Le culte très populaire d’un prince de l’Eglise : S. Charles Borromée

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Son influence fut très grande en France

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ROME, Dimanche 4 novembre 2007 (ZENIT.org) – « Vox populi, vox Dei », « Voix du peuple, voix de Dieu », l’adage peut s’appliquer au phénomène qui conduit aux canonisations : pas de canonisation sans que le peuple chrétien, habité par l’Esprit Saint, n’ait manifesté son attachement au serviteur de Dieu mort en odeur de sainteté.

Pour Charles Borromée, il n’en fut pas autrement. Le 4 novembre 1601, à Milan, au lieu de chanter le service accoutumé pour l’anniversaire de la mort de l’archevêque disparu en 1584, on organisa grandiose manifestation de vénération publique. Et les années suivantes, ce témoignage de vénération populaire fut de plus en plus éclatant.

En 1610, Charles Borromée fut canonisé et son culte se diffusa encore davantage.

Le site http://missel.free.fr fait observer que « son origine patricienne, sa dignité cardinalice, son génie réformateur, les œuvres de son zèle pastoral pour le clergé et le peuple, sa charité pour les pauvres, son dévouement lors de la peste le redirent rapidement cher au peuple chrétien, notamment aux Pays-Bas espagnols où l’imagerie anversoise vulgarisa l’homme de prière ou le consolateur des pestiférés. Son influence fut très grande en France ». Le site rappelle différentes étapes d’une vie exceptionnellement intense.

Naissance, études, première charges à Rome
Selon la même source, Charles Borromée, naquit sur la rocca Borromeo d’Arona, près du lac Majeur, en 1538 : il était le second fils du comte Gibert et de Marguerite de Medicis, sœur du futur Pie IV. Dès 1550, il reçut l’habit clérical et les revenus de l’abbaye locale de San Gratiniano.

Etudiant à l’université de Pavie, il était sérieux et studieux, précis, net et volontaire plus solide que brillant, avide de livres, mais souvent sans argent. A la fin de 1559, il fut reçu docteur en droit canon et en droit civil.

En janvier 1560, à vingt-deux ans fut appelé à Rome par son oncle qui venait d’être élu pape sous le nom de Pie IV. Cardinal dès le 31 janvier, bien qu’il ait obligation de résider à Rome, il fut nommé administrateur du diocèse de Milan, des légations de Bologne et de Romagne, puis des Marches. Il reçut également plusieurs abbayes en commende.

Pie IV lui confia une charge équivalente au secrétaire d’Etat actuel. Mais on le trouva trop économe.

Pour compléter sa culture, le jeune cardinal fonda chez lui une académie des Nuits vaticanes, allusion au Nuits attiques du païen Aulu-Gelle. « Chaos » – c’était son pseudonyme – commenta la quatrième Béatitude, condamna la luxure et loua la charité.

Le concile de Trente et l’installation à Milan
Restait à achever le concile de Trente, ouvert en 1545. Pie IV y réussit en 1562-1563, grâce au dévouement de son neveu, qui assuma l’écrasante besogne de la correspondance avec les agents du Saint-Siège, nonces et légats du concile. Il travaillait la nuit, rédigeait de brefs rapports sur les nouvelles qui lui parvenaient, répondait à la correspondance pontificale et s’occupait des affaires courantes.

En novembre 1562, quand son frère aîné, Frédéric, mourut, on se demanda si le Charles quitterait les Ordres pour perpétuer sa race, mais, le 17 juillet 1563 il fut ordonné prêtre et, en décembre, il reçut la consécration épiscopale.

Il restreignit son train de maison, augmenta ses veilles, ses jeûnes et ses austérités, refusa tout divertissement. Les Nuits vaticanes se muèrent en conférences religieuses. Un bref de Pie IV autorisa le cardinal-neveu à faire sortir, pour ses travaux, livres et manuscrits de la Bibliothèque vaticane et Charles Borromée, malgré une certaine timidité, s’exerça à l’éloquence sacrée.

Mais le concile de Trente imposait la résidence aux évêques, et il s’installa à Milan en 1565. Revenu à Rome auprès de son oncle mourant et il rentra à Milan en avril 1566), après l’élection de Pie V.

Charles Borromée se retrouvait à la tête de quinze diocèses suffragants, avec juridiction sur des terres vénitiennes, génoises, novaraises et aussi suisses, puisqu’il avait été nommé, en mars 1560, protecteur de la nation helvétique, avec juridiction spirituelle sur plusieurs cantons.

Voyages pastoraux et défense de l’Eglise contre le pouvoir temporel
Il visita donc la Suisse (notamment les trois vallées ou trois lignes du Tessin en 1567, les cantons allemands en 1570, 1581, 1583), s’enquérant des abus, rédigeant des ordonnances, entretenant une lourde correspondance, se bataillant contre des magistrats et des fonctionnaires civils souvent revêches, tandis qu’il restait courtois, souple et habile.

