Le fondateur du mouvement de prière des Vierges pèlerines est décédé

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Edmond Fricoteaux avait fait envoyer plus de 10.000 vierges et icônes à travers le monde

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ROME, Mercredi 7 novembre 2007 (ZENIT.org) – Le fondateur du mouvement de prière des Vierges pèlerines, Edmond Fricoteaux est décédé le lundi 5 novembre.

Dans cet entretien à Zenit, Olivier Bonnassies, qui a étroitement travaillé avec lui pour la mise en place pratique de la prière autour des Vierges pèlerines, et qui dirige aujourd’hui le projet « Marie de Nazareth », raconte la conversion d’Edmond Fricoteaux et la naissance du mouvement des Vierges pèlerines.

Zenit – Qui était Edmond Fricoteaux ?

O. Bonnassies – Edmond Fricoteaux était le fondateur et le président de la Confrérie Notre-Dame de France, à l’origine du mouvement de prière des Vierges pèlerines, qui s’est développé dans 120 pays du monde, du Puy-en-Velay (8 septembre 1995) à la nuit de prière du 2.000e Noël de Bethléem (24 décembre 1999), et qui a suscité ensuite la naissance du projet « Marie de Nazareth ».

Zenit – Pouvez-vous nous raconter sa conversion ?

O. Bonnassies – Notaire à Saint-Denis, Edmond a en effet eu une conversion radicale, un matin d’avril 1984 à Rome, au milieu de dizaines de milliers de jeunes, invités par le pape Jean Paul II pour lancer les Journées mondiales de la jeunesse. Alors qu’il n’était à Rome que pour accompagner son épouse, assez indifférent à l’événement, quelques mots d’une homélie du cardinal Gantin dans la basilique Sainte Marie Majeure lui transpercent le cœur, et il se précipite en confession d’où il ressort « assoiffé de Dieu ». De retour chez lui, il dévore plusieurs vies de saints, puis deux livres qui auront raison de ses dernières hésitations : « Le père Lamy, prêtre et mystique » et « Le secret de Marie » de Saint Louis-Marie Grignion de Montfort qu’il trouve d’abord « inconsommable » et « incompréhensible ». Mais il va prier souvent sur la tombe du père Lamy, à La Courneuve, où sa profession le conduit, en lui demandant avec ferveur de faire naître en son cœur « un amour immodéré » pour la sainte Vierge. Vite exaucé, il se trouve subitement « inondé d’amour » pour l’Immaculée, et « le Secret de Marie » devient soudain une lecture merveilleuse. Entrant profondément dans la spiritualité de Saint Louis-Marie Grignion de Montfort, il sera dès lors un infatigable évangélisateur, qui n’hésite pas à parler de Dieu avec tous les visiteurs de son étude, et il en touche plusieurs centaines qui accepteront de le suivre dans les nombreux pèlerinages qu’il organise au pied de la Vierge Marie.

Zenit – Comment Edmond Fricoteaux est-il entré en contact avec « Notre Dame de France » ?

O. Bonnassies – Après sa conversion, Edmond Fricoteaux a l’idée de remercier en faisant à son tour un cadeau à la Vierge. Il lui semble que Dieu a un projet, qui revient sans cesse dans sa prière : une statue monumentale à la gloire de sa Mère à édifier sur le bord d’un grand axe routier. La Providence le place dans un avion à côté du père René Laurentin, qui l’encourage : « Il vous faut l’accord de l’évêque du lieu, le soutien d’une congrégation religieuse et -très important- la Vierge devra présenter l’Enfant. » L’évêque sera celui du diocèse de Pontoise. La Congrégation sera celle des Serviteurs de Jésus et de Marie, créée par le Père Lamy à Ourscamps, dans l’Oise. Reste la statue ! Edmond l’imagine avec 12 étoiles comme à la Rue du Bac, de 7 mètres de haut pour qu’elle soit bien visible ; il contacte des sculpteurs, fait faire des devis, quand Antoine Legrand, sollicité par erreur, le surprend : « La statue existe déjà ! Elle s’appelle Notre-Dame de France. » Edmond, incrédule, apprend qu’elle couronnait le Pavillon Pontifical de l’Exposition universelle de Paris en 1937, qu’elle a été conservée un an pour le 300° anniversaire du vœu de Louis XIII, qu’elle fait exactement 7 mètres, et qu’elle porte l’Enfant haut dans ses bras, entourée par une couronne de 12 étoiles ! « La Croix » du 2 novembre 1938 rapporte le vœu étonnant du cardinal Verdier, archevêque de Paris « que la statue lumineuse, que « Notre-Dame de France », qui a si magnifiquement couronné le Pavillon Pontifical devenu Pavillon Marial ne disparaisse pas, mais qu’elle soit érigée sur une colline proche de Paris… pour faire pendant au Sacré-Cœur de Montmartre ! ». Une souscription fut immédiatement lancée puis arrêtée par la guerre en 1939, et enfin oubliée à la mort du cardinal en 1945. Edmond partit à la recherche de la statue qu’il parvint à retrouver et à sortir, après bien des péripéties, des sous-sols de la mairie communiste d’Amiens. Il put la réparer, grâce à 2 000 heures de travail d’un maître serrurier, et enfin l’installer, au terme d’une aventure toujours étonnante et providentielle, à Baillet-en France, à 18 km au nord de Paris, en rassemblant en quelques mois, à partir de rien, 52.000 personnes, 25.000 souscripteurs, 7 évêques, le nonce et le cardinal Lustiger pour une bénédiction de la statue, qui se fera le 15 octobre 1988, 50 ans presque jour pour jour après le voeu du cardinal Verdier.

