina bifida, qui voyait dans le pape le « pape de tous » mais aussi un « maître au milieu des douleurs ».

La gravité des souffrances offertes lors de ce Jubilé était d´emblée éclairée par la lumière de Noël en ce premier dimanche de l´Avent du Jubilé de l´Incarnation, symbolisé par la première des quatre lumières de la couronne de l´Avent allumée au début de la célébration. Et l´encensement des personnes en fauteuil par le diacre, vêtu de violet et d´or, constituait un moment particulièrement symbolique et émouvant de la liturgie à laquelle les personnes handicapées ont activement participé, comme cette jeune aveugle qui lisait le psaume en braille. Des interprètes traduisaient au fur et à mesure en langage des signes.

« L´amour a le dernier mot », disait le pape dans une prière à la fin de son homélie. « Comme elles sont éloquentes aujourd´hui, tes paroles, Seigneur de la vie et de l´espérance! En toi toute limite humaine est rachetée et sauvée. Grâce à toi, le handicap n´a pas le dernier mot dans l´existence.

Le dernier mot, c´est l´amour, ton amour qui donne son sens à la vie. Aide nous à tourner notre cœur vers toi, aide-nous à reconnaître ton visage qui brille dans toute créature humaine, même éprouvée par la fatigue, les difficultés, et la souffrance. Fais-nous comprendre que « la gloire de Dieu est l´homme vivant » (Irénée de Lyon, Contre les Hérésies, 4, 20, 7) et fais qu´un jour nous puissions goûter, dans la vision de Dieu, avec Marie, Mère de l´humanité, la plénitude de la vie que tu as rachetée. Amen! »

Le pape insistait sur le respect des droits des personnes handicapées et en appelait à la responsabilité des législateurs et des gouvernements, mais aussi du monde de la recherche scientifique. Un thème sur lequel il est également revenu dans son allocution de l´après-midi à la fin de l´assemblée festive qui s´est déroulée en la salle Paul VI.
« A ceux qui ont des responsabilités politiques à tous les niveaux, disait le pape, je voudrais demander, en cette circonstance solennelle, de travailler pour que soient assurées des conditions de vie et des possibilités permettant de faire effectivement reconnaître et protéger, chers frères et sœurs handicapés, votre dignité. Dans une société riche de
connaissances scientifiques et techniques, il est possible et c´est un devoir de faire davantage sous les différents modes requis par la coexistence civile: de la recherche biomédicale pour prévenir le handicap, à l´assistance, à la rééducation, à la nouvelle intégration sociale. Si vos droits civils, sociaux et spirituels doivent être protégés, il est
cependant encore plus important de sauvegarder les relations humaines: relations d´aide, d´amitié, et de partage. Voilà pourquoi il faut promouvoir toutes les formes de soins et de rééducation qui tiennent compte de la vision intégrale de la personne humaine ». Un passage de l´homélie longuement applaudi par l´assistance.

Le pape soulignait que ce Jubilé est le signe de la proximité de l´Eglise, et il s´adressait aussi, comme il l´a fait de nouveau ce soir, à la souffrance des familles et au souci des parents: « après nous », qu´adviendra-t-il de notre enfant? « Nous entendons faire nôtres, disait-il, vos angoisses et vos attentes, vos dons et vos problèmes. Au nom du Christ, l´Eglise s´engage à se faire toujours davantage une ´maison accueillante´.

Nous savons que la personne handicapée – unique et impossible à répéter sans son égale et inviolable dignité – requiert non seulement des soins mais avant tout un amour qui se fasse reconnaissance, respect et intégration: de la naissance à l´adolescence, jusqu´à l´âge adulte et au moment délicat, vécu avec tremblement par tant de parents, du détachement de leurs propres enfants, au moment de ´l´après nous´. »

« La communauté ecclésiale, affirmait le pape, se met respectueusement à l´écoute; elle ressent le besoin de se laisser interroger par la peine de tant d´existences marquées mystérieusement par la souffrance et par des lésions, congénitales ou acquises. Elle veut se faire plus proche de vous et de vos familles, consciente que le manque d´attention accroît la souffrance et la solitude, tandis que la foi témoignée dans l´amour et la gratuité donne force et sens à la vie ».

Le pape rappelait que la communauté chrétienne tout entière, comme le temps de l´Avent le suggère, est dans l´attente de la seconde venue du Christ. « Dans votre corps et votre vie, disait encore le pape, très chers frères et sœurs, vous êtes porteuse d´une forte espérance de libération. N´y a-t-il pas en cela une attente implicite de la « libération » que le Christ nous a acquise par sa mort et sa résurrection? De fait, chaque personne marquée par une difficulté physique ou psychique vit une sorte « d´Avent » existentiel, l´attente d´une « libération » qui ne se manifestera, pour elle comme pour tous, qu´à la fin des temps. Sans la foi, cette attente peut prendre le ton de la déception et de la désolation; soulevée par la parole du Christ, elle se transforme en espérance vive et agissante ». Il invitait la communauté chrétienne et les personnes handicapées à vivre l´évangile de la charité et de la vie, à l´école du chapitre 25 de l´évangile de S. Mathieu. A la fin de la célébration, le pape Jean-Paul II remontait la nef centrale sur sa plate-forme mobile, s´arrêtant lorsqu´on lui présentait des enfants à bénir et à embrasser.

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ZENIT Staff

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