Le diacre Philippe et le fondement biblique de l'auto-stop

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Le premier baptême d’un Ethiopien

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Le martyrologe romain fait aujourd’hui mémoire de saint Philippe, non pas l’apôtre, mais le diacre (Ier s.) des Actes des Apôtres, l’apôtre de l’intendant éthiopien qu’il baptise et laisse partir « tout joyeux ». Un apôtre de la joie chrétienne. Qui a peut-être fondé l’évangélisation en auto-stop. Enfin, à l’époque, le char-stop.

Les Actes des Apôtres racontent en effet comment, dans la première communauté chrétienne de Jérusalem, les Apôtres décidèrent de chosir sept diacres pour assurer le “service des tables”, tandis qu’ils se consacreraient à l’annonce de la Parole.

De fait, les chrétiens de langue grecque se lamentaient que leurs veuves étaient délaissées par rapport aux veuves de langue hébraïque.

Les Douze convoquèrent l’assemblée des disciples et recommandèrent de choisir “sept hommes de bonne réputation, remplis d’Esprit et de sagesse” pour ce service. Les Apôtres prièrent et leur imposèrent les mains. Philippe était du nombre. Et Etienne, le premier martyr, victime de la première persécution.

Les « signes » de Philippe en Samarie

Devant la persécution, la communauté chrétienne se dispersa, ce qui suscita la première évangélisation de la Samarie: Philippe y proclama le Christ et il fut suivi par les foules qui recherchaient son enseignement. Les Actes en témoignent: “Tous entendaient parler des signes qu’il opérait ou les voyaient. Les esprits impurs sortaient de beaucoup de possédés en poussant de grands cris. Des paralytiques et des impotents étaient guéris. Grand fut la joie de la ville”. C’est là également que Philippe confond Simon le magicien.

Mais Philippe est tout particulièrement vénéré en Ethiopie pour avoir expliqué un passage du prophète Isaïe au surintendant intendant de la reine Candace, sur la route de Gaza. Un théologien jésuites faisait d’ailleurs observer à ses étudiants en souriant que cet épisode pouvait être considéré come « le fondement biblique de l’auto-stop » ». Pourquoi?

L’évangélisation en auto-stop

Voici le passage des Actes (ch. 8, versets 26-40) et sa lecture contient la réponse: « L’Ange du Seigneur s’adressa à Philippe et lui dit : «Pars et va-t’en, à l’heure de midi, sur la route qui descend de Jérusalem à Gaza; elle est déserte.» Il partit donc et s’y rendit. Justement un Ethiopien, un eunuque, haut fonctionnaire de Candace, reine d’Éthiopie, et surintendant de tous ses trésors, qui était venu en pèlerinage à Jérusalem, s’en retournait, assis sur son char, en lisant le prophète Isaïe. L’Esprit dit à Philippe : «Avance et rattrape ce char.» Philippe y courut, et il entendit que l’eunuque lisait le prophète Isaïe. Il lui demanda : «Comprends-tu donc ce que tu lis ?» – «Et comment le pourrais-je, dit-il, si personne ne me guide ?» Et il invita Philippe à monter et à s’asseoir près de lui. Le passage de l’Écriture qu’il lisait était le suivant :

«Comme une brebis il a été conduit à la boucherie ;
comme un agneau muet devant celui qui le tond,
ainsi il n’ouvre pas la bouche.
Dans son abaissement la justice lui a été déniée.
Sa postérité, qui la racontera ?
Car sa vie est retranchée de la terre.»

S’adressant à Philippe, l’eunuque lui dit : «Je t’en prie, de qui le prophète dit-il cela ? De lui-même ou de quelqu’un d’autre?» Philippe prit la parole et, partant de ce texte de l’Écriture, lui annonça la Bonne nouvelle de Jésus.
Chemin faisant, ils arrivèrent à un point d’eau, et l’eunuque dit : «Voici de l’eau. Qu’est-ce qui empêche que je sois baptisé ?» Et il fit arrêter le char. Ils descendirent tous deux dans l’eau, Philippe avec l’eunuque, et il le baptisa. Mais, quand ils furent remontés de l’eau, l’Esprit du Seigneur enleva Philippe, et l’eunuque ne le vit plus. Et il poursuivit son chemin tout joyeux. Quant à Philippe, il se trouva à Azot ; continuant sa route, il annonçait la Bonne Nouvelle dans toutes les villes qu’il traversait, jusqu’à ce qu’il arrivât à Césarée. »

Il fut le premier Ethiopien à recevoir le baptême, selon la tradition, il serait mort martyr pour l’amour du Christ. A tout visiteur du monastère Ethiopien de Jérusalem, qui jouxte le Saint-Sépulcre, un moine lit ce passage de l’Ecriture en souvenir de cet événement fondateur de l’Eglise d’Ethiopie. Si l’on tend bien l’oreille, dans cette langue inconnue, on saisit: Philippe, Gaza, Isaïe, Candace, et l’on comprend qu’il s’agit de l’aventure du diacre Philippe.

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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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