Zenit – Comment est né le projet des Vierges pèlerines ?

O. Bonnassies – Une fois la statue Notre-Dame de France installée, Edmond Fricoteaux pense pouvoir reprendre ses activités habituelles : « mission accomplie ! ». Mais, un jeune homme de Douai lui écrit qu’il a fait un rêve très fort où il voyait Notre-Dame de France et à ses pieds une foule immense avec des statues venues de toute la France. Quelques mois après, M. Flichy et trois personnes, qui prient le matin à la messe au Carmel de Lisieux, viennent voir Edmond avec l’intuition que de nombreuses statues venues de toute la France pourraient être pèlerines, de village en village, pour proposer partout des veillées autour de Jésus et Marie. C’est ainsi qu’Edmond conçoit, peu à peu, le projet des Vierges pèlerines, qui se concrétise quand le Saint-Père Jean-Paul II demande que le Jubilé de l’an 2.000 soit préparé dans la prière, avec Marie, comme dans un « nouvel Avent ». Tous les évêques de France sont alors sollicités et 30 acceptent de donner leurs conseils. Le président de la Conférence des évêques définit que ce sera une initiative de laïcs, encouragée par sept évêques, responsables de grands sanctuaires marials. Edmond confie alors à quelques amis le soin de mettre en place des équipes de responsables qui se mobilisent dans tous les départements, et le 8 septembre 1995, Mgr Brincard, évêque du Puy-en-Velay, bénit les 108 statues et icônes qui partent pour proposer 40.000 veillées de prières pendant un an dans toute la France.

Après un pèlerinage mémorable organisé par Edmond pour marquer la venue du Saint-Père Jean-Paul II à Reims en 1996, 250 Vierges pèlerines sont bénies à Rome, puis à Constantinople (Istanbul) et le mouvement va se développer pendant 4 ans jusqu’au grand Jubilé, dans 120 pays du monde, jusqu’à la grande nuit de prière de Bethléem, dont il rêvait depuis longtemps, pour marquer le 2.000e Noël, le 24 décembre 1999, dans le champ des bergers. Au total, ce seront, grâce à lui, plus de 10.000 statues et icônes qui seront finalement envoyées dans le monde, et le projet « Marie de Nazareth », qui se développe activement actuellement, verra le jour, après Bethléem, comme un fruit des Vierges pèlerines.
Edmond avait le don d’entraîner et de rassembler très facilement autour de lui, à cause de sa joie, de son enthousiasme, de son énergie, de sa foi à déplacer les montagnes, mais aussi et surtout parce que c’était un homme de cœur, affectueux, humain, humble, fidèle et bon. C’était « un homme de Dieu » comme nous l’avait dit le père Marie-Dominique Philippe, il y a bien longtemps.

Il va être maintenant chez lui, auprès de la Vierge Marie qu’il a tellement aimé, dans la lumière de Dieu qu’il
a tellement recherché, auprès de son amie Rolande Lefevre et de tant d’autres amis qui sont déjà là-haut, et il veillera toujours aussi activement sur sa famille, ses proches, ses amis et ses projets, mais il va énormément nous manquer et sa perte est un très grand chagrin ! Il est beau de remarquer enfin que Dieu l’a rappelé le 5 novembre, en la fête d’Elisabeth, mère de Jean-Baptiste, comme pour souligner ce mystère de la Visitation de Marie qui lui tenait tellement cœur et qu’il voudrait voir se multiplier sans cesse dans le monde !

La messe des funérailles d’Edmond Fricoteaux aura lieu vendredi 9 novembre à 14h00
à la Basilique Saint Denis (93) – Métro Saint Denis Basilique

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ZENIT Staff

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