Il se montrait fin connaisseur et manieur d’hommes, sa vertu perfectionnait ses dons naturels. Il lui arrivait cependant de se raidir, par exemple contre l’usage invétéré de suspendre dans les églises des écussons et trophées en mémoire de hauts-faits militaires, allant jusqu’à lancer l’interdit contre des paroisses récalcitrantes, mais un ordre exprès de Rome l’obligea à désarmer. Il réussit à maintenir catholique une partie de la Suisse allemande, il favorisa les capucins (à Altdorf en 1581) et les jésuites, dont les collèges de Lucerne et de Fribourg sont en partie le fruit de son zèle.

En Lombardie administrée par les Espagnols, il souffrit de la morgue des hidalgos et de leurs prétentions. Ses contre-attaques pour sa liberté embarrassèrent parfois la Cour romaine, obligée de ménager le tout-puissant Philippe II.

Soutenu par son peuple, Charles Borromée s’opposa à l’introduction chez lui de l’Inquisition espagnole, au profit de la romaine. Il lutta contre les gouverneurs de Milan : Alburquerque, Requesens, qu’il excommunia en 1573, Ayamonte. Pour se rendre populaire, Ayamonte donna en 1579 un grand éclat aux fêtes du carnaval. Borromée riposta par un édit excommuniant tous ceux qui y assisteraient. L’année suivante, seul un escadron de cavalerie, en service commandé, fit les frais des réjouissances, tandis que la femme du gouverneur interdisait à ses fils d’y participer. Ayamonte mourut en avril 1580 réconcilié avec l’Eglise.

Les dangers d’une réforme des communautés religieuses
Le peuple, dans l’ensemble, admirait et soutenait le cardinal de Milan, mais ses réformes, exécutées d’une main forte, soulevèrent quelques résistances dans le clergé : en août 1569, les chanoines de Santa Maria della Scala, à Milan, soutenus par Alburquerque, le repoussèrent quand il voulut entrer dans leur basilique. Les Humiliés, congrégation milanaise enrichie par le commerce de la laine, avaient perdu la ferveur. Borromée voulut y ramener l’ordre. Un religieux du couvent de Milan, Jérôme Donato, dit Farina, tira un coup d’arquebuse presque à bout portant sur le cardinal qui priait dans sa chapelle avec le personnel de sa maison (26 octobre 1569). Borromée eut ses vêtements troués sur l’épine dorsale, mais, n’étant pas blessé, il fit achever la prière. Peu après, une bulle supprimait le premier ordre des Humiliés. Par la suite, leur tiers-ordre fusionna avec des confréries similaires. Quant au second ordre des Humiliés, branche féminine restée fidèle à l’esprit de la fondation, il survécut jusque vers 1807.

Charles Borromée créa les oblats de Saint-Ambroise dont il composa lui-même la règle et auxquels il confia le séminaire. Après sa canonisation, en 1611, la congrégation s’intitula des Saints-Ambroise-et-Charles.

Charles Borromée créa des sanctuaires devenus célèbres, des séminaires, des collèges laïcs, un refuge pour repenties, un mont-de-piété. Il fit adopter des sages mesures de contrôle contre la fraude ou les malversations : il fut le bienfaiteur de l’institution.

Il organisa des confraternités comme celles du Saint-Sacrement, du Saint-Rosaire. Il mit beaucoup d’ardeur à promouvoir l’
œuvre catéchétique du saint prêtre Castellino da Castello. Lui-même commentait volontiers l’Evangile : par les moyens les plus simples, il en tirait des applications très variées pour ses auditeurs et, par son exemple, il sut réveiller chez son clergé le goût de l’éloquence sacrée. Avec un grand dévouement, il visita les populations de son diocèse et des diocèses suffragants ; comme les vivres étaient chers, il avait stipulé que l’entretien de sa suite ne serait pas à la charge de la mense épiscopale.

Au total, le cardinal vit plus de mille paroisses. Lors de la terrible peste de 1576-1577, compliquée d’une famine, Charles Borromée vendit sa principauté napolitaine d’Oria pour soulager la misère publique.

Naissance au ciel et vénération populaire
Il mourut à Milan au soir du samedi 3 novembre 1584. Dans une lettre d’Arona, datée du 1er novembre, il disait que la fièvre le dévorait et qu’il allait cesser ses visites pastorales pour regagner Milan afin de recevoir son beau-frère le comte Annibal d’Altaemps et lui faire fête quatre ou cinq jours. Il venait d’inaugurer un séminaire (30 octobre) et de consoler les gens de Locarno où la peste avait fait passer la population de 4800 à 700 habitants.

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ZENIT Staff

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